Conférence de Vienne sur la Libye : les pays maghrébins unis pour éviter un scénario à l’irakienne

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Des ministres des Affaires étrangères européens, des Etats-Unis et des pays voisins de la Libye se réunissent, une nouvelle fois, ce lundi à Vienne en Autriche, pour tenter de mettre fin aux divisions et aux affrontements qui paralysent la Libye depuis 5 ans.

La communuauté internationale impatiente de voir le gouvernement d'union nationale de Fayez al-Sarraj s'imposer et également de disposer d'un partenaire solide pour lutter contre le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech) et l'immigration illégale.

La Conférence est co-présidée par le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef du nouvel exécutif libyen, Fayez al-Sarraj, en présence des représentants de plusieurs pays dont l'Algérie représentée par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel.

Cette Conférence réunit également «les principaux acteurs» régionaux et internationaux dans le but de soutenir «le processus de stabilisation» en Libye, a déclaré M. Gentiloni au cours d'une récente visite en Tunisie. 

Conférence de Vienne : une occasion pour discuter du soutien international
Les ministres des Affaires étrangères discuteront du «soutien international au nouveau gouvernement et se concentreront sur les questions sécuritaires», a déclaré le porte-parole du Département d'Etat américain.

Les participants tenteront d'apporter un soutien supplémentaire au nouvel exécutif libyen au moment où ce dernier fait face à de nombreuses difficultés, dont celle d'imposer son autorité dans un pays rongé par les divisions.

D'autre part, M. Sarraj devrait également rappeler à Vienne que la préoccupation majeure des Libyens est d'ordre financière. Dans un pays essoré par cinq ans d'instabilité, 40% de la population a besoin d'une aide humanitaire, et frappé par une crise de liquidités, l'opinion publique attend en priorité des résultats économiques.

Depuis son arrivée à Tripoli fin mars, le gouvernement d'union national a toutefois réussi à étendre son pouvoir dans la capitale et à rallier à sa cause les milices armées de l'ouest du pays.

Il espère encore gagner l'adhésion du gouvernement parallèle installé dans l'Est qui refuse de céder le pouvoir avant un vote de confiance du Parlement, maintes fois reporté.

La communauté internationale mise sur un gouvernement d'union plus fort, seul à même de lutter contre la menace terroriste et d'endiguer le flux  migratoire depuis la Libye, à 300 kilomètres seulement des côtes italiennes.

Un récent rapport parlementaire britannique estime que l'opération navale de l'Union européenne contre les passeurs au large de la Libye est «un échec».

«Sans le soutien d'un gouvernement libyen stable, l'opération ne peut pas rassembler les informations nécessaires pour s'attaquer aux trafiquants», indique le rapport.

Le gouvernement d'al-Sarraj décidé à sévir contre le terrorisme
Le gouvernement d'union nationale en Libye est décidé à sévir contre le terrorisme en vue de ramener la paix et la stabilité dans le pays où les forces armées loyales s'apprêtent à lancer une offensive d'envergure à Syrte, tombée sous contrôle du groupe terroriste Daech l'an dernier.

Fayez al-Sarraj, qui tente de mettre en place une stratégie nationale pour combattre Daech, a récemment insisté sur la nécessité d'une action concertée «pour anéantir» l'organisation terroriste «avec la participation de tous».

Décidé à en finir avec Daech, le Conseil militaire de la ville de Misrata avait appelé toutes les «brigades» (milices) sous son commandement à la mobilisation.

Dans une décision publiée sur internet, le gouvernement d'union a annoncé de son côté «la formation d'une cellule spéciale des opérations militaires contre le groupe terroriste Daech».

Cette cellule coordonnera les opérations de lutte contre le groupe extrémiste dans une zone s'étendant de Misrata à Syrte, située à 450 km à l'est de Tripoli, a précisé le gouvernement, en demandant à «tous les groupes armés de s'abstenir d'agir sans son feu vert, à l'exception d'opérations de légitime défense».

Selon des observateurs, la réunion de Vienne sera l'occasion d'unifier les rangs sur la stratégie à suivre en Libye, voire de poser les bases d'une action commune.

«Une opération militaire pour libérer Syrte requiert une plus grande coordination des forces de sécurité pour des raisons à la fois tactiques et politiques», estime Claudia Gazzini, analyste à l'International Crisis Group.

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