Irak : après une fulgurante avancée, les insurgés de l’EIIL menacent désormais la ville de Bagdad.

Après s’être emparé de la province de Ninive, dont Mossoul, deuxième ville d’Irak est le chef-lieu, les insurgés de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ont, lors d’une progression fulgurante, également investi deux autres provinces proches, celles de Kirkouk et de Salaheddine, au terme de deux heures de combat seulement.

Ces combattants, bien armés et apparemment déterminés ont tenté, un moment, de s'emparer de la région de Baïji, où se trouve située l’une des plus grandes raffineries du pays, mais ont du se retirer après l’arrivée de renforts de l’armée.

Après avoir investi, hier, la ville de Tikrit, dans la région natale du président Saddam Hussein renversé et exécuté après l’invasion US de 2003, les insurgés ont commencé leur avancée vers Bagdad la capitale,située à 160 km de là, obligeant le Conseil de sécurité à se réunir, aujourd’hui, et Washington à envisager des frappes aériennes.

Le porte-parole de l'EIIL, Abou Mohammed Al-Adnani, qui a exhorté les insurgés à « marcher sur Bagdad », a critiqué le Premier ministre Irakien, Nouri Al-Maliki pour son « incompétence ».

Face à l'avancée d’éléments aguerris, soldats et policiers ont montré peu de résistance et abandonné leurs postes. Le gouverneur de la province de Ninive, Athil Al-Noujaïfi, a accusé les chefs militaires d'avoir abandonné le champ de bataille

L’EIIL, qui contrôle déjà de larges secteurs de la province occidentale d’Al-Ambar et de celle pétrolière de Deir Ezzor, a prévenu dans un communiqué qu’il n’est pas prêt à stopper son offensive « bénie ».

Selon des responsables, l’EIIL a exécuté par balles 15 membres des forces de sécurité Irakienne dans la province de Kirkouk.

A Mossoul, les insurgés ont pris d’assaut le consulat de Turquie prenant en otage 48 ressortissants de ce pays, dont le consul, des enfants et des membres des forces spéciales.

Semblant impuissant face à ce déferlement, miné par des clivages confessionnels entre Chiites et Sunnites, auxquels il n’a jamais tenté de mettre un terme, le gouvernement de Nouri Al-Maliki a annoncé qu'il fournirait des armes aux citoyens qui se porteraient volontaires pour aller combattre les rebelles, appelant par ailleurs le Parlement, qui se réunit aujourd’hui, à décréter l’«Etat d’urgence ».

Face à l’offensive des jihadistes et craignant pour leur vie, plus de 500.000 personnes ont été contraintes de fuir les combats à l'intérieur et autour de Mossoul, qui compte habituellement deux millions d'habitants, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette ONG signalent que les habitants fuient, la plupart à pied, vers d'autres régions de Ninive et la région autonome du Kurdistan.

D’après des témoins, dans la ville, les combattants, vêtus d'uniformes militaires ou de tenues noires, le visage découvert, se sont positionnés à proximité des banques, des  administrations publiques et du siège du Conseil provincial. D'autres parmi eux appellent par haut-parleurs les fonctionnaires à rejoindre leurs postes.

Si l’on en croit certains experts, l'EIIL est formé en grande partie d'ex-cadres et membres des services de sécurité de Saddam Hussein lesquels, après avoir été marginalisés par les forces d’occupation Américaines puis par le nouveau régime ont décidé d’entrer en dissidence.   

Basé jusqu’alors dans l’ouest Irakien, l’EIIL est également appuyé par des tribus de confession Sunnite hostiles au gouvernement parce que s’estimant laissée pour compte par le régime de Bagdad à forte composante Chiite.

Armées et formées par les Américains, les troupes Irakiennes n’ont jamais réussi à se constituer en véritable force armée pour prétendre s’opposer à l’avancée des insurgés. 

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