Irak : le Premier ministre peine à remplacer le gouvernement

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, sous pression de la rue, peine à remplacer le gouvernement actuel, composé de politiciens, par un cabinet de technocrates dont la mission serait de mener les réformes anticorruption adoptées en 2015.

Mais le Premier ministre se heurte à la résistance de certains blocs politiques au Parlement, qui veulent maintenir le contrôle de portefeuilles ministériels et la distribution de postes et de financements qui en découle, alors que des centaines d'Irakiens sont à nouveau descendus dimanche dans la rue à Baghdad pour réclamer la mise en place de réformes.

Depuis des années, les ministères sont en effet répartis entre les principaux partis qui les dirigent comme leurs propres fiefs.

Le Premier ministre avait présenté le 31 mars au Parlement une liste de 13 candidats qui avait été rejetée.

Les puissants blocs politiques ont par la suite proposé leurs propres candidats, remplaçant sur une nouvelle liste la plupart des noms suggérés par M. Abadi.

Plusieurs dizaines de députés mènent depuis mardi soir un sit-in dans les couloirs du Parlement pour exiger du Premier ministre qu'il forme un gouvernement de technocrates, seul moyen selon eux de limiter l'emprise des communautés ethniques et religieuses sur certains ministères.

Ces élus contestataires reprochent à Haider al Abadi d'avoir élaboré le remaniement en consultant uniquement les grands partis, et de perpétuer ainsi le système de partage du pouvoir entre communautés institué après l'invasion américaine du pays en 2003.

Jeudi, au lieu de s'exprimer sur la liste des ministres du nouveau gouvernement proposé par le Premier ministre irakien Haider al-Abadi pour mener des réformes anticorruption, les députés ont voté pour la destitution du président du Parlement, Salim al-Joubouri, et de ses deux adjoints.

La chambre des députés est partagée entre ceux qui veulent faire tomber Joubouri, proche du Premier ministre, et ceux qui jugent "inconstitutionnel" le vote sur sa destitution, affirmant que le quorum n'avait pas été atteint.

Un sit-in de deux semaines avait déjà eu lieu en mars devant la "Zone verte" hautement sécurisée de Baghdad, où se concentrent l'essentiel des institutions de l'Etat, à l'appel du dignitaire religieux chiite Moqtada Sadr.

"Notre objectif est que soit mis fin au système des quotas politiques", qui implique le partage des principaux postes gouvernementaux entre les partis, a déclaré Mohammed Khayoun, un des participants au nouveau sit-in. "Nous demandons des réformes qui nous garantiront un meilleur avenir, ainsi qu'à nos enfants", a indiqué un autre manifestant, Imad Shaeet, selon l'AFP.

Selon les médias, ce rassemblement sur la place Tahrir a entraîné la fermeture d'axes de circulation dans le centre de la capitale et d'importants bouchons. 

L'ONU et les Etats-Unis ont récemment exprimé leur inquiétude de voir les querelles politiques prendre le pas sur la lutte contre l'EI, qui contrôle de vastes territoires à l'ouest et au nord de Baghdad.

APS

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