Le professeur en économie, Youcef Benabdallah : « le recours à l'endettement extérieur est risqué compte tenu du faible taux d'industrialisation »

Youcef Benabdallah, professeur en économie.

En même temps que d'entreprendre des efforts de croissance, il faut créer une Union sacrée des Algériens, partager ensemble le fardeau de l'austérité, revoir les revenus « des uns et des autres » et changer le train de vie de l’Etat.

Pour le professeur en économie, Youcef Benabdallah, reçu ce jeudi, à l’émission L’Invité de la chaine 3 de la Radio Algérienne, « si l’on a peur », aujourd’hui, du lendemain, c’est parce que les moteurs impulsant cette croissance, sur la base d’une macroéconomie, ont été ignorés.

En dépit de la présence de réserves de change, confortés par une épargne nationale potentielle, en raison, aussi, du fait que le pays ne soit pas endetté vis-à-vis de l’étranger, l'Algérie craint de ne pouvoir relancer son économie « d’où le débat actuel » estime-t-il.

Commentant la décision arrêtée par le gouvernement de réduire les importations, l’intervenant considère que cette mesure risque de fortement pénaliser l’outil national de production, qui en est fortement dépendant, et d’ouvrir ainsi la voie à la  récession.

Des activités d’exportation, « réalisées actuellement dans l’urgence », dont il souligne qu’elles constituent un puissant facteur de croissance, M. Benabdallah estime qu’elles restent tributaires d’une série de facteurs à maitriser (intrants, usines et chaines logistiques d’exportation, ces dernières faisant, encore, cruellement défaut).

Il tient, aussi, à rappeler qu’en Algérie, « parce que l’on vivait de la rente », il n’y a jamais vraiment eu de stratégie d’exportation, « contrairement à nos voisins Tunisiens qui possèdent 1.700 entreprises exportatrices ».

De l’endettement projeté par rapport aux marchés étrangers pour financer l’économie, l’invité relève que celui-ci peut être réalisé, « mais, fait-il remarquer, sur la promesse d’un remboursement » que le pays tirait auparavant de la production pétrolière.

Cet expert exprime son doute que ce remboursement puisse se faire dans de bonnes conditions, à un moment où le pays connait un taux d'à peine 5% d’industrialisation, « contre 15% dans les années 80 ». 

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