Yennayer 2967 : Tlemcen abrite les festivités officielles

Beni Snous, le dernier royaume berbère de Tlemcen

L’Algérie fête, ce jeudi, Yennayer 2967, le nouvel an amazighCette année, c’est la wilaya de Tlemcen (Beni Snous) qui abrite, pour la première fois, les festivités officielles. 

Les traditions et les coutumes de toutes les régions du pays «seront représentées à travers la participation du mouvement associatif et des établissements de jeunesse fortement associés aux festivités», a indiqué  El Hadi Ould Ali, ministre de la Jeunesse et des Sports.

«Le parrainage des festivités marquant la célébration de Yennayer par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika relève d’une véritable volonté politique d’arriver un jour à son institutionnalisation comme un jour férié», a ajouté le ministre à Tizi Ouzou.

El Hadi Ould Ali a précisé lors de sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya que l’octroi d’une dimension nationale à cet évènement à travers sa célébration dans les 48 wilayas du pays et l’implication de plusieurs secteurs (la culture, la jeunesse et les sports, le tourisme, la solidarité, l’éducation) dans la préparation de cette fête n’est qu’un signe de l’engagement de l’Etat algérien à valoriser nos repères identitaires et la culture amazighe en général.

Implication de plusieurs secteurs ministériels dans les célébrations  

Les célébrations du nouvel an amazigh Yennayer 2967 seront marquées par un riche programme de festivités, impliquant "plusieurs secteurs ministériels", et des caravanes culturels qui sillonneront une dizaine de villes du pays, du 11 au 16 janvier, a indiqué lundi à Alger le secrétaire général du Haut commissariat à l'Amazighité (Hca), Si El Hachemi Assad.

S'exprimant lors d'un point de presse, Si El Hachemi Assad a annoncé plusieurs représentations musicales, conférences, expositions, et un petit salon du livre, au programme de ces célébrations qui impliquent cette année, entre autres, "les secteurs de la Culture, de l'Education nationale et de la Jeunesse et des sports en plus des collectivités locales et la protection civile".

Cette "large mobilisation" pour Yennayer 2967 dénote selon Si El Hachemi Assad d'un "réveil identitaire" du citoyen algérien qui s'est "réconcilié avec son histoire".

Le lancement des célébrations est prévu à Alger avec des expositions de livres, d'artisanat et d'art culinaire, des spectacles musicaux, en plus d'une rencontre autour des "connaissances historiques sur la célébration de Yennayer" et d'une parade des éléments de la protection civile.

Les caravanes culturelles se dirigeront le 11 janvier vers Béni Snous à Tlemcen, Touggourt (Ouargla), Batna, Guelma, Béjaïa, Sétif et Tissemsilt où des programme de célébration sont prévus jusqu'au 16 janvier en partenariat avec les collectivités locales, les centres culturels et le mouvement associatif.

Un cours sur la fête de Yennayer sera dispensé dans toutes les écoles du pays qui accueilleront également des activités de célébration du nouvel an amazigh, a-t-il encore précisé.

En collaboration avec l'association culturelle "Numidya" un "festival Yennayer" prévoyant des rencontres thématiques, des représentations artistiques, des cours de Tamazight et des expositions sont également prévus de 10 au 14 janvier à Oran.

Émission de timbres postaux en Tamazight.

Le secrétaire général du Hca a également annoncé la signature, le 11 janvier, d'un partenariat avec Algérie Poste pour l'utilisation du Tamazight dans cette entreprise et l'émission de timbres postaux en Tamazight.

Evoquant le programme du Hca pour l'année 2017, Si El Hachemi Assad a annoncé l'élaboration d'un programme pour célébrer le centenaire de la naissance de l'écrivain, anthropologue et linguiste Mouloud Mammeri (1917-1989) avec, entre autres, la réédition et la traduction vers le Tamazight de ces oeuvres, des colloques et un festival dédié à l'Ahalil à Timimoun.

2017 sera également "l'année de la formation continue" des enseignants de Tamazight, des greffiers du secteur de la justice et des journalistes exerçant en Tamazight, a-t-il indiqué, en plus de la participation à "l'amazighisation de l'environnement" par l'usage de concept signalétiques proposés par le Hca qui a choisi Béjaïa comme wilaya pilote de ce projet. 

La célébration de Yennayer, une tradition bien ancrée dans les us des Médéens

 La célébration de Yennayer est une tradition bien ancrée dans les us et coutumes des Médéens qui ont pris l’habitude d’accueillir l’avènement du nouvel an amazigh dans une ambiance de joie et de partage.

"El-Aàm" ou "El-Djrez" sont, entre autres, les appellations par lesquelles les Médéens désignent le nouvel an amazigh, un moment très attendu par les familles qui le préfèrent d’ailleurs à des fêtes de fin d’année, associées à une autre culture, étrangère à la leur.

Fête populaire par excellence, Yennayer continue de faire de "l’ombre" aux fêtes de fin d’année, dont la célébration y passe presque inaperçue, en raison de l’attachement de la population à une culture unissant les Algériens.

Le slogan choisi cette année pour la célébration du nouvel an amazigh: "Yennayer, héritage commun de tous les Algériens" traduit fort bien ce sentiment d’appartenance à une culture ancestrale commune qui se manifeste à travers différentes formes de célébration, à Médéa ou ailleurs.

Pour marquer le passage à l’An 2967 du calendrier amazigh, une série de manifestations socio-culturelles a été programmée par la direction de la Culture, en collaboration avec le Haut commissariat à l’Amazighité, le Musée des arts et des traditions populaires et la Chambre de l’artisanat et des métiers.

En sus des traditionnelles expositions consacrées aux mets et plats culinaires préparés pour la célébration  de "EL-Aam", organisées du 11 au 15 janvier courant à la maison de la Culture Hassan-el-Hassani, le programme des festivités comprend également des parades, des spectacles et des chantsfolkloriques animés par des troupes venues de différentes régions du pays.

Parmi les troupes annoncées, figurent Iwaghnousen ( Batna ), Izelawen (Ghardaia), Ahaggar (Tamanrasset), Aissaoua (Médéa) et Es-Saada (Alger), dont les prestations vont donner une touche assez particulière à l’évènement et apporter un peu de chaleur, en ces moments de grand froid que connait la région de Médéa.

"El-Aam" est vécu, aussi bien à Médéa qu’à travers les autres communes, comme un grand moment de communion et de solidarité entre familles, mais également avec les plus démunis qui ont droit, eux aussi, à une part des plats et des mets confectionnés à l’occasion de cette fête populaire.

La célébration prend des aires de rite "mystique", notamment au sein de certaines confréries religieuses où des veillées incantatoires et de chants religieux sont organisées au niveau des zaouias et des mausolées, comme le faisaient, autrefois, leurs aïeuls, au début de la saison agricole, priant pour que les prochaines récoltes agricoles soient bonnes et abondantes.

En milieu citadin, "El-Aâm" ou encore "Djrez", se distingue par ses aspects culinaires, symbolisés par des plats traditionnels à base de viande, de poulet et de pâtes faites maison, dont la préparation varie d'une région à une autre.

Les plus prisées restent, sans conteste, le couscous et la chakhchoukha.

Des plats accompagnés, d´habitude, de gâteaux traditionnels, dont les "maâreks" (crêpes à base de semoule), ou encore "rfiss", mélange de galettes de pain, de semoule et de dattes, qui sont servis accompagnés de café et/ou de thé à la menthe durant toute la durée de la fête.

Les Bouiris se mettent à l’heure de Yennayer

Les Bouiris se sont retrempés depuis quelques jours dans l’ambiance de Yennayer (2967), une date importante du calendrier berbère qu’ils célèbrent avec faste chaque année dans un climat de joie, de quiétude et de solidarité et ce, à travers des programmes culturels riches et variés.

Cette année, les préparatifs ont débuté depuis une semaine dans les différentes localités, notamment au chef-lieu de wilaya, à Taghzout, Saharidj, Ait Laâziz, El-Adjiba, Bechloul, M’Chedallah et Chorfa (Est). Comme à l’accoutumée, à chaque fête de Yennayer, les habitants de ces régions perpétuent cette tradition ancestrale à travers une série d’activités retraçant leur patrimoine, identité et civilisation.

A Tassala et Ilyiten, deux villages montagneux relevant respectivement des communes de Taghzout et Saharidj, une ambiance bon enfant régnait mercredi dans les principales ruelles, où le mouvement associatif local et les citoyens s’apprêtaient à installer leurs étales et tables en vue d’exposer, à cette occasion, leurs produits du terroir, habits traditionnels, plats culinaires et bijoux traditionnels, livres et plantes médicinales.

La nouveauté de Yennayer 2967, c'est l'organisation, à Tassala, de la dictée en langue amazighe et ce, dans le but de promouvoir et d’encourager les citoyens à apprendre cette langue nationale, a indiqué à l’APS le président de l’association Thagherma, Mohamed Taibi.

La fête s’élargit à d’autres actions au profit des citoyens

"Yennayer, ce n’est pas uniquement le repas traditionnel ou les expositions habituelles, mais c'est aussi et surtout d’autres actions scientifiques et de sensibilisation", a expliqué le même responsable. A Tassala, 13 associations dont celle de Thagherma, ont invité un groupe de 13 médecins de la wilaya de Tizi Ouzou à effectuer une opération de dépistage (consultation et orientation) au profit des villageois.

Dans leur programme, le collectif d'associations de Taghzout compte également organiser une série de conférences, dont une consacrée à la sensibilisation sur les dangers du gaz de ville sera animée par les services de la Protection civile. Une conférence médicale et une autre sur Yennayer seront animées, entre autres, par des professeurs et chercheurs en culture amazighe, action qui s’ajoute à une exposition-vente des différents produits traditionnels.

Les organisateurs comptent aussi créer une zone pour dresser un manège pour enfants, ainsi qu’un mini parc zoologique pour les visiteurs. "Cette année, la fête de Yennayer drainera plus de 10 000 visiteurs avec le programme que nous sommes en train de préparer", a expliqué M. Taibi.

 Ilyiten, pour la première fois

Un programme presque similaire est en cours de finition au village d’Ilyiten, sur les hauteurs du Djurdjura, par un comité des sages du village composé d’un groupe de jeunes. Le comité est en train d'apporter les dernières retouches pour accueillir les invités de Yennayer, samedi.

"Tout est fin prêt pour fêter Yennayer cette année, un événement qui se veut une occasion pour ancrer la culture d’entraide et de solidarité au sein de notre localité", a confié Bouzid Merzouk, membre du comité organisateur.

"C’est pour la première fois que notre village organise une manifestation officielle pour fêter Yennayer. Nous souhaitons que ce soit une tradition pour nos habitants, appelés à préserver la culture et l’identité amazighes", a-t-il dit.

Au menu de leur programme, une visite guidée des sites archéologiques du village, une conférence sur Yennayer ainsi qu’une rencontre entre les autorités locales, les sages et les notables de cette localité montagneuse, connue pour être un fief de la résistance pendant la guerre de libération nationale.

La chorale des jeunes filles du village sera, elle aussi, présente à cette fête pour présenter ses chants et matières poétiques amazighs, a ajouté M. Merzouk.

L’approche de cette fête continue de créer une ambiance familiale particulière au sein des familles, qui attendent impatiemment cette célébration, censée faire sortir cette bourgade du silence qui la ronge depuis des années.

La direction de la Culture au rendez-vous

La direction de la Culture de la wilaya de Bouira s’est mise, de son côté, de la partie en concoctant un programme varié dont le coup d’envoi a été donné mardi à la maison de la culture Ali Zaâmoum qui abrite une exposition dédiée aux produits artisanaux traditionnels et à laquelle participent une quarantaine d’artisans locaux.

En outre, le siège de la bibliothèque principale de Bouira ainsi que le Théâtre régional Amar Laskri abriteront d’autres activités, à savoir notamment des conférences sur Yennayer, des présentations poétiques et de danse traditionnelle, ainsi qu’un concours du meilleur plat traditionnel, selon les détails fournis par le directeur de la Culture, El-Hachemi Bouhired.

Une exposition du livre amazigh, une dictée en tamazight, une autre exposition d'arts plastiques, des représentations théâtrales et de dessin pour enfants marqueront le deuxième jour de cette manifestation culturelle amazighe, a précisé le même responsable. Des chanteurs locaux animeront, à cette occasion, une série de galas artistiques à la maison de la Culture, a-t-il ajouté.  

 

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