Sahara Occidental : l'ONU maintient sa position et écarte tout retrait de la Minurso

Les Nations unies ont réaffirmé leur position soutenant une solution juste et démocratique au conflit au Sahara occidental en écartant le retrait de leur mission de paix des territoires occupés par le Maroc, après la décision de ce dernier d'arrêter sa contribution financière à cette mission.

Dans le cadre de ses efforts visant à engager des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc pour régler le conflit au Sahara occidental, l'ONU a, par la voix de Stephane Dujarric, porte-parole du secrétaire général Ban Ki-moon, rappelé mercredi soir que le mandat de la Mission de l'ONU pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), « a été donné par le Conseil de sécurité » et par conséquent  « il n'est pas question de parler de son retrait » des territoires sahraouis occupés. 

Après ses attaques irrespectueuses contre Ban Ki-moon, Rabat a encore haussé le ton mardi contre l'ONU et annoncé qu'il allait réduire de manière importante la composante civile de la Minurso, en particulier la branche politique, et de cesser avec effet immédiat sa contribution financière à cette mission.

De plus, il a annoncé qu'il allait retirer ses contingents engagés dans les opérations de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU. D'après Dujarric, « aucune information concernant cette décision n'a été officiellement transmise au secrétariat général de l'ONU par le Maroc ».

En signe de protestation contre la décision de Rabat, à l'origine du blocage dans le processus de paix avec le Front Polisario, Ban Ki-moon a, en outre, annulé sa visite au Maroc.

« Il n'y a pas de voyage envisagé du secrétaire général », au Maroc, a dit M. Dujarric au cours d'un point de presse, en réponse à une question si Ban Ki-moon allait annuler la deuxième étape de sa tournée régionale après les attaques qui ont visé sa personne.

Les relations sont tendues entre l'ONU et le Maroc après que ce dernier a reproché à Ban Ki-moon de « s'être départi de sa neutralité, de son objectivité et de son impartialité » lors de sa visite, début mars, dans les camps des réfugiés sahraouis et les territoires libérés à Bir Lehlou.

Les attaques de Rabat contre l'ONU confirment l'isolement du Maroc

Dans la foulée des derniers développements dans le dossier sahraoui, le ministre sahraoui des Affaires étrangères Mohamad Salem Ould Salek a affirmé mercredi à Alger, que les attaques de l'occupant marocain contre le responsable de l'ONU et les communiqués émanant de tous les appareils de l'Etat marocain « révèlent l'échec de la politique d'occupation et confirment l'isolement du Maroc ».

Ce n'est pas la première fois où le Maroc accuse des parties internationales de "partialité" reprochant à la Suisse de "se départir de sa neutralité" en faveur du Front Polisario après l'adhésion de ce dernier aux quatre conventions de Genève de 1949 relatives aux droits de l'Homme et à la protection des otages et des civils lors des conflits. 

Par ailleurs, M. Salem Ould Salek a affirmé que la récente visite effectuée par Ban Ki-Moon dans les territoires sahraouis libérés et les camps des réfugiés sahraouis, a mis à nu la "confrontation directe et ouverte" entre l'occupant marocain et la communauté internationale et les "tentatives" du Maroc de se dérober à ses engagements qui l'obligent en vertu du plan de règlement ONU-OUA de 1991.

« Le Maroc veut faire achopper la mise en œuvre du plan de règlement onusien pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination, c'est pourquoi il se trouve isolé aux plans régional, continental et international », a précisé le ministre sahraoui.

Rabat veut tromper l'opinion publique marocaine et internationale

En usant d'« une terminologie malencontreuse » non adoptée par l'ONU, le gouvernement marocain tente, selon M. Ould Salek, de tromper l'opinion publique marocaine et internationale.

« Le Maroc verse dans une tentative d'aliénation du caractère juridique du conflit sur le Sahara occidental et veut amener l'ONU à renoncer à sa mission de décolonisation du Sahara occidental, empêchant ainsi le peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination », a-t-il dit.

« La terminologie de l'ONU inhérente à la question du Sahara occidental est pourtant claire, elle est utilisée par le Front Polisario et le monde entier et figure dans toutes ses décisions depuis les années 60 », a-t-il tenu à préciser.

« Il s'agit, bel et bien, d'(octroi de l'indépendance aux peuples et pays colonisés), de (Sahara occidental en tant que question de décolonisation), (description clairement définie dans les documents de l'ONU), de (peuple sahraoui), de (Front Polisario en tant que mouvement de libération national et représentant légitime et unique du peuple sahraoui), de (référendum d'autodétermination), d'(occupation marocaine du Sahara occidental), de (parties au conflit - Front Polisario et Maroc) et de (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, Minurso) », a rappelé M. Ould Salek.

Le ministre sahraoui a saisi l'occasion de la conférence de presse qu'il a tenue au siège de l'ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, pour appeler le Conseil de sécurité à agir « d'urgence » pour mettre fin à la « politique de tergiversation » concernant le dossier sahraoui, permettre à la Minurso d'accomplir sa mission par l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui et à élargir ses prérogatives à la surveillance des droits de l'Homme dans la région.

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