L'Opep devrait reconduire ses quotas de production en dépit de la chute des prix

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui tient sa réunion vendredi à Vienne, devrait reconduire ses quotas de production malgré les effets de cette politique sur les plus petits producteurs de l'Organisation, très affectés par la chute des cours.

En dépit d'appels provenant notamment du Venezuela à une réduction de l'offre pour soutenir les cours du brut, qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis la mi-2014, la plupart des analystes jugent peu probable que l'Arabie saoudite et ses alliés du Golfe consentent à une baisse de production.

Les ministres des 12 pays de l'Opep en plus de l'Indonésie, qui va faire son retour au sein de l'Organisation après six ans de retraite, devraient ainsi tout au plus relever leur quota théorique de production uniquement pour prendre en compte l'arrivée de Jakarta, dont la production représente actuellement quelque 850.000 barils par jour.

"Il est vraiment clair que l'Indonésie sera ajoutée à notre niveau de production", a assuré vendredi avant la réunion le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, qui a, par ailleurs, fait savoir qu'il ne s'attendait pas à ce que l'Opep fasse quelque chose pour réduire la production.

"Il n'y a absolument aucun désaccord nulle part" concernant le plafond de production, a de son côté indiqué le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi.

Pourtant, plusieurs ministres ont répété avant la réunion que personne au sein de l'Organisation n'était satisfait du niveau actuel des prix.

"Les prix actuellement sont trop bas pour permettre de financer le renouveau de la production et de l'offre donc si nous ne faisons rien, sur le moyen terme, il y aura des problèmes d'offre", a de son côté observé le ministre algérien de l'Energie, Salah Khebri, soulignant que cette situation n'arrangeait personne, ni les pays producteurs, ni les compagnies pétrolières internationales.    

"La situation du marché est excédentaire, tout le monde le sait. Il y a trop de production, cette production n'est pas seulement imputable à l'Opep, elle est imputable à tous les acteurs", a précisé M. Khebri.

"Tout le monde s'inquiète des prix, personne n'en est content", a, de son côté, déploré le ministre irakien du pétrole, Adil Abdul Mahdi.

La chute des cours du brut, qui évoluent actuellement non loin de leurs plus bas en six ans et demi, est en grande partie imputable à l'offensive commerciale de l'Opep, Arabie saoudite en tête, qui inonde le marché d'or noir pour contrer l'essor des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis, mais aussi aux pays non membres de l'Organisation, notamment la Russie, dont la production a récemment atteint des niveaux records.

Les experts estiment toutefois que les pays du Golfe, soucieux plus que jamais de préserver leurs parts de marché alors que l'Iran prépare son retour sur le marché, n'accepteront de réduire leur production que si les producteurs extérieurs à l'Opep s'engagent également dans cette voie.

"Nous avons dit à plus d'une occasion que nous avions l'intention de coopérer avec toute personne qui aiderait à rééquilibrer le marché... avec nous", a répété vendredi le ministre saoudien du Pétrole.

Mais ni Moscou ni Téhéran ne semblent prêts à un tel compromis car ils estiment que la déprime du marché est essentiellement imputable à la production excédentaire de l'Opep, qui ne respecte pas son plafond.

Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, a ainsi répété jeudi qu'il ne jugeait pas judicieux que la Russie baisse son niveau de production et estimé qu'il serait "opportun pour l'Opep de respecter les quotas qu'elle fixe".

De son côté, l'Iran a de nouveau revendiqué jeudi son droit à augmenter sa production dès que la levée des sanctions occidentales serait effective, estimant que Téhéran n'avait aucune responsabilité dans la chute actuelle des cours.

"C'est la responsabilité des membres producteurs de l'Opep et des autres qui ont produit plus que le plafond", s'est défendu le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh.

Le ministre vénézuélien du Pétrole, Eulogio del Pino, a, quant à lui, appelé une nouvelle fois à une réduction de 1,5 million de barils par jour, soit 5% de la production réelle de l'Opep, qui dépasse dans les faits son quota de quelque 2 millions de barils par jour.

APS

Economie, Energie