Vandalisation de la statue d’Ain El Fouara, à Sétif : réactions de dénonciations et de sympathie

Les sérieuses dégradations dont a été l’objet, lundi, la statue de Ain El Fouara, un monument symbole de la ville de Sétif, donnant à voir une femme dénudée, ont provoqué une vague d’indignation et de récriminations à travers l’Algérie et jusque au sein de la communauté Algérienne installée à l’étranger.

Immédiatement après cet acte condamnable, le ministère de la Culture a diligentée une délégation d’experts sur les lieux, pour constater les dégâts qui y ont été portés et décider s’il faut réparer cette statue ou bien en réaliser une fidèle copie.

Commentant cette attaque à l’encontre de cette figure emblématique de la capitale des Hauts Plateaux, le directeur de l’Agence de réalisation des projets culturels, Fayçal Ouaret, signale qu’il a donné lieu à un ample mouvement de sympathie de la part de nombreux nationaux.

Il rappelle que la population de Sétif a scellé des liens harmonieux avec cette statue et que, contrairement avec ce que certains laissaient à croire, il n’y a eu aucun sentiment d’idolâtrie à son encontre, mais plutôt une sorte de  «rapport   intime».

A travers cette statue réalisée vers 1898 par l'artiste Francis de Saint Vidal, on ne voyait pas dit-il une femme nue mais pour certains presque comme un membre de la famille, que des femmes venait couvrir de henné à l’occasion de certaines fêtes traditionnelles».

Ce n’est, poursuit-il, qu’à partir des années 90 qu’a commencé à se manifester une sorte de rejet à son encontre. Mais cela n’empêchait pas qu’en période d’été, en particulier, la fontaine du haut de laquelle la sirène donnait l'impression de vouloir, elle aussi, se désaltérer, donnait lieu à un « considérable engouement » qui rendait son approche malaisé, en raison des nombreuses gens qui venaient s'y agglutiner tout autour pour boire de son eau.

M. Ouaret rappelle qu'au cours de ces dernières années, de nombreux jeunes avaient pris l’habitude d’y grimper pour s’y faire photographier alors que par le passé seul un ressortissant Italien, sculpteur de son état, était autorisé à pénétrer dans le lieu afin de procéder à la toilette de la statue.

Mais ce n’est pas la première fois que la «femme dénudée» a eu à subir des outrages. L’intervenant rappelle qu’après une première attaque, en 1997, provoquant la consternation de Sétifiens, « qui condamnaient et pleuraient à chaudes larges », un ancien condamné à mort dans la prison de Lambèse avait fait le serment de lui redonner vie.

«Tous de suite après cet acte, indique-t-il, cet acte donna lieu une large mobilisation destinée à la restaurer». Un travail qui, à l’époque, avait été confié à un travailleur de la mine de marbre du Khroub, dans la wilaya de Constantine.

Au-delà des condamnations suscitées par cette nouvelle attaque, fait-il remarquer, beaucoup de gens se sont manifestés pour demander ce qu’il y avait  lieu de faire.

« De jeunes architectes de Sétif, installés en France se sont, indique-t-il, déclarés prêts à ramener des équipes de sculpteurs pour redonner vie à la statue», alors que d’autres manifestaient leur volonté de contribuer financièrement au travail de restauration de ce monument. 

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