Mawlid ennabaoui : des traditions perpétuées dans la quiétude à Ghardaïa

Loin d’être une simple fête locale, la célébration cette année du mawlid ennabaoui (la naissance du prophète (QSSSL) à Ghardaïa a été l’occasion pour l’ensemble de ses habitants de retrouver sérénité et quiétude.

Pour manifester l’amour porté au prophète Mohamed (QSSSL), se rappeler ses actions et ses paroles (hadiths), chaque quartier, K’sar et tribu conserve sa propre tradition et perpétue ses coutumes séculaires alliant art culinaire, renforcement des liens familiaux, solidarité et recueillement.

A chaque célébration de cette fête, le k’sar de Ben Izgen constitue un centre d’attraction par excellence avec le traditionnel défilé nocturne.

Organisé la veille du mawlid, ce défilé se déroule à la lumière tamisée de torches fonctionnant à l’huile, connues localement sous l’appellation de "Inarene".

Aux chants glorifiant le sceau des prophètes, se mêlent des ribambelles d'enfants en tenue traditionnelle, accompagnés de leurs parents et portant des lampes traditionnelles. La procession serpente les différentes ruelles de la cité avant de converger vers la mosquée El Atik où un grand récipient est mis à la disposition des habitants pour recevoir l’huile qui reste de ces lampes.

Une fois récupérée, cette huile sera revendue aux "enchères" sur la place du Souk (marché) de Ben Izgen et les rentrées de cette vente seront versées au compte de la mosquée pour s’acquitter des charges de l’électricité tandis que les lampes redeviennent des objets et autres effets décoratifs, a expliqué Dr  Ahmed Nouh, notable du Ksar de Ben Izgen.

"Cette huile, a-t-il fait savoir, a une valeur spirituelle. Elle est considérée comme une huile +bénie+ car ayant "accompagné" les déclamations des versets du saint coran dans la mosquée toute la nuit de l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (QSSSL)".

Avant l’avènement de l’électricité, l’huile était utilisée pour alimenter les lampes servant à illuminer la maison d’Allah (mosquée), a-t-il ajouté, soulignant que cette tradition séculaire ancestrale est revisitée chaque année à l’occasion du mawlid ennabaoui.

Malgré le froid mordant, cette manifestation nocturne n'a pas manqué de charmer et de surprendre des voyageurs de passage et autres touristes nationaux, venus découvrir les différentes facettes du patrimoine immatériel du pays.

Dans la région de Guerrara, cette fête est marquée par une tradition originale appelée "Adoual" (le retour) où les nouveaux mariés revivent une soirée de noces dans leurs costumes traditionnels et dans un climat festif, un rituel réservé uniquement aux membres de la famille.

La femme nouvellement mariée est ainsi invitée quelques jours avant le mawlid chez ses parents avant de revenir au domicile conjugal dans la même tenue traditionnel de mariage, dans une ambiance faite de sons du tbal (tambour) et des youyous stridents des femmes.

Pour les Ghardaouis, cette fête religieuse est également l'occasion de veiller aux rythmes mélodieux des chants élogieux sur le prophète et la déclamation de versets du Saint Coran. C’est aussi un moment particulier de recueillement pour les fidèles afin de se remémorer les hauts faits du prophète Mohamed (QSSSL).

Bien que les festivités marquant l’anniversaire du prophète (QSSSL) connaissent un certain "modernisme" avec l’apparition des artifices, pétards et autres produits pyrotechniques, elles restent cependant marquées par des traditions qui perdurent jusqu’au jour d’aujourd’hui, à travers notamment le regroupement familial et l’entraide.

Le mawlid ennabaoui est une aussi une occasion pour rassembler la grande famille autour d'un couscous à la sauce préparée à base de dattes, dénommé "Ouchou Tini".

APS

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