Le chef de la division économique du CNES, Mohamed Bekalem : notre modèle économique a atteint ses limites et demande à être changé

Le chef de la division économique du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Bekalem a présenté, ce matin, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, les principaux points du rapport de conjoncture qui sera divulgué aujourd'hui à la presse.

Commentant la situation économique résultant de la baisse « drastique » des recettes pétrolières, il considère que le pays n’est pas à l’abri d’une situation de crise remettant en cause le modèle économique actuel qu'il appelle à changer.

Pour appréhender cette situation, il préconise trois types de mesures : il s’agit, précise-t-il, de mesures à court terme, « qui ont vocation à figurer dans le projet de loi de Finances » et appuyées par des changements du système économique, à moyen et long terme, « dans un sens de diversification de la production, de celle des exportations et de durabilité économique ».

Effritement des réserves de change

Du contenu de ce rapport, M. Bekalem indique qu’il confirme la situation de déficit commercial, de celle de la balance des paiements et du fait « que nous serons en déficit budgétaire à la fin de l’année », en raison de l’effritement des réserves de change (160 milliards de dollars).

Il observe, en outre, que le Fonds de régulation des recettes (FFR) « que nous avons mis tant d’années à constituer », a été « grignoté » de près du tiers, au premier semestre de 2015.

En dépit de tous ces aspects, l'Invité de la rédaction de la radio Chaine 3 relève, cependant, que la position extérieure de l’Algérie « est largement soutenable », en raison d’une dette très faible, du reliquat du FFR, « qui nous permet de nous retourner », et de l’aptitude du pays à pouvoir s’adresser aux institutions financières internationales pour d’éventuels emprunts, « à des conditions forts avantageuses ».

Revenant aux réserves de change détenues par l’Algérie, il préconise de mieux les utiliser pour amorcer le virage vers un modèle de croissance « vertueux », plus diversifié et plus durable, d’autant, ajoute-t-il, qu’il y a peu d’espoir de voir les cours du brut rebondir substantiellement.

Satisfaire les besoins nationaux à plus de 70% par l’importation n’est plus soutenable 

Pour appuyer ses dires, Il considère que le modèle de croissance actuel n’est plus soutenable et qu’il faut donc le changer. « Le fait de satisfaire les besoins nationaux à plus de 70% par l’importation n’est plus soutenable », d’autant, relève-t-il, que ce sont ceux qui possèdent le plus de moyens qui en bénéficient le plus.

Considérant que le changement de croissance et de l’investissement « ne se décrètent pas », l’invité appelle à préparer celui-ci en termes d’incitations, de cadre juridique, d’accès au foncier mais aussi en termes de régulation des importations.

Le problème souligne-t-il enfin, c’est de muter d’un modèle à un autre avec des effets les « moins négatifs possibles ». 

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