Le Brent à plus de 33 dollars à Londres

Les prix du pétrole progressaient  jeudi en cours d'échanges européens, toujours soutenus par d'éventuelles discussions entre l'Opep et la Russie sur des réductions de production ainsi que par un petit accès de faiblesse du dollar après une réunion de la Réserve fédérale américaine.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 33,67 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 57 cents par rapport à la clôture de mercredi.

Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance progressait de 32 cents à 32,62 dollars.

Les cours du Brent et du WTI ont suivi une trajectoire particulièrement erratique depuis la fin de la semaine dernière, où ils avaient bondi de quelque 10% vendredi après avoir atteint de nouveaux plus bas en plus de douze ans.

Les prix s'orientaient à la hausse jeudi pour la troisième séance consécutive, bénéficiant des espoirs de négociations entre la Russie et l'Opep ainsi que d'un accès de faiblesse du dollar, et ce malgré la publication mercredi de chiffres plutôt défavorables sur l'état des stocks américains de brut, qui ont grimpé de plus de 11 millions de barils la semaine dernière.

"Le pétrole brut a continué sa marche en avant tandis que le dollar s'est quelque peu affaibli", relevait un analyste, soulignant que les cours de l'or ont atteint jeudi des plus hauts en quinze jours.

La référence européenne du brut est montée jeudi jusqu'à 33,99 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 8 janvier, tandis que son homologue américain a atteint au même moment 32,88 dollars, un plus haut depuis le 11 janvier.

Le dollar était quelque peu lesté par le communiqué de la banque centrale américaine publié mercredi, dans lequel elle s'est montrée prudente concernant de futures hausses de ses taux directeurs, jugeant que la croissance économique américaine avait "ralenti" à la fin 2015, que l'inflation resterait "basse" à court terme et qu'il fallait surveiller "les développements financiers et économiques" dans le monde.

Une hausse des taux d'intérêt fait s'apprécier le dollar car elle le rend plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs. Aussi tout report d'une telle action monétaire tend à peser sur le billet vert, ce qui est à l'inverse de bon augure pour les achats de pétrole, libellés dans cette devise.

"L'optimisme croissant concernant la possibilité que la Russie puisse coopérer avec l'Opep dans une tentative de tailler dans les excédents excessifs du marché a offert une autre bouée de sauvetage illusoire aux investisseurs pariant sur la hausse des cours, qui ont saisi cette opportunité pour entraîner les prix à de nouveaux plus hauts en séance", remarquait un analyste.

L'ascension des cours est "trompeuse", abondait Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets, "car il semble improbable qu'aucune forme de coopération entre les producteurs ne survienne. Personne n'est actuellement prêt à perdre le premier ses parts de marché".

Les analystes de Commerzbank partageaient le même scepticisme, estimant que même si un accord pouvait être conclu, ce qui constituerait un contraste saisissant par rapport aux crises précédentes, se poserait le problème de la mise en place des réductions de production alors que la Russie ne possède quasiment pas de capacité de stockage. En outre, poursuivaient-ils, les incitations à violer un tel accord seraient considérables.

"C'est pourquoi nous ne considérons pas une réduction rapide de l'offre comme particulièrement crédible. Ce qui est plus probable est que nous allons devoir attendre que la faiblesse des prix force l'offre à réagir", ajoutaient-ils.

Les experts de Commerzbank considéraient en outre que la réaction positive du marché aux dernières statistiques du département américain de l'Energie (DoE) s'expliquait par le fait que la production américaine de brut avait de nouveau baissé lors de la semaine achevée le 22 janvier, pour la première fois en sept semaines.

"Dans cet environnement de marché, même des stocks de pétrole brut qui ont grimpé à leurs plus hauts niveaux depuis 85 ans ne provoquent que des baisses marginales de prix", notaient-ils.

APS

Economie, Energie