Déficit criant en personnels de santé : des familles de malades contraintes de pallier à leurs besoins immédiats

Le déficit « inquiétant » en personnels paramédicaux amène, souvent, des proches de malades traités dans des établissements hospitaliers, à devoir assumer le rôle de garde-malade, durant toute la journée et toute la nuit, pour leur apporter du réconfort et les aider à s’alimenter.

C’est à ce type de situation paradoxale devenue courante, bien que les règlements des centres de santé ne l’autorisent pas, que la chaine 3 de la Radio Algérienne a consacré, mercredi, une partie de ses sujets.

Elle y souligne, notamment, que la personne chargée d’assumer la charge de garde-malade est souvent contrainte de coucher dans le même lit que le malade qu’elle assiste et qu'elle se trouve exposée à de nombreux risques sanitaires.

Le journaliste à l’origine du reportage rappelle que pour pouvoir assurer le métier de garde-malade, il faudrait être en possession d’un diplôme d’aide soignant or, en Algérie, poursuit-il, c’est l’aide-soignant qui assure le travail du paramédical.

La professeure Fatiha Gachi, la chef de service d’oncologie pédiatrique au Centre Pierre et Marie Curie, à Alger, signale que c’est aux aides-soignants qu’incombait, auparavant, le rôle de s’occuper des malades, « mais, regrette-t-elle, avec la réduction de la formation, ils se retrouvent à assumer la fonction d’infirmier ».

C’est cette situation, explique-t-elle, qui a, tout naturellement, amené à accepter un gardiennage assuré par des parents, « d'autant que leurs malades ont tendance à vomir souvent, à être constamment fatigués ou à devoir se rendre aux toilettes ».

Rappelant que le règlement des hôpitaux n’autorise pas la présence de gardes-malades le professeur Hedoum, chef de service de néphrologie au CHU de Mustapha à Alger, relève qu’il existe «  des exceptions ».

Dans certaines situations, dit-il, lorsqu’un médecin souhaite la présence d’un garde-malade, c’est que celui-ci a un rôle à jouer « mais pas, ce qui est souvent le cas, de préparer les repas de la personne soignée, voire de nettoyer le lieu où celle-ci est hospitalisée.

L’auteur du sujet constate, encore, que beaucoup d’enfants cancéreux hospitalisés au Centre Pierre et Marie Curie sont gardés par leur maman, « dans des conditions catastrophiques ». Elles sont contraintes, dit-il, de dormir dans le lit de leur enfant et d’appeler à l’aide lorsque celui-ci a un problème quelconque,

« ce qui s’avère difficile se lamente  une mère interrogée, c’est qu’il n’existe qu’un seul infirmier pour s’occuper du suivi de 50 jeunes malades. »

Le professeur Kamal Bouzid, chef de service d’oncologie dans ce même centre prévient que la garde-malade improvisée court le sérieux risque de s’infecter ou bien d'« avoir un choc » émotionnel.

Relevant le manque criant de personnels paramédicaux, le journaliste de la chaine 3 c'est cette situation, dit-il, qui amène les familles à s’impliquer pour assister leurs proches, concluant que « la santé va mal ».  

Un concours pour les aides-soignants le jeudi 29 décembre  

Pour faire face à ce manque flagrant dans nos hôpitaux, la direction de la formation du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a annoncé l'organisation d'un concours, le jeudi 29 décembre en cours, pour la formation de 6000 aides-soignants à travers le territoire national et d'un autre, le vendredi 30, pour la promotion de 415 auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation.

Linda Barki, sous directrice au ministère de la Santé, a indiqué que ces deux concours, organisés au profit de 6000 aides-soignants, et 415 auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation, s'inscrivent dans le cadre de la stratégie visant à garantir une couverture globale des besoins de l'ensemble des wilayas.

Le concours programmé pour le jeudi 29 décembre en faveur des aides-soignants est le cinquième du genre organisé par le ministère de la santé, a-t-elle précisé, rappelant que chaque promotions comptait entre 6000 et 8000 agents.

Mme. Barki a affirmé que le ministère effectue un état des lieux à travers le territoire national pour définir les besoins de chaque wilaya afin de combler le manque enregistré à l'horizon 2018.

A rappeler que le ministère de la santé a changé le système de formation paramédicale devenue depuis 2011 universitaire, et ce en coordination avec le ministère de l'enseignement supérieur pour être au diapason des mutations que connaît le secteur de santé.

La première promotion du système LMD est sortie en 2015 alors que l'année 2016 a connu la sortie de la deuxième promotion qui comptait plus de 2800 agents paramédicaux de la santé publique au niveau national.

Par ailleurs, l'année 2017 verra la sortie d'une promotion de quelques 700 auxiliaires médicaux en anesthésie réanimation et de la première promotion de sages femmes (prés de 500).

La formation paramédicale au niveau national est ouverte aux bacheliers ayant réussis au concours organisé par le ministère de la santé. Le ministère de l'enseignement supérieur se charge de l'aspect pédagogique.

La formation des aides soignants de santé publique est accessible aux candidats ayant le niveau 3e AS après réussite au concours organisé par le ministère.

Pour rappel, 12000 aides soignants ont achevé leur formation en 2016 en attendant une promotion de 8000 agents en 2017. 

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