Le Maroc demeure un pays de destination et de transit pour la traite des personnes

Le Maroc demeure "un pays d’origine, de destination, et de transit" pour les hommes, les femmes et les enfants victimes de travail forcé et de l’exploitation sexuelle, selon le rapport 2016 sur la traite des personnes, publié jeudi par le Département d’Etat américain.

Citant une étude élaborée par le gouvernement marocain en novembre 2015, le département d’Etat souligne que les enfants au Maroc sont exploités pour le travail domestique, la mendicité et la prostitution.

Des filles marocaines issues des zones rurales, recrutées pour le travail domestique sont souvent soumises à des conditions de travail forcé, ne recevant aucune rémunération et subissant des menaces et des violences verbales et sexuelles, précise le rapport.

L’étude relève que plusieurs femmes sont poussées à la prostitution par les membres de leurs familles ou d’autres intermédiaires.

Le département d’Etat note également la progression de la traite sexuelle des femmes et des enfants africains transitant par le Maroc pour atteindre l’Europe.

Ce trafic concerne également les femmes marocaines contraintes à se prostituer à l’étranger, et dont plusieurs d’entre d’elles sont confrontées à des restrictions de mouvement. 

Le rapport relève également l’ampleur de la traite sexuelle des enfants dans les grandes villes marocaines, devenues une destination pour le tourisme sexuel impliquant des étrangers en provenance de la France et de l’Espagne notamment.

"Le gouvernement marocain ne se conforme pas pleinement aux normes minimales pour l'élimination de la traite des personnes", souligne le Département d’Etat, déplorant le fait que la loi marocaine n’interdit pas toutes les formes de la traite des personnes.

Selon le même document, le gouvernement marocain a fourni peu d’efforts dans les enquêtes sur le trafic des personnes. Les autorités marocaines n’ont toujours pas réalisé des progrès dans les poursuites et les condamnations des personnes impliquées dans ces crimes, et dans l’identification proactive de victimes de la traite parmi les groupes vulnérables.

Le Maroc ne dispose pas jusqu'à présent d’une loi pour lutter contre la traite ce qui a constitué un obstacle sérieux aux poursuites judiciaires contre les personnes impliquées dans ce trafic, selon le rapport qui constate que le gouvernement marocain a déployé peu d’efforts dans la protection des victimes marocaines et étrangères.

Le rapport souligne également l’absence de l’assistance aux victimes de la traite des être humains qui a été aggravée par l’inexistence des services gouvernementaux destinés à prendre en charge ces personnes.

Le Département d’Etat a émis une série de recommandations à l’intention du Maroc portant notamment sur la nécessité de promulguer une législation complète de lutte contre la traite des personnes et l’institution d’un système d’identification des victimes. APS

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