Statut d'El Qods: condamnations et réunions sur fond d'inquiétude pour l'avenir de la paix

La décision du président américain, Donald Trump, de reconnaitre El Qods comme capitale d'Israël continue de susciter la colère des Palestiniens et des réactions de réprobation bien au-delà du Moyen-Orient, à tel point que nombre d'organisations internationales ont décidé de se réunir d'urgence en vue d'agir face aux nouveaux développements qui risquent d'ouvrir la voie à un nouvel épisode d'embrasement.

L'Algérie, qui a pris connaissance des faits avec une "très grande préoccupation" a dénoncé "avec force" cette grave décision en ce qu'elle constitue une "violation flagrante" des résolutions pertinentes du Conseil  de sécurité et de la légalité internationale, et en ce qu'elle remet en cause toute possibilité de relance d'un processus de paix depuis trop longtemps à l'arrêt. 

"Cette décision fait peser, en conséquence, de lourdes menaces sur la paix, la sécurité et la stabilité d'une région névralgique déjà fortement meurtrie", souligne un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que les Etats-Unis ne pouvaient plus jouer le rôle d’intermédiaire de la paix, en affirmant que l’annonce de Trump "ne changera rien à la situation d’El-Qods, la capitale éternelle de l’Etat de Palestine".

Au niveau régional, le gouvernement de Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à El Qods, a dénoncé "une violation du droit international".

Pour Amman, cette démarche "fait monter les tensions, consacre l'occupation (...) israélienne depuis 1967 de la partie Est de la ville sainte...".

L'Arabie saoudite a, de son côté, regretté la décision jugeant qu'elle est "injustifiée et irresponsable". Le roi Salmane d'Arabie saoudite y voit un  "pas dangereux" susceptible de provoquer la colère des musulmans à travers le monde.

Dans la foulée des réactions, la décision américaine a suscité une réaction similaire au Canada, qui a estimé que "la question du statut d'El-Qods ne peut être résolue que dans le cadre d'un règlement général du conflit israélo-palestinien".

Au niveau européen, le Royaume-Uni n'est "pas d'accord" avec la décision qui n'est "d'aucune aide" pour le processus de paix avec les Palestiniens, a déclaré mercredi la Première ministre britannique, Theresa May.

Depuis Alger, le président français Emmanuel Macron a, quant à lui, qualifié de "regrettable" la décision du président américain Donald Trump. 

Le président américain s'est également attiré les foudres des ténors du parti démocrate au Congrès qui sont montés au créneau, affirmant qu'une telle démarche est à même d’enterrer définitivement le processus de paix au Moyen-Orient.

La décision "compromettrait les perspectives d'un accord de paix israélo-palestinien et endommagerait gravement, peut-être irrémédiablement notre médiation (américaine)", a indiqué Bernie Sanders, le candidat démocrate à la présidentielle de 2016.

 ONU, Ligue arabe et l'OCI se réunissent pour agir

Les derniers développements ont mené le Conseil de sécurité de l'ONU à convoquer d'urgence une réunion vendredi matin sur la décision unilatérale prise par Donald Trump.

Cette réunion a été demandée par huit pays sur les 15 formant le Conseil de sécurité, alors que la Ligue arabe devrait se réunir samedi en séance extraordinaire.

En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan qui assure la présidence tournante de l'Organisation de coopération islamique (OCI) a décidé de convoquer mercredi 13 décembre les 57 membres pour agir face aux nouveaux développements.

Pour le mouvement Hamas, les Etats Unis ont "ouvert les portes de l’enfer pour les intérêts américains dans la région", appelant les pays arabes et musulmans à couper les liens politiques et économiques avec les Etats-Unis.

Tous les présidents américains qui se sont succédés à la Maison Blanche depuis 1995 ont signé des dérogations pour reporter l'application d'une loi  portant ce déplacement, sans jamais, toutefois,  penser à l'annulation pure  et simple ce texte. La loi en question avait été adoptée par le Congrès sous l'administration de l'ancien président américain Bill Clinton, soit 22  ans avant l'arrivée de Donald Trump.     

Le statut définitif du troisième lieu saint de l'islam a toujours été au cœur des négociations prévues dans la processus de de paix au Moyen-Orient.

M. Trump a, par ailleurs, ordonné de préparer le transfert de l'ambassade des Etats-Unis à El-Qods, sans fixer de calendrier pour ce déménagement qui devrait prendre des années.

Pour rappel, la communauté internationale qui s’oppose à la démarche des Etats-Unis n’a jamais reconnu El-Qods occupé comme capitale d’Israël ni l’annexion de sa partie orientale en 1967. 

Dans la résolution 2334, adoptée le 23 décembre 2016, le Conseil de sécurité "souligne qu'il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières  du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne El-Qods, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations".  

                 

 

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