Contrôle de la qualité : une virée avec une équipe de contrôleurs dans le quartier de Bab el Oued à Alger

Le Ramadhan, mois de piété et de dévotion, constitue, aussi, une aubaine pour certains commerçants véreux qui cherchent à s'enrichir au prix de violations flagrantes des normes d'hygiène, mettant ainsi en danger la santé des consommateurs.

Ahcène Chemache, journaliste de la Chaine 3, a accompagné des contrôleurs de la wilaya d’Alger dans leur virée surprise à Bab el Oued, l’une des communes les plus peuplées de la capitale. Ce qui en ressort donne froid dans le dos.

Pénétrant dans cette ville, où les vendeurs à la sauvette squattent les trottoirs exigües pour étaler leurs marchandises, le journaliste est, d’emblée, frappé par la prolifération de l’informel. « Le pain et la Zlabia sont exposés à l’extérieur », constate-t-il.        

L’équipe de contrôle fait sa première halte devant une boucherie. Le boucher a occupé une bonne place du trottoir pour exposer… de la viande et des abats à l’air libre. « Vous n’avez pas le droit d’exposer de la viande de cette manière. C’est un produit périssable et vous devez le mettre dans un frigo », l’interpelle une contrôleuse. En accédant à l’intérieur de la boucherie, l’équipe du ministère du commerce constate plusieurs autres irrégularités. « Elle est où la vitre du frigo», demande avec stupéfaction la contrôleuse qui en se penchant découvre que la température est réglée à 12° au lieu de 6°.

Des frigos réglés à une température de 12° C au lieu de 6°C
« Je n’ai  pas les moyens d'acheter un nouveau frigidaire !», réplique le boucher qui demande une aide de l’Etat pour équiper convenablement sa boutique. Avant de quitter la boucherie, l’équipe de contrôle verbalise le contrevenant et procède à la destruction de 15 Kg de viande.

Poursuivant leur virée, les contrôleurs s’introduisent discrètement dans un magasin d’alimentation générale. Une fois à l’intérieur, tandis que les autres membres de l’équipe font le tour des étalages, la contrôleuse se dirige droit vers le frigo où sont entassés les produits frais. Après un coup d’œil circulaire, elle appelle le commerçant. « La température de votre frigo est réglée à 13°, vous savez que pour maintenir au frais les yaourts, il faut les conserver dans une température qui n’excèdent pas les 6° ?». Le commerçant reste muet et prend, sans rechigner l’amende que lui présente un agent.

Durant toute la sortie, les agents de contrôle ont relevé de nombreuses infractions, affirme le journaliste de la Chaine 3. Conformément aux règlementx, ils ont verbalisé plusieurs contrevenants… mais sans ressentir la moindre satisfaction, car, indiquent-ils, « la plupart d’entre ces contrevenants sont des récidivistes».

« Faites autant de PVs que vous voulez, nous avons du piston »  

Se disant désarmés face à la prolifération de ces pratiques frauduleuses, les contrôleurs n’ont pas manqué l’occasion de dénoncé « le piston » qui aggrave la dégradation de l’activité commerciale. « Ce sont des récidivistes qui ne sont jamais punis », déplore la contrôleuse en témoignant que « certains d’entre eux, nous disent carrément faites autant de PVs que vous voulez, nous avons du piston ».   

Déplorable situation qui s’explique, bien évidemment par le manque de rigueur des opérations de contrôle. Mais que peuvent 10.000 contrôleurs répartis sur le territoire national face à la multiplication des fraudes commerciales. En plus de l’urgence de renforcer ces services de contrôle, il est impératif de mettre des mécanismes de lutte contre les passe-droits qui banalisent la fraude et laissent impunis ces commerçants véreux… En attendant, les consommateurs n'ont d'autre choix que de se prendre en charge pour préserver leur santé et celle des leurs.       

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