France : doutes et rejet de l'état d'urgence déclaré contraire aux principes républicains

A quoi sert l'état d'urgence? La décision de l’instituer après les attentats du 13 novembre, et dont le président Hollande appelle à en prolonger la durée, rassure des Français et fait douter certains autres de son  efficacité, s’inquiétant, de plus, de son coût pour la démocratie.

Le président de la commission parlementaire chargé d’en contrôler l’application, Jean-Jacques Urvoas, estime que l’effet de surprise attendu de l’état d’urgence sur les éventuels réseaux terroristes est aujourd'hui « largement estompé ».

Le bilan escompté est d’ailleurs modeste : les 2.721 perquisitions opérées, 376 interpellations réalisées, 382 assignations à résidence prononcées et les 500 armes découvertes, n’auront finalement donné lieu qu’à quatre procédures judiciaires liées au terrorisme, rapporté la Ligue des droits de l'Homme (LDH). 

Magistrats, institutions, défenseurs des droits de l'Homme, intellectuels, sous forme de pétitions, tribunes et appels à manifester, notamment le 30 janvier à Paris, s’insurgent, de plus en plus, contre l’application de l’état d’urgence.

L’idée de déclarer la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour crime terroriste, est interprétée par ces derniers comme une entorse, voire une trahison des idéaux républicains.

La commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), une structure où siègent personnalités et représentants de la société civile, estime que la déchéance de nationalité n'est « d'aucune utilité en matière de prévention des actes terroristes ». Elle instaure, souligne-t-elle,  « une différence de traitement » entre Français binationaux ou non, « radicalement contraire à tous les principes républicains ».

« Pour nous, c'est définitivement non! », écrivent dans une déclaration, le  Syndicat de la magistrature et les principaux syndicats de salariés.

Samedi, le Conseil national des barreaux (CNB), représentant les avocats de France, s'est inquiété de voir se dessiner « un modèle juridique et social qui rompt durablement avec les principes républicains »

 

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