Les Gambiens appelés aux urnes jeudi pour élire leur nouveau président

Les Gambiens sont attendus jeudi aux urnes dans le cadre de l'élection présidentielle qui mettra aux prises trois candidats dont le chef de l'Etat sortant Yahya Jammeh, grand favori du scrutin.

Environ 890.000 électeurs gambiens sur quelque 2 millions d'habitants sont appelés à choisir leur nouveau président pour cinq ans au cours d'un scrutin à un tour.

Le vote - au moyen de billes à déposer dans des bidons de couleurs différentes, une par candidat - doit débuter jeudi à 08H00 (locale et GMT).

 Les premiers résultats sont attendus dans la nuit de jeudi à vendredi, a-t-on indiqué.

Pour ce scrutin, 1.422 centres de vote sont ouverts pour 53 circonscriptions électorales dans les régions administratives.

Yahya Jammeh qui dirige depuis 1994 ce petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest, enclavé dans le territoire du Sénégal, sollicite un cinquième mandat face à l'homme d'affaires Adama Barrow, désigné candidat unique par l'opposition, et à l'ex-député du parti au pouvoir Mama Kandeh. Ces prétendants sont tous âgés de 51 ans et ont achevé leur campagne électorale mardi soir.  L'élection ne peut être "truquée", assure Jammeh

Selon des résidents cités par des médias, la campagne électorale a été marquée par des manifestations, d'une ampleur inédite, de l'opposition rassemblée autour d'un candidat unique, Adama Barrow, et qui réclame entre autres, des réformes politiques et plus de liberté et de droits.

"Nous, Gambiens, devons nous manifester et décider par nous-mêmes, faire nos propres choix, je pense que c'est la chose la plus importante", a dit un des manifestants.

Mais le chef de l'Etat sortant a assuré lors de son dernier meeting électoral mardi: "Il n'y a aucune raison de protester" car l'élection ne peut pas être "truquée".

Il a d'ailleurs dit que toute manifestation sera interdite après la présidentielle."Ils (l'opposition) ne gagneront pas", a lancé le président dans la capitale gambienne Banjul, devant des milliers de partisans. 

"Rien ne se passera, ce n'est pas la première fois que nous organisons des élections", a martelé Yahya Jammeh qui avait déjà appelé, à l'ouverture de la campagne à une "élection libre".

Le président sortant de la république islamique de Gambie avait déjà lancé un avertissement à l'opposition lors d'un de ses meetings électoraux: "Je suis le président de tous les Gambiens. Soyons clairs, je ne laisserai pas le un (1) pourcent (de personnes violentes) remettre en cause la paix et la tranquillité et le développement de ce pays, je ne l'accepterai jamais", a-t-il dit.

Le scrutin de jeudi sera supervisé par des observateurs de l'Union africaine (UA), mais en l'absence de représentants de l'Union européenne(UE) ou de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). 

Enrayer la pauvreté et relancer l'économie...des défis à relever

 Le nouveau président gambien devra s'attaquer à de nombreux défis auxquels fait face cette ancienne colonie britannique, devenue indépendante en 1965.

Selon un rapport de l'ONU sur le développement humain publié en 2013, 60% de la population vit dans "une pauvreté multiforme", dont le tiers avec moins d'1,25 dollar par jour, une situation qui pousse de plus en plus de jeunes gambiens à fuir vers l'Europe.

Dans ce contexte, le 25 novembre dernier, Yahya Jammeh a affirmé être le "meilleur candidat" pour endiguer l'émigration clandestine vers l'Europe.

En mai 2015, il imputait aux familles de migrants la responsabilité de la mort de nombre d'entre eux dans des naufrages, assurant que des perspectives d'emploi comparables existaient dans le pays.

  En Gambie, l'agriculture est la première ressource - arachide, millet, maïs, manioc - devant la pêche et le tourisme. Le secteur de l'arachide, jadis premier produit d'exportation, a connu des difficultés ces dernières années.

  Malgré de nombreux progrès en termes d'infrastructures (routes, télécommunications, écoles), le bilan économique et social demeure faible. En 2014, le RNB (revenu national brut) par habitant s'élevait à 460 dollars, selon la Banque mondiale (BM).

Par ailleurs, le pays accueille chaque année quelque 50.000 touristes venus essentiellement de Grande-Bretagne.

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