Le politologue Abdellaziz Djerrad : le conflit latent Ryad - Téhéran en arrière plan de la crise entre le Qatar et ses voisins du Golfe

Les récentes tensions créées entre l’émirat du Qatar, accusé par ses voisins du  Golfe de soutenir le terrorisme, ont été le point fort, développé dimanche, par le politologue Abdellaziz Djerrad, durant l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne.

L’intervenant rappelle que cette crise a débuté après la vive polémique suscitée par les propos de l’émir du Qatar critiquant la volonté de l’Arabie Saoudite d’isoler diplomatiquement l’Iran.  

Les propos du Qatar à propos de l’Iran ne serait-ils qu’un prétexte pour isoler celui-ci ? L’intervenant est affirmatif mettant trois éléments fondamentaux en avant qui, selon lui, expliquent la situation qui vient de se créer entre ce pays et ses voisins.

Il note qu’en plus du reproche fait au Qatar de soutenir les Frères Musulmans partout dans le monde, Ryad considère que son allié a dépassé une « ligne rouge » en se rapprochant de l’Iran, considéré comme son « ennemi héréditaire » et que, de surcroit, Doha remet en cause son leadership dans des domaines économique et géopolitique.

A propos d’un éventuel affrontement militaire entre les deux belligérants, l’invité considère qu’en matière de géopolitique il faut imaginer « tous les scénarios », observant que dans le cas présent on s’en remet à une « escalade » dans les propos, qui va inciter d’autres pays à intervenir « pour calmer le jeu ».

Pour autant, il n’exclurait pas un scénario donnant lieu à une rupture plus grave remettant en cause le régime du Qatar, « ce qui est difficile, faute d’alternative ».

Le professeur Djerrad voit la situation créée dans cette partie du monde comme un nouveau facteur de déstabilisation du Monde Arabe et Musulman », dans la lignée de ce que l’on a appelé les « Printemps Arabes » et, ajoute-t-il, profite  « aux multinationales, aux pays occidentaux, avec à leurs têtes les Etats-Unis et Israël ».

En réalité, déclare-t-il, à travers le Qatar, « maillon faible dans la région », le pays qui est ciblé est en réalité l’Iran, avec lequel celui-ci partage un important gisement de gaz, une raison qui conforte, d’ailleurs, les relations diplomatiques et commerciales liant les deux Etats. 

En toile de fond, et reprenant en cela des analyses politiques, il explique que cette tension illustre en réalité le conflit latent entre Sunnisme Saoudien et Shiisme Iranien risquant, à tout moment, de déboucher sur une guerre régionale et des répercussions mondiales.

 

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