Uruguay, un pays de 3 millions d'habitants qui veut en nourrir 50

Il compte 3,3 millions d'habitants et quatre fois plus de vaches : l'Uruguay, petit pays Sud-Américain, nourrit déjà 28 millions de personnes grâce à son agriculture, un chiffre qu'il cherche à doubler avec l'aide de la technologie.

Dans un champ à 270 kilomètres de la capitale Montevideo, dans le centre-ouest du pays, les moissonneuses traversent le terrain de part en part, sans une minute de repos: commandées par pilote automatique, elles suivent un tracé millimétrique.

A l'intérieur il y a quand même un pilote, qui surveille sur un écran l'avancée du travail, pendant que la machine collecte une foule de données pour créer ensuite une carte de rendement par mètre carré et améliorer la rentabilité lors de la prochaine récolte.

« Pour nous, c'est presque aussi important de récolter des informations que de récolter des grains », raconte l'agriculteur Gabriel Carballal.

En Uruguay, pays traditionnellement tourné vers l'élevage, la surface agricole est passée de 600.000 à 1,5 million d'hectares, réservée notamment au riz, au blé au maïs ou encore à la canne à sucre.

Ce pays au climat tempéré est sans doute le seul à comptabiliser quatre vaches par habitant, chacune d'entre elles équipée d'une puce électronique à l'oreille pour suivre le traçabilité de la viande, le plat national.

En misant sur la technologie et en améliorant sa productivité, l'Uruguay, qui produisait des aliments pour 9 millions de personnes en 2005, en produit désormais pour 28 millions.

L'objectif du gouvernement est de produire pour 50 millions, soit 15 fois la population locale.

Derrière cet « Uruguay agro-intelligent », il y a des décennies de recherche et de travail conjoint entre l'Etat et les agriculteurs et éleveurs privés, explique  le ministre de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, Tabaré Aguerre.

« Nous faisons un usage plus intensif du sol et comme nous avons derrière nous plus de 50 ans de recherches pour voir comment l'érosion hydrique fait perdre en qualité, nous avons mis au point une politique publique appliquant un modèle mathématique prédisant l'érosion » à venir, explique-t-il.

Derrière cette politique, il y a d'une part la promotion de la compétitivité, mais aussi la volonté de préserver les ressources naturelles  ainsi que les petits producteurs, qui représentent 75% du total mais sont chaque année de moins en moins nombreux.

« Mettre l'accent sur la qualité du sol, cela veut dire l'utiliser de manière responsable ». « Avec la science nous pouvons intensifier la production et être plus responsables d'un point de vue environnemental, en termes d'émission de gaz à effet de serre », assure encore Tabaré Aguerre.

 

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