Après les attentats de mardi, Bruxelles reprend son train de vie

Deux jours après les attentats sanglants qui ont fait au moins 31 morts et 300 blessés, la vie a repris son cours  jeudi à Bruxelles, mais l’atmosphère reste pesante et l’appréhension est toujours là.

Militaires patrouillant dans les rues, gardes à l’entrée des bâtiments publics et des grands magasins,  fouille à l’entrée des gares et accès restreint, voyageurs devenant très méfiants, sursaut lorsqu’une sirène d’ambulance ou de voiture de police retentit, les attaques de mardi imposent une vie différente à l’avenir aux Bruxellois.         

« Notre vie ne va plus être la même et nous devons composer avec la menace au quotidien», affirme Manon, une bruxelloise d’à peine 20 ans, devant l’entrée de la gare centrale de Bruxelles où une longue file d’attente s’est formée tôt ce matin en raison des contrôles systématiques imposés à tous les voyageurs par les forces de sécurité.

Après les explosions de mardi, une desserte partielle du réseau des transports en commun est assurée à Bruxelles. Même si tous les trams et presque tous les bus circulent en surface, plusieurs tunnels restent fermés.

Pour le métro, seules quelques lignes sont exploitées avec un nombre limité de stations desservies, et de nombreuses stations souterraines sont toujours inaccessibles.  

Le trafic ferroviaire à partir des principales gares de la capitale belge reste fortement perturbé, au grand dam des navetteurs qui sont contraints d’attendre pendant de longues minutes, voire des heures parfois pour y accéder.

La rue de la Loi et la chaussée d'Etterbeek, fermés au trafic après les attentats survenus à l'aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek mardi, ont été rouvertes à la circulation mercredi soir.

Une fois le choc passé, les bruxellois ont repris leur activité professionnelle et tentent de retrouver leur train-train quotidien, mais l’insouciance n’est plus là.

 «J’ai des crampes au ventre. Je suis sur mes gardes et je fais davantage attention aux personnes qui montent dans le métro avec des bagages », confie Philippe, 46 ans, employé  des institutions européennes à Bruxelles.

« Je ne cesse pas de regarder autour de moi. J’essaye d’être vigilante et je suis tout le temps pressé de descendre du tram par crainte d’un éventuel attentat. Mais je n’ai pas le choix, je suis obligée de prendre les transports en commun pour aller au boulot», renchérit Justine, une institutrice de 35 ans. 

Ce jeudi, les élèves ont repris le chemin des écoles, restées ouvertes après les attentats, même si un tiers des écoliers était mercredi absent, selon la ministre de l’éducation de la fédération Wallonie-Bruxelles, Joelle Milquet.

L’Université libre de Bruxelles qui a fait évacuer ses campus, mardi, après les explosions de l’aéroport et du métro, a rouvert ses portes et les cours ont repris, suivant le programme habituel.

« De nombreux étudiants manquent à l’appel», affirme Charlotte, étudiante à l’Institut de biologie et de médecine moléculaires, qui explique ces absences principalement par ½la perturbation du trafic» dans la capitale belge.

Même si les Bruxellois tentent de reprendre le chemin de leur vie et sont ressortis pour assurer leurs activités professionnelles, ils n’ont pas encore retrouvé certaines de leurs habitudes. 

Les principales rues commerçantes de la capitale belge, notamment la rue Neuve et la rue du Brabant, grouillant de monde habituellement, restent désertes. 

Seuls les militaires ont investi les lieux et continuent à patrouiller.

La plupart des magasins ont baissé rideaux depuis mardi et ne comptent pas rouvrir de sitôt. 

 « Je suis passée ce matin chercher des affaires personnelles que j’ai laissé ici mardi pour avoir fermé la boutique dans la précipitation. Je ne compte pas rester et accueillir les clients », affirme Julie, gérante d’un magasin de prêt à porter d’une grande marque sur la rue Neuve.

Selon elle, la réouverture du magasin n’interviendra pas avant plusieurs jours. 

 « On va prendre le temps nécessaire pour voir comment la situation va évoluer», a-t-elle ajouté.

Paris exhorte l'UE à agir

Le président français François Hollande a appelé jeudi l'Union européenne (UE) à agir contre le terrorisme en adoptant rapidement le registre européen de passagers aériens (PNR) et des mesures contre le trafic d'armes, selon le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

"Le message qu'a voulu passer le président de la République ce matin" lors d'un conseil des ministres, "est celui de la fermeté de la France sur un certain nombre de décisions qui concernent le PNR européen, qui n'est toujours pas adopté, la lutte contre le trafic d'armes (...) et l'échange de données à l'échelle européenne", a déclaré M. Le Foll.

Ces déclarations surviennent peu avant la tenue d'une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur et de la Justice des 28 pays de l'UE, convoquée à Bruxelles après les attentats meurtriers de mardi. 

Il s'agit de faire en sorte "qu'à l'échelle européenne, les demandes de la France, d'ailleurs soutenues par l'Allemagne, se mettent effectivement en oeuvre", a encore souligné M. Le Foll.

Selon lui, "il faut que les échanges de données Schengen soient partagés pour qu'on puisse avoir une lutte qui soit coordonnée et cohérente à l'échelle européenne".

"J'y rajoute aussi des mesures d'application qui doivent se traduire concrètement sur les centres d'accueil (des migrants) en Grèce ou en Italie", a-t-il conclu.

APS 

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