Présidentielle en Tunisie : 27 candidats dont une femme, une coalition et des retraits face aux électeurs tunisiens dimanche

Les Tunisiens sont au rendez-vous avec l’histoire à l’occasion de la présidentielle du dimanche 23 novembre pour élire le sixième président dans l'Histoire du pays parmi 27 candidats représentant les différentes obédiences politiques lors d'un scrutin direct, premier du genre depuis la destitution du président Ben Ali en janvier 2011.

Cette présidentielle est la dixième du genre organisée en Tunisie. Il est prévu un deuxième tour fin décembre prochain si l'un des candidats n'obtient pas la majorité absolue au premier tour.

Des retraits de la course présidentielle en Tunisie de certains candidats ont eu lieu parmi 70 candidats ayant déposé leurs candidature. Ces retraits "ne sont pas reconnus sur le plan légal" par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), a affirmé samedi à Tunis son vice-président, Mourad Benmouli, assurant que l'opération de vote à l'étranger se déroulait dans de "bonnes conditions".

Les retraits qui ont eu lieu durant la campagne électorale "ne sont pas reconnus et n'ont aucun impact juridique sachant que la loi électorale tunisienne ne reconnaît aucun retrait après l'établissement de la liste électorale définitive et l'annonce de l'acceptation des candidats", a précisé M. Benmouli dans une déclaration à l'APS soulignant que l'ISIE tiendrait compte des voix remportées par chaque candidat sans exclusive.

A l'image de Kamel Nabli, quatre autres candidats se sont retirés de la course pour des motifs liés à l'argent sale et au soutien extérieur, aussi bien matériel que politique ayant marqué la campagne électorale. Il s'agit de Noureddine Hached, Abderrahim Zouari, Mohamed Hamdi et Abderraouf Ayadi.

Une campagne électorale en dents de scie

Le vote à l'étranger se déroule dans 43 pays, a ajouté M. Benmouli selon lequel la loi électorale prévoit l'annonce des résultats préliminaires des élections trois jours après la fermeture du dernier bureau de vote cependant l'ISIE tentera de réduire ce délai à deux jours.

La période de silence électoral est entrée donc en vigueur samedi en Tunisie, à la veille de l'élection présidentielle marquée par une campagne électorale menée, trois semaines durant, dans un climat de compétition et des dépassements.  

Cette campagne électorale a été entachée, selon Ilyes Salami, chef d'unité à l'administration de contrôle de la campagne électorale, de nombreuses infractions constatées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), dont le non-respect des règles d'affichage des portraits et manifestes des candidats, la non-information d'avance de l'ISIE au sujet des réunions outre des infractions se rapportant à la violence contenue dans les discours de  certains candidats et l'utilisation de la publicité politique.

27 candidats ont été admis à cette échéance par l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) parmi 70 postulants ayant déposé leur dossier de candidature. 41 autres dossiers ont été rejetés et deux candidats se sont retirés.

Les postulants favoris

Le président provisoire Moncef Marzouki se présente à la course en tant qu'indépendant sous le slogan "On gagne ou on gagne". Il est soutenu par plusieurs formations politiques dont "le Congrès pour la République", "le courant démocratique", "El-bina elwatani","El-bina el-magharibi", "Tounes beitna","le mouvement national pour la justice et le développement", "Tounes Ezzeytouna" et le mouvement "wafa".

Agé de 69 ans, Marzouki qui est médecin de formation est un militant des droits de l'Homme. Il est le fondateur du parti "le Congrès pour le république".

Il a été élu président de la République le 23 octobre 2011 par l'ANC avec des prérogatives limitées par rapport au chef du gouvernement. 

Un des principaux rivaux de M. Marzouki, Beji Caid Essebsi (87 ans) fondateur et président du parti Nidaa tounés majoritaire des élections législatives du 26 octobre 2014.

Béji Caid Essebsi a assumé plusieurs fonctions gouvernementales aux ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères sous le président Lahbib Bourguiba  (1956-1987).

Sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali il a présidé le parlement entre 1990 et 1991 et à l'issue des incidents de janvier 2011 il est chargé de conduire le gouvernement qui a présidé aux destinées du pays jusqu'aux élections de l'assemblée constituante, considérées premières élections démocratiques de l'histoire de la Tunisie.

Rappelons que le parti Nidaa Tounès a remporté 86 sièges au Parlement tunisien, selon les résultats définitifs des législatives du 26 octobre en Tunisie annoncés vendredi par l'instance chargée des élections (ISIE).

Kalthoum Kennou, seule femme candidate, elle est la présidente de l'association des magistrats tunisiens, l'organisation syndicale la plus représentative du pays. Plus de 15.000 parrainages ont permis à Mme Kennou d'entrer dans la course pour la magistrature suprême en tant que personnalité indépendante. La magistrate a toujours prôné l'indépendance de la justice et la promotion de la participation de la femme à la gestion des affaires du pays.

Slim Riahi, le plus jeunes candidat, un homme d'affaires de 42 ans, représente l'union démocratique libre (UDL), classé troisième lors des dernières législatives.

Le "président de tous les tunisiens", tel est son slogan de campagne, se propose comme alternative à la bipolarisation découlant des élections législatives entre Nidaa Tounés et le mouvement Ennahda.

Kamal Mordjène  du parti de l'initiative nationale constitutionnelle tunisienne, dernier chef de la diplomatie tunisienne sous le régime de Ben Ali, s'est excusé auprès du peuple tunisien pour avoir servis sous ce régime et créé le parti de l'initiative qui s'inspire, selon lui, de l'esprit bourguibien. Son parti a obtenu 3 sièges lors des dernières législatives

Hamma Hammami (62 ans) est présenté, par les médias, comme la principale figure de la gauche tunisienne. Dans les 1970, il a intégré le parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). En 2005, il fonde le Front du 18 octobre pour les droits et libertés, composé de gauchistes, islamistes et nationalistes, outre des juristes, en tant qu'alliance contre le régime déchu de Zine El-Abidine Ben Ali.

Les chances des autres candidats restent favorables, notamment au regard des conditions dans lesquelles s'est déroulée la campagne électorale notamment pour Ahmed Nejib Chebbi, Hechmi Hamdi et l'homme d'affaires Mohamed Frikha.

Cinq candidats se sont retirésde la course à la présidentielle, à savoir: le candidat du "Mouvement Destourien" et ancien premier ministre, Abdelhamid Zouari, le dirigeant du Parti de l'Alliance démocratique, Mohamed El-Hamdi, l'ancien syndicaliste Noureddine Hachad, l'ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, outre le candidat du mouvement "Wafa", Abderraouf Ayadi.