Conflit en Syrie : violations contre les civils, la communauté internationale pressée d'agir

Le conflit en Syrie, complexifié par l'implication de groupes terroristes, continue de faire des victimes, notamment parmi les civils qui font face à des violations "indicibles" des droits de l'Homme depuis plus de cinq ans, s'alarme l'ONU qui a pressé la communauté internationale d'agir pour mettre un terme à leurs souffrances.

Le conflit, déclenché en mars 2011, a vu au fil des ans l'implication des terroristes venus surtout de l'étranger, ainsi que d'acteurs régionaux et internationaux qui peinent à mettre fin à la crise qui a déjà fait plus de 280.000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes dans ce pays.

Face à cette situation, l'ONU a demandé à la communauté internationale de faire preuve de leadership afin de mettre un terme aux souffrances de la population syrienne qui vit sa sixième "année d'horreur".

 "Il est difficile de s'imaginer l'ampleur des violences subies par la population en Syrie", s'est alarmé le sous-secrétaire général aux droits de l'Homme, Ivan Simonovic, lors d'une réunion informelle de l'Assemblée générale de l'ONU sur la situation dans le pays.

Regrettant que des groupes terroristes aient profité du vide causé par le conflit dans le pays pour gagner du terrain, il a dénoncé "les millions de violations des droits de l'Homme engendrées par le conflit, y compris la torture, la destruction et le meurtre". 

De son côté, le secrétaire général adjoint des Nations Unies aux Affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a rappelé que le conflit en Syrie avait détruit le tissu social et économique du pays, où 80% de la population vit désormais dans la pauvreté, faisant état de "près de neuf millions de personnes souffrant d'insécurité alimentaire" alors que "deux millions d'enfants ont été contraints de quitter l'école".         

L'ONU s'inquiète particulièrement sur le sort des personnes vivant dans des zones sous le contrôle du (groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique") Daech/EI, qui "subissent une oppression quotidienne et la terreur". 

 Probable reprise des négociations en juillet

La communauté internationale, convaincue qu'une issue de la crise syrienne n'interviendra que via un dialogue inter-syriens, est dans l'attente d'une nouvelle session de négociations de paix, qui pourrait "s'ouvrir en juillet", selon le médiateur de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura.

Une nouvelle session de négociations de paix pourra s'ouvrir en juillet, mais à condition que "la cessation des hostilités soit maintenue, que l'aide humanitaire augmente et que nous parvenions à un accord de principe sur une transition politique", a-t-il énuméré mardi devant l'Assemblée générale de l'ONU.

Pour de Mistura, des mesures concrètes menant à une transition politique tardent à se faire car "non seulement le régime et l'opposition syriennes n'ont pas la même conception d'une transition, et notamment du rôle du président syrien Bachar al-Assad, mais aussi la Russie et les Etats-Unis ne sont pas non plus exactement sur la même longueur d'ondes à ce propos".

Des Américains parlent d'un "usage de la force" contre Damas

Selon des sources diplomatiques, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu mardi avec plusieurs diplomates américains, auteurs d'un mémo fustigeant la gestion du conflit syrien par l'administration du président américain Barack Obama et appelant à "un usage de la force" contre le régime de Damas. 

Une cinquantaine de diplomates avaient signé ce câble diplomatique, jugé "très bon" par M. Kerry , qui réclame l'"usage de la force contre le gouvernement syrien pour contraindre le président Bachar al-Assad à entamer de réelles négociations de paix".

La Russie a critiqué cet appel des diplomates américains à frapper militairement le gouvernement syrien, soulignant que cette initiative allait à l'encontre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie et appelant à privilégier les voies politiques.

Moscou et Washington sont les parrains du processus diplomatique dit de Vienne, du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) qui cherche, pour l'heure sans avancées notables, à convertir la fragile cessation des hostilités en Syrie en une trêve durable entre Damas et les groupes d'opposition.

 Poursuite des violences contre les civils

 Sur le terrain, les forces gouvernementales syriennes parviennent à gagner du terrain, avec l'appui de forces aériennes de la Russe, qui a annoncé avoir dépêché depuis le 30 septembre près de 25.000 militaires et personnel civil pour prendre part aux opérations militaires en Syrie.

Néanmoins, l'organisation terroriste autoproclamée "Etat islamique" (Daech/EI) et le Front al-Nosra (affilié à al-Qaïda) multiplient les attaques pour freiner l'avancée de l'armée syrienne et milices pro-gouvernementales, ainsi que les forces arabo-kurdes, soutenues par l'aviation de la coalition anti-terroriste dirigée par les Etats-Unis.

  A Raqa, 25 civils, dont six enfants, ont été tués et des dizaines d'autres blessés mercredi dans des raids aériens.

La quasi-totalité de la province de Raqa est aux mains de l'EI, à l'exception des villes de Tall Abyad et d'Aïn Issa d'où Daech a été chassée par une alliance de combattants arabo-kurdes.

        

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