Festival de Carthage : «Infiltrators» raconte le drame palestinien du mur de séparation

Le film documentaire Infiltrators du réalisateur palestinien Khaled Jarrar, un road movie montrant les vicissitudes de Palestiniens de tous horizons cherchant à traverser par tous les moyens les barrières diverses imposées par l'occupation israélienne, a été projeté lundi en compétition officielle des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) ouvertes samedi à Tunis.

Sorti fin 2012, ce film de 70 minutes, réalisé en grande partie caméra à l’épaule, restitue le quotidien des Palestiniens se démenant face au « mur de séparation » et autres check points et le risque que prennent chaque jour des dizaines d’entre eux pour traverser.

Mené comme une enquête, Infiltrators se focalise d’abord sur un réseau de passeurs qui, moyennant finance, transporte leurs clients loin des check points pour escalader le mur ou passer à travers les grilles de sécurité. Il montre aussi la complexité de cette traversée et le nombre impressionnant de chauffeurs et d’éclaireurs nécessaires.

Portant des échelles bricolées avec du bois de récupération sur les épaules, des passeurs parcourent des kilomètres pour trouver un point qui échappe à la vigilance des forces d’occupation et contactent leurs chauffeurs, alors qu’en même temps d’autres personnes guettent les soldats de l’autre côté du mur.

Cette aventure humaine, qui parait simple à l’écran, se solde souvent par des arrestations, des chutes causant de graves blessures et même des décès. Une des séquences du film montre un Palestinien battu par les policiers de l’occupation qui l’ont intercepté de l’autre côté du mur.

Le calvaire palestinien est d’autant plus clair lorsque les passeurs transportent même des travailleurs exerçant à Al Qods ou des malades qui doivent être soignés et qui font appel aux « Infiltrators » puisque même avec une autorisation, ils peuvent passer des jours à attendre au check point.

Le drame du mur prend tout son ampleur quand le réalisateur rencontre une vieille dame isolée de son village et de ses enfants qu’elle ne voit plus qu’à travers les fissures du béton, ou des enfants se passant un millier de pains par jour ou parfois des médicaments, d’un côté à un autre.

En plus d’avoir escaladé le mur et rencontré les forces d’occupation, la caméra de Khaled Jarrar a également suivi la traversée du mur par des tunnels dans lesquels on voit défiler des familles entières.

Depuis sa sortie, ce documentaire a été présenté dans une quarantaine de festivals internationaux, dont le festival d’Alger du film engagé, et a reçu plusieurs distinctions.

Inaugurées samedi, les 25èmes JCC se poursuivent jusqu’au 6 décembre à Tunis et dans six autres villes tunisiennes.   

Culture, Cinéma