Espagne: les députés votent massivement l'abdication du roi Juan Carlos

Les députés espagnols ont donné mercredi leur feu vert, à une très large majorité, à l'abdication du roi Juan Carlos, ouvrant la voie à l'avènement du futur souverain, Felipe VI.

Selon un scénario inédit depuis le retour à la démocratie en 1978, le Congrès a voté la loi d'abdication par 299 voix pour, 19 contre et 23 abstentions, avant son approbation par le Sénat le 17 juin.

Agé de 46 ans, épargné jusqu'à présent par la chute de popularité qui frappe son père et l'ensemble de la monarchie, le nouveau roi pourra alors prêter serment le 19 juin devant le Parlement.

A la demande du parti de gauche pro-républicain Izquierda Unida, les députés ont voté tour à tour, debout et à haute voix, après avoir rejeté les cinq amendements réclamant un référendum sur l'avenir de la monarchie.

Les députés du Parti populaire, de droite, qui dirige l'Espagne, et ceux du Parti socialiste ont massivement voté le texte, après avoir écouté le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, défendre "la monarchie comme le meilleur symbole de l'unité de l'Etat".

Le chef de l'opposition socialiste, Alfredo Perez Rubalcaba, a lui aussi appelé à voter le texte, exprimant sa "fidélité" à la Constitution de 1978, qui, après la dictature franquiste, a fondé l'Espagne démocratique, "ouvrant un chemin de paix et de cohabitation".

Malgré cette majorité écrasante, des voix dissonantes se sont élevées dans l'hémicycle, notamment celles d'Izquierda Unida ou des indépendantistes républicains catalans d'ERC, qui ont rejeté le texte, tandis que d'autres se sont abstenus, dont les nationalistes conservateurs catalans de CiU et basques du PNV.

Le représentant d'Izquierda Unida, Cayo Lara, a dénoncé la succession en cours, qu'il a qualifiée de "sang neuf pour une dynastie en décrépitude", tandis que les députés de son groupe levaient des pancartes demandant un référendum.

 

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