Lamamra : La démocratie en Algérie n’est pas "un slogan de campagne"

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a affirmé lundi à Genève que la démocratie en Algérie "n’est ni un slogan de campagne ni un caprice d’intellectuels", faisant remarquer que la tenue régulière d’élections est "la parfaite démonstration" du pluralisme en Algérie.

"La démocratisation en Algérie n’est ni un slogan de campagne, ni un caprice d’intellectuels. La tenue régulière et dans les délais fixés d’élections libres et transparentes, la diversité de la composante du Parlement où sont représentés 36 partis et une vingtaine d’indépendants, le fonctionnement démocratique des institutions, le foisonnement de l’expression libre des opinions, le développement prodigieux du mouvement associatif sont la parfaite démonstration du pluralisme en l’Algérie", a-t-il expliqué dans sa déclaration introductive à la 27e session du mécanisme d’examen par les pairs du Conseil des droits de l’homme.

Le ministre a illustré la réalité de ce pluralisme algérien par l’existence de 71 partis politiques agréés et de plus de 100.000 organisations non-gouvernementales, un nombre, a-t-il dit, "qui a progressé avec la mise en £uvre des dispositions de deux nouvelles lois à partir de 2012, contrairement à ce qui est rapporté par une littérature peu objective au sujet de présumées entraves à l’agrément d’associations".

Il ajouté que les libertés syndicales sont exercées par 65 organisations et la tripartite, qui a tenu 20 rounds depuis son institution, a été l’occasion pour le patronat, les syndicats et le gouvernement d’examiner et de convenir de formules consensuelles pour préserver l’emploi, renforcer la protection sociale et améliorer la compétitivité, en somme favoriser le dialogue social.

Les libertés de réunion et de manifestation ne sont pas des événements sporadiques pour les partis, les associations ou les syndicats. Il s’agit d’une activité régulière qui reflète la vitalité de la vie démocratique. Toutes les régions d’Algérie connaissent une intense activité qui vise à mobiliser les militants ou les sympathisants autour de programmes et d’idées qu’ils partagent en commun, a-t-il témoigné, soulignant que les mesures qui s’appliquent, "à titre exceptionnel, à la manifestation sur la voie publique à Alger est liée à des considérations propres à la capitale".

"L’Etat ne peut, en sa qualité de responsable de l’ordre et de la sécurité publics, se risquer à les autoriser lorsqu’il est avéré que leurs organisateurs ne remplissent pas les conditions qui concourent à leur déroulement pacifique et sans porter préjudice aux biens des personnes ou être la cible de visées terroristes", a expliqué le ministre d’Etat, faisant constater que les "tristes nouvelles que rapportent régulièrement les médias à travers le monde soulignent la pertinence de notre démarche".

L’Algérie récuse l’uniformité des droits de l’homme  

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a indiqué lors de la présentation du rapport de l'Algérie à Genève que l’Algérie, qui fait sien le principe de l’universalité des droits de l’homme, récuse son uniformité.

"L’Algérie a foi dans le multilatéralisme. Elle fait sien le principe de l’universalité des droits de l’homme. Elle récuse, au nom de la diversité de la composante de la famille humaine, l’uniformité en se fondant précisément sur la reconnaissance des particularités philosophiques, civilisationnelles, historiques, culturelles sociologiques et religieuses.

L’universalité ne doit aucunement signifier unicité et/ou uniformité du modèle d’organisation sociale ou politique", a-t-il souligné dans sa déclaration introductive à la 27e session du mécanisme d’examen par les pairs du Conseil des droits de l’homme.

Pour lui, l’universalité "n’a de sens que si la diversité de la famille humaine est respectée", soulignant que c’est dans ce cadre que l’Algérie considère que le respect aux religions révélées et à leurs représentations "ne doit pas être attentatoire, au nom de la liberté d’expression, aux croyances et aux convictions des centaines de millions de fidèles".

"Je saisis cette occasion pour réfuter l’amalgame entretenu dans de nombreux forums au sujet de la question de +l’orientation sexuelle+ qui est un choix relevant de l’intimité des personnes, pour le présenter comme une discrimination", a-t-il ajouté.

Le ministre d’Etat a estimé que les Etats "n’ont pas vocation, au nom du respect des droits de l’homme, à s’ingérer dans la vie privée de leurs citoyens et encore moins à l’exposer dans la vie publique pour des considérations électoralistes et l’imposer dans les agendas diplomatiques", faisant observer que la liberté de culte et de religion "est garantie en Algérie par la Constitution".

Il a expliqué que l’exercice des cultes, y compris l’islam, "doit obéir des considérations telles que le lieu doit être identifié, répertorié et connu des autorités publiques, les personnes prêchant ledit culte doivent avoir la qualification requise et l’autorité religieuse (nationale) doit autoriser cet exercice, soulignant qu’il n’y a aucune différence en Algérie dans le traitement de l’exercice des libertés religieuses".

"L’Algérie, un pays musulman à majorité sunnite, applique au culte islamique les mêmes conditions que les cultes autres que musulmans. Le même traitement est opposable aux mosquées et à leur gestion, puisque aucune mosquée n’est ouverte et aucun rite n’y est officié sans l’accord préalable du ministère des Affaires religieuses, et uniquement après dépôt d’un dossier assurant sa conformité. Les imams y officiant doivent faire preuve d’intégrité, d’esprit et de langage modérés", a-t-il précisé.

Il a rappelé dans ce contexte que l’entretien et la réhabilitation des lieux de cultes autres que les mosquées "sont pris en charge sur le budget de l’Etat ainsi que les rémunérations des agents du culte, tout comme les imams par le ministère des Affaires religieuses", faisant valoir que les fêtes religieuses, (musulmanes, chrétiennes ou juives), sont célébrées en Algérie et donnent lieu à un repos légal.

Par ailleurs, il a assuré que les cas d’interdiction ou de présumées restrictions, voire de poursuites, "n’ont aucun rapport avec l’exercice des libertés religieuses puisque les personnes poursuivies le sont pour des infractions au droit commun, telles que l’entrée ou le séjour illégal, la collecte non autorisée de fonds, l’exercice illégal d’une profession réglementée ou la promotion de visions sectaires attentatoires à l’ordre public". 

Violences à l’égard de la femme : tolérance zéro observée par la justice algérienne

Une tolérance zéro est observée en matière de violences à l’égard de la femme par la justice, laquelle, saisie par la victime, enclenche les poursuites contre le contrevenant, a indiqué, en outre, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra.

"La répression de toutes les formes de violences à l’égard de la femme en tous lieux et en toutes circonstances dans la sphère privée, dans le monde du travail ou sur la voie publique, à la faveur des amendements qu’a connus le Code pénal. Une tolérance zéro est observée à ce sujet par la justice, laquelle, saisie par la victime, enclenche les poursuites contre le contrevenant, a-t-il fait savoir dans sa déclaration introductive à la 27e session du mécanisme d’examen par les pairs du Conseil des droits de l’homme.

Il a expliqué qu’une stratégie dédiée à la question se propose de prévenir la violence dans les différents milieux et d’apporter des réponses aux victimes en s’appuyant sur le dispositif mis en place par les pouvoirs publics ou par la société civile qui développent des actions de proximité en matière d’information, de conseil, d’assistance, d’insertion et de réinsertion et de promotion des droits, ajoutant qu’un Conseil national de la femme veille à la promotion des droits des femmes et a été l’initiateur de la mise en place par l’Etat d’un Fonds dédié au versement de la pension alimentaire aux femmes divorcées.

Le ministre d’Etat a souligné que la condition de la femme est un sujet figurant en bonne place parmi les priorités des pouvoirs publics en Algérie, notant qu’un "long chemin a été parcouru pour donner effet, après l’indépendance, au combat émancipateur du peuple algérien et auquel la femme a été partie prenante".

Concernant l’enfance, il a affirmé qu’elle est "au coeur des préoccupations du gouvernement algérien", mettant en valeur que la politique volontariste menée depuis l’indépendance ainsi que les réformes multisectorielles entreprises ces dernières années pour promouvoir les droits fondamentaux de l’enfant ont donné des "résultats probants".

Mises en £uvre dans le cadre de plans d’action intersectoriels, ces actions ont visé en particulier, l’amélioration du statut nutritionnel de l’enfant, la réduction de la mortalité infantile, la vaccination obligatoire, l’accès universel à l’éducation fondamentale, l’assistance aux enfants vivant dans des conditions difficiles et ceux en conflit avec la loi, a-t-il dit.

Par ailleurs, a-t-il indiqué, en application de la Convention relative à la criminalité transnationale organisée, les infractions de traite des personnes et de trafic illicite des migrants sont désormais prévues et réprimées par le code pénal, précisant que l’Algérie prend en charge également toutes les autres questions concernant la femme et l’enfant notamment en matière de mariage et de travail forcés.

Il a expliqué que l’Algérie, qui est devenue un pays de destination pour nombre de déplacés et de réfugiés, a mis en place un organe national ad hoc pour le suivi de ces questions dérivées de la crise migratoire.

"L’Algérie a été et restera une terre d’hospitalité. Elle mesure les défis que rencontrent les pays de son voisinage et leur exprime, en chaque circonstance, sa solidarité multiforme lorsqu’elle ne les accompagne pas, à leurs demandes, dans leurs processus nationaux de réconciliation nationale", a soutenu le chef de la diplomatie algérienne, soulignant que cette position "n’est dictée par aucun agenda diplomatique".

"Elle constitue la manifestation de la fraternité du peuple algérien qui ne s’est à aucun moment départi du devoir de solidarité avec les autres. Toutefois, l’Algérie ne saurait tolérer que son territoire devienne un lieu où proliféreraient des activités criminelles ou illicites. Tous ceux qui, comme partout ailleurs, abuseraient de cette hospitalité se verront appliquer la loi", a-t-il conclu. APS

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