Irak : un festival pour aiguiser l'appétit de lecteurs

Assis sur les bords du Tigre, des lecteurs, hommes et femmes de tous âges, viennent feuilleter des romans, essais philosophiques ou de poésie : à Bagdad, le temps d'une journée, un festival a mis la lecture à l'honneur.

Pour sa 5ème édition, le festival « Je suis Irakien, je lis », a voulu redonner tout son sens au proverbe en distribuant 15.000 livres récoltés gratuitement et offerts à tous », explique un volontaire, Moustapha Al-Katib.

Autour de longues tables recouvertes de nappes rouges, aligne des livres vers lesquels des mains se tendent à chaque fois qu’il sort des cartons un roman, un manuel technique ou juridique, un traité religieux, de géographie ou un recueil de poésie.

Hussein Ali, étudiant en droit de 23 ans, était déjà venu alimenter sa bibliothèque, l'année dernière, dans le parc Abou Nouwas, du nom du célèbre poète Arabe.

Il déclare espérer que ce type d'événement culturel se poursuivra, en raison du manque de lieux culturels et d'espaces d'expression en Irak, où 60% de la population a moins de 25 ans. 

Touqa Mohammed, une juriste en devenir, veut aussi du « changement ». Attraper un livre au hasard parmi ceux distribués, « c'est encore mieux, c'est comme une nouvelle aventure »", lance-t-elle dans un sourire.

Mountazer Jawad est venu spécialement de sa province de Diwaniyah, à 200 kilomètres de la capitale, pour faire le plein de livres. Si lire est à la portée de tout un chacun, être publié n'est pas donné à tous, affirme ce jeune homme.

A 20 ans, il affirme avoir de nombreux écrits, « dont trois romans ». Mais, dit-il, « pour les jeunes auteurs, il est très difficile d'accéder à une aide pour être imprimé et édité".

Passionné de littérature, il a dû renoncer à des études dans cette branche, au profit d'un diplôme en gestion et administration.

Dans et autour du parc, la présence de nombreux policiers est là pour rappeler que la sécurité en Irak, où chaque jour, une attaque ensanglante une ville ou une localité du pays, est loin d'être rétablie.

Touqa Mohammed, gilet foncé sur sa chemise à carreaux rouge et noir, se félicite de voir de nombreux jeunes réunis autour de la lecture, « car c'est un moyen de faire changer la société ». 

En surplomb, une statue se dresse: celle de Shéhérazade, la princesse des Mille et une nuits, contant au sultan Shahriar une nouvelle épopée. Une histoire qui lui permettra de rester en vie une nuit de plus.  

Monde, Asie