Dris Cherif, politologue : Trump poursuivra la même politique de ses prédécesseurs

Alors que la plupart des observateurs et tous les sondages donnaient Hilary Clinton présidente des Etats-Unis, le résultat définitif a consacré le candidat républicain, Donald Trump, vainqueur de l’élection présidentielle américaine.

Quelles sont les facteurs ayant permis ce «revirement de dernière minute», comment analyser ce scrutin, quel sera l’impact de cette victoire des Républicains sur la politique américaine et sur le monde ? C’est à ces questions que tente de répondre à chaud, le politologue, Cherif Dris, qui était, ce matin, l’invité de la rédaction de la radio Chaine 3.

L’élection de Trump n’est pas une surprise… C’est un vote refuge

Loin du tapage médiatique et des certitudes tendancieuses frisant parfois le schématisme, Cherif Dris, pour qui la victoire de Trump ne constitue pas une surprise, s’appuie sur des éléments objectifs et subjectifs pour décortiquer l’évolution du scrutin américain. «Dès lors que Trump a remporté la Floride (29 grands électeurs) et l’Ohio (17 grands électeurs) les élections sont quasiment pliées», soutient-il.

Bien que Mme Clinton, issue d’un empire, aie plus d’expérience que son rival, ce sont d’autres facteurs qui ont été déterminants dans cette élection. Car, explique-t-il, «l’establishment politique à sa conception et la base électorale en à la sienne».

Analysant les discours et les stratégies des deux candidats à la Maison blanche, M. Dris estime que la victoire de Trump est «un vote refuge» motivé essentiellement par «l’échec de l’administration Démocrates» et par l’«anxiété qui range, depuis 2008, la société américaine et particulièrement ses couches moyennes». «Une analyse de plus près nous permettra de dire que contrairement à Hilary Clinton, le candidat républicain a surfé sur une vague populiste en touchant du doigt des questions que l’américain moyen, angoissé et frustré,  voulait entendre», a décortiqué l’invité de la rédaction qui rappelle que «la crise des subprimes a laissé des séquelles économiques et aussi psychologiques» et que «la sphère du populisme et du nationalisme est entrain de gagner même les bastions où puisaient les démocrates traditionnellement».   

Le politologue bat, également, en brèche, l’argument du «vote ethnique et religieux», avancé par ceux qui favorisaient Mme Clinton. Selon lui, ce scrutin, a démontré, une nouvelle que les bassins électoraux américains (les afro-américains, les musulmans…) ne sont pas aussi homogènes qu’on le pense. Car d’autres paradigmes traversent ces «entités», comme les problèmes sociétales…  

Trump poursuivra la même politique que ses prédécesseurs

A propos de l’impact de l’élection de Trump sur la politique américaine et ses conséquences géostratégiques, l’invité de la Chaine 3 estime qu’au-delà de la différence de style, le nouveau président de la première puissance mondiale poursuivra la même politique que ces prédécesseurs. «A mon sens l’administration Républicaine n’ira pas jusqu’à remettre en cause tout ce qui a été bâti, parce que, argumente-t-il, la politique d’Obama c’est une politique qui a été tracée depuis ces 40 dernières années».

Contrairement à son discours électoral marqué par la surenchère et l’agressivité, Trump, prévoit l’hôte de la Chaine 3, «va revoir sa copie une fois installé le 20 janvier 2017». A en croire les prévisions de M. Dris, le, désormais, président américain continuera à faire du soutien à Israël une constance et optera pour la même politique à l’égard de la question Palestinienne.

Loin  de la surenchère électorale, la nouvelle administration américaine ne fera pas du «va-t-en guerre une stratégie». Trump n’aura pas d’autre choix que «de faire preuve de multilatéralisme» car le contexte international et la situation au moyen orient sont entrain d’évoluer et une politique agressive sera contreproductive pour les intérêts américains.

Sur les relations américaines avec la Russie et les Chine, le politologue estime que Trump n’aura pas d’autre choix que d’opter pour un rapprochement. «Les Chinois et les Russes ont développé non seulement une stratégie d’influence mais aussi une capacité de nuisance, donc je vois mal les Etats-Unis adopter une politique de confrontation avec ces deux pays», analyse-t-il en soulignant que «les Etats-Unis dépendent économiquement de la Chine avec une dette de 1000 milliards de dollars sans compter leurs liens commerciaux et que la Russie qui était toujours l’adversaire traditionnel représente également un allié utile».

 

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