Présidentielle américaine : première confrontation à haut risque entre Trump et Clinton

Les deux candidats à la présidentielle américaine, Donald Trump et Hillary Clinton, se livrent ce lundi soir à leur premier débat télévisé qui s’annonce déjà à haut risque pour les deux camps républicain et démocrate, à six semaines du scrutin.

Les deux candidats s’affrontent pour la première fois en direct durant un duel télévisé historique qui va être suivi par plus de 100 millions de téléspectateurs, un record jamais égalé depuis 1960, date du premier débat qui avait opposé John Fitzgerald Kennedy à Richard Nixon.

Le duel sera organisé à l’université de Hofstra dans l’Etat de New York qui avait déjà accueilli en 2008 et 2012 les deux débats de Barack Obama avec le sénateur John McCain et le gouverneur Mitt Romny.

Lester Holt, le modérateur de ce débat a retenu trois thèmes pour ce duel qui sera axé sur l’orientation, la prospérité et la sécurité des Etats-Unis, a indiqué la commission de l’organisation des débats présidentiels sur son site internet.

Ce programme risque, cependant, de changer en fonction des développements de l’actualité américaine et internationale pouvant s’inviter à la table du débat. 

Deux segments de 15 minutes seront consacrés à chaque thème au cours d’un débat de 90 minutes qui va être diffusé sans aucune coupure publicitaire.

Le duel est le premier de trois débats programmés entre les deux candidats et sans doute le plus décisif, selon la presse américaine.

Le deuxième débat sera tenu  le 9 septembre à l’université de Saint Louis dans l’Etat de Washington, alors que le dernier est prévu pour le 19 octobre dans l’université du Nevada à Las Vegas.

Dans la salle du débat, aucun applaudissement ou acclamation de la part des invités des deux camps n’est autorisé. Les éléments du fameux secret service, unité affectée à la protection des présidents des Etats-Unis, ont été instruits de confisquer toute affiche brandie pendant le déroulement de ce duel télévisé.

" Contrairement aux débats des primaires, nous demandons spécifiquement au public de se rappeler qu’il est là comme témoin de l’histoire et non pour applaudir ou acclamer ", a déclaré McCurry, coprésident de la commission.

La tension entre les deux camps est encore montée d’un cran ce week-end autour du choix de leurs invités dans la salle. Environ un tiers des places a été accordé aux membres des deux campagnes électorales, un autre tiers a été distribué aux étudiants et invités de l’université Hofstra et le dernier au personnel en charge de l’organisation du débat ainsi que les sponsors et les invités de marque.

David Birdsell, un spécialiste des débats présidentiels et doyen de l’institut Baruch des affaires publiques de New York, a déclaré que la participation du public dans le débat a toujours été interdite aux élections présidentielles.

La seule possibilité pour le public d’interagir avec les deux candidats est prévue pour le deuxième débat de Saint-Louis qui sera animé par deux modérateurs, Anderson Cooper de CNN et Martha Raddatz d’ABC.

C’est le prestigieux institut spécialisé dans les sondages, Gallup, qui choisira les invités. 

Au cours de ce débat qui va être centré sur des sujets d’intérêt public, les invités et les modérateurs se partageront les questions, a indiqué la commission.

Donald Trump, habile et déterminé, a toujours su exploiter l’énergie de son auditoire en direct et saura comment tirer profit de cet avantage, affirme des observateurs mais en attendant ce deuxième duel il doit apprendre à faire face lundi soir à un élément qu’il n’a jamais maîtrisé pendant ses spectacles : le silence.

Le débat de ce soir sera le premier tête à tête de Trump dans sa courte carrière politique et va renseigner sur ses capacités à tenir de manière efficace un débat de 90 minutes sur des questions de politique et d’économie.    

Ses conseillers l’ont déjà mis en garde de ne pas tomber dans les pièges de Clinton qui va tenter de le montrer comme instable.

Frank Sadler, un des responsables de la campagne de Trump pendant les primaires républicaines, a estimé qu’il était " stupide de le sous-estimer".  

"Il y a cette idée générale, qu’il ne peut pas tenir pendant 90 minutes et répondre à des questions de politique de manière efficace", a-t-il dit, en affirmant que depuis le début de sa campagne Trump " a été efficace avec les médias ".

La plupart des observateurs ont souligné son caractère impulsif et ses commentaires controversés qui peuvent potentiellement accélérer sa perte mais ce désavantage pourrait se révéler comme un atout majeur, selon d’autres.

De son côté, Clinton s’est préparée pour faire face aux multiples facettes de la personnalité de Trump car ce dernier risque de surprendre en essayant d’apparaître plus modéré qu’agressive, selon l’équipe de campagne de la candidate démocrate, Des analystes politiques comparent déjà ce duel à celui tenu en 2000 lorsqu’ un candidat instable, Al Gore, a montré une grande maîtrise des dossiers face à son concurrent George W. Bush.

Les enjeux seront tellement élevés ce soir que les deux candidats doivent redoubler d’efforts pour séduite l’électorat américain. 

Un nouveau sondage du Washington Post, publié dimanche, a montré que les deux rivaux se retrouveraient presque à égalité dans les intentions de vote.

Le sondage a fait ressortir que 46% d’Américains font confiance à Clinton contre 44% à Trump, alors que Gary Johnson candidat du parti libertarien a obtenu 5%.

Ce premier débat intervient, par ailleurs, dans un contexte de craintes accrues de terrorisme et des troubles liées à la violence policière envers les afro-américains et sera axé sur des sujets qui divisent fortement les deux candidats à savoir l'immigration, le commerce, la politique fiscale et les affaires étrangères.

Dans leurs dernières apparitions dimanche à la télévision, les partisans de l’ancienne secrétaire d’Etat ont fait savoir que leur candidate allait s’appuyer dans ce débat sur sa longue expérience en matière de défense du droit des enfants et des familles, en vantant également son agenda pour soutenir la classe moyenne.

"Elle a un défi à relever parce que Donald Trump adore dire des choses qui ne sont pas vraies," a indiqué John Podesta son président de campagne sur NBC.

Les attentes des Américains à l’égard d’Hillary Clinton sont plus importantes, a estimé Reince Priebus, président du Comité national républicain.

La candidate démocrate qui a cumulé une expérience de plus de 30 années dans la gestion des affaires publiques est sensée connaître tous les détails des dossiers qui seront discutés, mais des doutes subsistent sur ses capacités de convaincre l’électorat américain avec son discours de politicien, rejeté par de nombreux américains.

Pour sa part, le candidat républicain a fait d’énormes efforts ces dernières semaines pour paraître plus discipliné en mettant l’accent sur de nouvelles propositions politiques tout en essayant de confirmer son statut de futur président et commandant en chef des Etats-Unis. APS

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