Message du président Bouteflika à l'occasion de la Journée internationale de la femme

"Mes chères sœurs,

Fidèle à mes engagements en faveur de l'émancipation et de la promotion de la femme, je ne puis me permettre de ne pas partager avec vous la célébration de votre Journée internationale qui nous permet de mesurer le chemin parcouru sur la voie de l'amélioration de la condition de la femme dans notre pays, en tant que partie intégrante de notre combat pour garantir les conditions de dignité humaine, d'égalité et d'équité à la femme algérienne et à tous les enfants de l'Algérie.

En cette journée mémorable, alors que nous célébrons encore le 60e anniversaire de notre glorieuse Révolution, je ne peux me soustraire au devoir de rendre hommage aux vaillantes martyres tombées au champ d'honneur pour libérer la patrie et mettre un terme à l'odieuse tyrannie coloniale, ces héroïnes dont le souvenir demeurera gravé à jamais dans la conscience et la mémoire du peuple algérien.

Je rends un hommage solennel à toutes les valeureuses combattantes torturées dans les prisons et les camps de concentration et aux mères de chahid, et adresse mes vœux à toutes les femmes et jeunes filles algériennes, à l'occasion de leur fête, leur souhaitant davantage d'émancipation, de progrès et de succès dans ce qu'elles entreprennent au service d'une Algérie forte et souveraine.

Mesdames, Messieurs,

Depuis que j'ai pris en charge la direction du pays, la promotion de la femme et son autonomisation ont toujours constitué, pour moi, une priorité cardinale dans le but de favoriser son implication dans la création des richesses, sa participation à la prise de décision, ainsi que son rôle dans le progrès et la modernisation de la société.

Chaque année, à chaque fête, je constate que la femme algérienne va de l'avant, d'un pas plus résolu et plus assuré. Je ne la vois pas perdre son temps à lorgner vers le passé, mais progresser, décidée et déterminée. Elle se défait, chaque jour davantage, des hérésies qui inhibent sa détermination, des obstacles et des entraves qui encombrent son chemin et des règles de toutes sortes étrangères à la religion, pour poursuivre sa marche, forte de ses droits consacrés par le Saint Coran et la Tradition du Prophète (QSSSl), et par les lois de la République. Elle avance, armée de ce qu'elle a hérité des héroïnes qui ont arraché de haute lutte la place pleine et entière qui échoit à la femme dans la construction de notre Histoire, ancienne et moderne, forte de son savoir et de ses connaissances, avec fermeté et ténacité, pleinement confiante qu'il est de son droit et de son devoir de contribuer, autant que l'homme, à l'édification du présent et de l'avenir de son pays.

La femme, qui hérite et transmet le message du dévouement à la patrie ainsi que les composante de la personnalité nationale, demeure, en effet, le pivot autour duquel se font et se défont les relations et se déroulent les fonctions essentielles de la famille en matière d'éducation et de transmission des valeurs et de spécificités de la culture nationale.

Dieu le Tout-Puissant a rappelé à l'Humanité, dans maints versets, l'honneur insigne dévolu à la femme et l'a assorti de son corollaire, le respect, dont il lui revient de jouir au même titre que l'homme quant à l'accomplissement des obligations découlant de l'appartenance à notre religion et sa mise en pratique.

La femme est en droit, conformément au principe de l'égalité des chances et abstraction faite du genre, d'accéder aux postes officiels politiques et administratifs de l'Etat, des organisations de la société civile, des partis et autres organismes. Elle est en droit de jouir, dans son pays l'Algérie, de sa pleine capacité juridique et de ses droits, et être considérée comme un gisement de compétences, d'énergies et de capacités immenses dont il n'est pas permis de se priver.

Elle est en droit d'être soutenue et protégée par la loi en matière d'accès à l'emploi et de possession de biens et de richesses, sous le régime de la séparation en étant libre d'en disposer elle-même et à sa convenance.

Durant l'année écoulée, j'ai instruit le gouvernement, à l'effet d'améliorer la législation relative à la protection de la femme, notamment par l'amendement du code pénal dans ses dispositions portant sur la violence faite aux femmes, et en ce qui concerne le versement de la pension alimentaire exigible au titre de la «Hadhana » (droit de garde). J'ai été réjoui par la richesse des débats que les deux projets de loi initiés ont suscités. Ces mesures ont été dictées par notre vécu. Notre démarche a consisté à aller à la rencontre de la société et à apporter des solutions à ses problèmes.

Nos concitoyens ont le droit de savoir et de comprendre, pour accepter et appliquer. Il me semble, à ce titre, qu'une nouvelle stratégie de communication sociale, pédagogique, adaptée et pérenne, doit être élaborée et mise en œuvre avec le concours des femmes et des hommes de la profession.

Il est bien entendu que notre code de la famille n'est pas exempt de lacunes, et sachant que le divorce, dans toutes ses formes et notamment le divorce à l'initiative de l'épouse (khol'), constitue, aujourd'hui, un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans notre société, j'ordonne au gouvernement de charger un comité ad hoc de la révision et du réaménagement des articles dudit code relatifs au divorce qui prêtent à interprétation, en vue d'y introduire les clarifications et précisions nécessaire, afin de combler les insuffisances et garantir la protection des droits des deux conjoints et des enfants, ainsi que la préservation de la stabilité de la famille algérienne garante de l'immunité pérenne de notre société contre les déséquilibres et les fléaux.

Cela signifie que nous devons améliorer nos lois relatives à la famille en harmonie avec les exigences de notre époque et de la vie moderne, aussi bien pour l'homme que pour la femme, en matière de vie sociale, en veillant, en tout état de cause, à assurer une totale conformité de ce que décide le législateur avec notre sainte religion.

Mesdames, Messieurs,

Nous constatons, aujourd'hui, l'impact positif et utile de l'implication active et multiforme de la femme dans notre quotidien et à tous les niveaux.

Son apport appréciable dans l'essor global de notre pays est un apport palpable et incontestable. Force est de reconnaître, à la ferveur des résultats positifs de la participation de la femme à la construction du présent et de l'avenir du pays, le caractère utile, voire déterminant, de ce rôle afin que l'Algérie ne soit pas privée des fruits de l'effort de la moitié de son peuple. Cela est inéluctable et nul ne doit continuer à le nier.

Cette dynamique de développement national nous commande, à présent, de favoriser la conciliation des responsabilités de la femme, notamment universitaire, pour lui permettre de mieux se positionner sur le marché de l'emploi et la hiérarchie des responsabilités, dans le droit fil de la thématique retenue cette année, à savoir : "L'encouragement de la promotion de la femme, fondement de la consolidation du processus de développement".

Des rapports qui me parviennent sur la condition de la femme, j'ai eu à relever, avec beaucoup de satisfaction, la réussite des jeunes femmes dans leurs études et l'allongement de leurs cursus scolaires. Nous devons veiller, plus que jamais, à récolter les fruits d'un tel investissement à travers l'utilisation optimale du potentiel féminin et éviter qu'il ne soit empêcher d'accéder au marché du travail faute d'accompagnement au plan social et en raison des obligations inhérentes au statut de mère de famille.

Le processus en cours qui permettra à la femme de bénéficier, dans son rôle de mère, de la plus grande considération, n'est pas encore parvenu à son terme. Il doit se poursuivre, car la conciliation des nombreuses responsabilités lui incombant est loin d'être une sinécure pour la femme. Ces responsabilités sont beaucoup plus lourdes que celle de l'homme. C'est sur la femme que repose, le plus souvent, la mission de gérer et de résoudre les difficultés.

C'est pourquoi, je demande instamment, aux autorités compétentes  de multiplier le nombre de crèches et de centres d'accueil de la petite enfance, dont la répartition géographique et l'accessibilité devront être à même de conforter l'autonomisation de la femme à travers une bonne prise en charge des enfants.

J'appelle le gouvernement à prendre les mesures adéquates aux fins, notamment, d'assurer la sensibilisation des femmes quant à leur droits spécifiques, civils politiques par la diffusion et l'explication, à travers les différents médias, de l'ensemble des textes législatifs relatifs aux droits de la femme pour leur permettre de s'assumer dans tous les contextes de leur vie au sein de la société.

Il incombe, également, aux services concernés de mener campagne, à travers des conférences et ateliers, contre la persistance des us et coutumes liés au conservatisme et à l'obscurantisme qui persistent à violer les droits de la femme, troubler leur exercice ou entraver son autonomisation économique et sociale.

Il s'agira, par ailleurs, d'organiser des cycles d'enseignement pérennes destinés aux femmes et aux jeunes filles analphabètes ou ayant interrompu leur scolarité et de développer les possibilités d'accès des femmes à l'information en matière de la santé liée à la procréation.

L'apport des femmes, au même titre que celui des hommes, conditionne fortement la vitesse à laquelle s'opérera le développement national dans toutes ses dimensions. La consolidation des acquis de la femme algérienne, et la réalisation de nouvelles avancées dans la protection de ses droits ainsi que sa pleine participation à la vie politique, économique et social et de la Nation, demanderont un surcroît d'efforts et de moyens, à cet égard.

Une nouvelle stratégie de promotion et d'insertion de la femme sera élaborée en concertation avec les organisations féminines sur la base des enseignements tirés de la stratégie 2010-2014. Elle incorporera un vaste gisement de compétences, accumulées grâce à l'investissement considérable consenti dans l'éducation et la formation, au profit de toutes les sphères de la vie nationale.

Dans ce contexte, la politique d'insertion de la femme dans les circuits économiques sera renforcée à travers une meilleure adaptation des mécanismes d'aide et de soutien à l'emploi et à l'entreprenariat.

Mesdames, Messieurs,

La commémoration de la Journée internationale de la femme est pour nous, l'occasion de rendre, chaque année, hommage à l'ensemble des femmes algériennes, celles qui ont participé à la résistance nationale, celles qui ont lutté pour l'indépendance du pays, celle qui sont en charge de la famille algérienne, celles qui soignent, qui éduquent, fortement, et gèrent l'école de la vie, toutes celles qui ne ménagent aucun effort pour soutenir le processus de développement et apportent leur pleine contribution à la construction d'une économie que nous voulons diversifiée, forte et compétitive.

Je vous invite à rester mobilisées autour de nos valeurs et de nos idéaux, et attachées à la poursuite de votre intégration sociale et professionnelle.

Je vous exhorte à vous mobiliser, aux côtés des hommes de notre pays, pour éviter que l'Algérie ne subisse les affres de la dépendance économique et à apporter un concours à même de nous permettre de toujours aller de l'avant, vers le progrès et la prospérité.

J'ai confiance en vos capacités et reste convaincu que vous ne manquerez pas à l'appel dans le combat que nous menons pour le développement et le progrès.

Vous saurez, entre les écueils et les récifs, garder le camp, rester un facteur d'union et de cohésion, familiales et nationales, et vous acquitter, avec cette persévérance, cette générosité, ce courage et ce panache qui vous sont reconnus, de vos missions en tant que femmes et en tant que citoyennes à part entière.

Mesdames, Messieurs,

La commémoration de la Journée internationale de la femme est, également, pour moi, l'occasion d'informer la Nation des défis auxquels notre pays se trouve confronté du fait de la situation qui prévaut dans notre environnement régional et international.

Il n'échappe à personne que le monde est entré, aujourd'hui, dans une situation inédite où les relations internationales pèsent manifestement et lourdement sur la vie politique, économique, sociale et culturelle des nations et tendent même à influer sur leur destin.

Nous avons tous observé que les dynamiques internes de certains peuples, pourtant épris de démocratie, de liberté et de dignité, qui se sont laissées instrumentaliser par des intervenants étrangers n'ont eu d'autre résultat que des souffrances on ne peut plus douloureuses et ravageuses.

Le peuple algérien qui, pour avoir vécu de cruelles épreuves, aspire profondément à la paix et à la prospérité, s'est prononcé, quant à lui, à maintes reprises, en faveur d'une stratégie qui assure la stabilité du pays et de ses institutions et qui, en même temps, fortifie ses défenses pour le prémunir contre tout risque pouvant menacer sa sécurité et son intégrité.

Dans la phase actuelle, la conduite de cette stratégie passe inévitablement par une double exigence. Il nous faut, en premier lieu, veiller sans relâche à renforcer le front intérieur au bénéfice exclusif de la nation, et ce pour faire face à toute tentative de déstabilisation du pays. Ceci relève, bien entendu, de la responsabilité de l'Etat, mais aussi de toutes les forces politiques et de chacune des citoyennes et de chacun des citoyens auxquels il incombe de redoubler de vigilance dans le contexte fortement agité où vit la région aux plans politique, économique et social.

Cette exigence impose de transcender les divergences, les convictions et les positions politiques des uns et des autres, car la conjoncture exige de placer les intérêts supérieurs du pays au-dessus de tout autre considération.

Il nous faut, en deuxième lieu, pouvoir poursuivre, dans la sérénité indispensable, les réformes, toutes les réformes, dans le cadre des institutions du pays et dans le respect des lois de la République. Ces réformes seront ainsi mises en œuvre avec détermination, dans tous les domaines, dans le cadre d'une approche qui privilégie le débat, la concertation et le dialogue entre tous les partenaires concernés et qui exclut toute tendance à l'invective, à l'offense  et à la violence.

Ni les préoccupations liées aux difficultés du moment à nos frontières, ni l'inclination récurrente à des dérapages malvenus, commis ici et là et s'apparentant souvent à un délayage stérile, n'inhiberont notre attachement à la prise en charge de notre responsabilité et à notre volonté de continuer à enraciner, avec persévérance, une vraie culture démocratique qui implique tolérance et respect de l'avis de l'autre.

Il est de mon devoir de Président de toutes les Algériennes et de tous les Algériens, quelles que soient leurs tendances, de garantir l'exercice de la liberté d'opinion pour peu qu'elle soit assumée de façon responsable, de favoriser la participation de tous au débat sur les questions d'intérêt national dans un climat serein et apaisé, et de renforcer l'écoute et la disponibilité des pouvoirs publics afin de satisfaire, au mieux, les besoins essentiels des citoyennes et des citoyens ainsi que la concrétisation de leur aspirations à la quiétude et à leur épanouissement personnel".

 

National, Politique