Les avantages prévus dans le projet de loi sur l'investissement seront sans incidence sur le trésor public

Le ministre de l'Industrie et des mines, Abdesselam Bouchouareb, a affirmé mardi que les mesures incitatives et les exonérations fiscales accordées aux investisseurs dans le cadre du projet de loi sur la promotion de l'investissement, débattu à l'APN, visent la création de richesses et de postes d'emploi, et seront sans incidence sur le trésor public.

Répondant aux questions des députés, lors de la dernière séance consacrée au débat du projet de loi sur l'investissement, présidée par Mohamed Larbi Ould Khelifa, président de l'APN, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Ghania Eddalia, le ministre a affirmé que les incitations fiscales "seront sans incidence sur le trésor public contrairement à ce qui est dit par certains députés", l'objectif étant "la diversification de l'économie, la création de richesses pour la financer, de postes d'emploi, et l'élargissement de l'assiette fiscale". 

  M. Bouchouareb a cité à titre d'exemple le taux des dépenses fiscales récupérées par l'Etat, en phase de réalisation des projets qui est à hauteur de 70%.

  Au moment où le pays a besoin de nouvelles sources de financement "ne devons faire le choix entre l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) (qui compte parmi les incitations) et les priorités, à savoir la création de richesses et de postes d'emploi".

Revenant aux commentaires des députés sur les facilités, les avantages et exonérations fiscales "démesurées" prévues dans ledit projet de loi, M. Bouchouareb a indiqué que contrairement à ce qui est dit "les exonérations ont été réduites", indiquant l'élaboration d'une liste négative des 200 activités exclues de ces avantages. Les avantages "ne seront pas accordés anarchiquement" comme auparavant, a-t-il fait remarquer.

Le code de l'investissement ne peut être la seule solution à tous les problèmes de l'économie nationale, a-t-il précisé, insistant sur l'impératif d'améliorer le climat des affaires, à travers la lutte contre la bureaucratie, la garantie du foncier industriel et le financement afin de pouvoir relancer l'investissement en Algérie.

Il a, en outre, salué l'amélioration progressive enregistrée dans le climat de l'investissement, citant la signature par le ministère de l'Habitat d'une décision autorisant l'octroi à l'investisseur d'un permis de construction dans un délai ne dépassant pas 20 jours.

Concernant le foncier, le ministre est revenu sur les nombreuses mesures prises par l'Etat pour créer un véritable marché du foncier afin de mettre fin à la spéculation, dont la création de nouveaux parcs industriels, d'où l'aménagement de 39 sites sur un total de 49 prévus et la récupération des terres inexploitées.

  M. Bouchouareb a, d'autre part, indiqué qu'aucun changement n'était à signaler pour le droit de préemption sinon que le nouveau texte propose de l'adapter aux usages mondialement en vigueur, en inscrivant une partie de cette règle au titre des lois fiscales.

Le ministre a, en outre, cité la règle 51/49 régissant les investissements étrangers que le projet de loi propose à l'extirpation du Code de l'investissement pour être régie par les textes de Lois de finances, rappelant qu'une mesure dans ce sens a été introduite par la LF 2016.

Il ne s'agit pas, a-t-il poursuivi, de "renoncer à ce principe mais de le renforcer, cette règle étant désormais élargie au secteur commercial alors qu'elle se limitait auparavant au secteur de production et des services".

Répondant à certains députés qui ont estimé que l'Etat avait renoncé à cette règle avec le danger que cela représente pour les richesses du pays, le ministre a indiqué que des "failles enregistrées par le passé avaient permis l'entrée de flux d'investissements étrangers utilisés dans des activités de commerce.

En la conjoncture économique actuelle "la suppression de cette règle ne profitera pas au pays."

 Signature prochaine d'accords pour la production de phosphate

 Répondant aux interrogations de certains députés sur l'absence d'une vision claire d'investissement, le ministre a indiqué la définition de 15 filières auxquelles le gouvernement accorde la priorité à l'investissement, au regard de leur apport pour l'Etat qui varie entre 26 et 30 milliards de dollars, ajoutant que les incitations importantes prévues dans le projet de loi sur l'investissement s'inscrivent dans le cadre de ces filières stratégiques. 

Il est prévu le 20 juin courant la signature d'accords sur la réalisation de projets relatifs à la production de phosphate, un à Tébessa, deux à Souk Ahras et un autre à Hadjar Soud (Skikda).

Ces investissements contribueront à augmenter la production nationale de phosphate qui devrait passer de 1 million de tonnes actuellement à 10 millions tonnes à la fin 2019, ce qui fera de l'Algérie l'un des premiers producteurs des différents types d'engrais.

Le ministre a également cité le projet de Bellara (Jijel) de sidérurgie qui "sera finalement opérationnel après 33 ans d'attente", estimant que les premiers essais seront effectués en janvier 2017, année où la production devrait atteindre 2 millions de tonnes avant de doubler (4 millions) en 2019.

Concernant le ciment, le ministre a indiqué que l'Algérie était en phase d'aménager des stations pour l'exportation de ce produit, le groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica) devant produire à lui seul 20 millions de tonnes de ciment en 2019 contre 12,1 millions de tonnes en 2015, outre l'entrée en production prochaine de l'usine de Biskra (juillet ou septembre), et l'usine Ain Kbira avec 1 million de tonne ce qui permettra à l'Algérie d'arrêter l'importation de ce produit.

Enfin, le ministre a indiqué que le secteur sera renforcé par une loi d'orientation sur le développement des petites et moyennes entreprises (PME) qui sera prochainement soumise au parlement pour débat.  

Economie