Des kangourous en touristes ... près de Paris !

Ils vivent à l’état sauvage dans les Yvelines depuis une quarantaine d’années, situation unique disent les Français. «T’as vu le kangourou ? », se racontent des villageois d’Hermeray (Yvelines) mais place à la blague.. ceux qui ignorent cette intrusion citadine répondent par : « T’as fumé la moquette ? ». Au-delà de l’humour des Français.. à l’évidence : l’animal est là, « devant les portails, comme s’ils attendait l’ouverture des l’épiceries ! ».

Comme Marylène, d’autres habitants du sud du département ont un jour croisé un wallaby de Bennett - son nom exact -, marsupial placide et sympathique originaire de Tasmanie, dans le sud de l’Australie. Dans leur jardin, en bord de route, ou encore, face aux chasseurs.

Depuis plus de quarante ans

L’histoire retient qu’à l’origine de cette anomalie géographique : la réserve zoologique de Sauvage, dans le village d’Emancé. Dans les années 1970, à la faveur de brèches dans le grillage à l’origine incertaine - orage, vandalisme, négligence ? -, un groupe de wallabies se fait la belle. D’autres suivront à plusieurs reprises.

L’histoire aurait pu s’arrêter à une série d’évasions. Sauf que ces wallabies-là se sont reproduits et implantés : une situation « unique en France », relève Laurent Tillon, chargé de mission faune et biodiversité à l’Office français des forêts (ONF).

Un wallaby vit 12 à 15 ans. Les descendants des premiers fugitifs peuplent donc aujourd’hui le massif de Rambouillet, concentrés pour la plupart autour d’Emancé, même si quelques intrépides ont été repérés jusqu’aux Ulis, à 40 km de là.

Un solitaire essentiellement nocturne

Combien sont-ils ? Difficile à dire, en l’absence d’étude scientifique et au vu de la discrétion de l’animal, un solitaire essentiellement nocturne. Une centaine, voire 150, estime Bruno Munilla, du Centre d’études de Rambouillet et de sa forêt (Cerf), association naturaliste locale.

Tout exotiques qu’ils soient, les wallabies se plaisent dans les Yvelines où ils trouvent « gîte et couvert », constate-t-on. Le climat diffère peu de leur Tasmanie d’origine et le sous-bois procure à ces cueilleurs de la nourriture « à profusion » : baies, bourgeons, jeunes pousses, graminées…

Sa viande est comestible, mais les amateurs de steaks seront déçus : « Il n’est pas sur la liste des espèces chassables », est-il prévenu à la Fédération interdépartementale des chasseurs d’Ile-de-France.

Les « mascottes » ont leur panneau jaune, à l’australienne

Il fut un temps où les wallabies en goguette semaient le trouble dans les esprits. Et l’humain qui croisait un kangourou un soir d’apéritif se jurait surtout d’arrêter la boisson… En 2003, des panneaux jaunes à l’australienne, installés par des plaisantins, ont permis de « délier les langues », explique un chasseur. A Emancé, où le journal de l’école se nomme le « Kangourou farceur », « c’est rentré dans les mœurs », abonde la maire : « C’est nos mascottes ».

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