Tunisie : après une semaine de troubles sociaux, des mesures sociales annoncées

Ph.DR

Le gouvernement tunisien a annoncé une série de mesures sociales, dont l'augmentation des allocations familiales, la gratuité des soins médicaux, et la promotion de l'emploi, après une semaine de contestation sociale alimentée par des difficultés économiques, sept ans après la «révolution tunisienne» du 14 janvier 2011.

Ces nouvelles mesures ont touché l'allocation sociale en faveur des familles nécessiteuses, qui passe de 150 dinars (50 euros) à 180 et 210 dinars (60 et 70 euros) en fonction du nombre d'enfants, soit une augmentation d'au moins 20%, a indiqué à la presse le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi.

Le plan, a-t-il dit, prévoit également que l'Etat puisse se porter garant pour 500.000 familles aux revenus instables afin qu'elles puissent obtenir un prêt auprès de la banque pour se loger, et «garantit une couverture médicale pour tous les Tunisiens sans exception», a-t-il ajouté.  

Une source gouvernementale a précisé que ces mesures seraient appliquées dès cette année. D'autres mesures à caractère social ont été prises au terme d’un conseil ministériel samedi soir.

Destinée aux catégories démunies et à revenu limité, elles prévoient, selon le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi, l'instauration à partir du 1er avril 2018, de la gratuité des soins médicaux au profit des jeunes chômeurs. Cette mesure devrait englober environ 600 mille jeunes chômeurs.

Il est prévu aussi l'augmentation à «180 dinars» du montant de la pension de retraite minimale mensuelle, une décision qui devrait profiter à 220 mille retraités.

D’après le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Mabrouk Kourchid, le gouvernement devait aussi annoncer, ce dimanche 14 janvier, date anniversaire de la «révolution tunisienne», une batterie de mesures en faveur de la promotion de l’emploi, et ce au terme d'une semaine de contestation qui a dégénéré en émeutes dans certaines villes tunisiennes, après l'entrée en vigueur du budget 2018 qui prévoit des hausses de prix. Les manifestants réclament de revoir le budget d'austérité voté en décembre, ainsi qu'une lutte plus efficace contre la corruption.

Les évènements en Tunisie «ont été exagérés»
Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a rencontré samedi les parties signataires du «Document de Carthage» à Tunis pour discuter des moyens de sortir de la crise. Ce document, appelé également le Pacte de Carthage, définit les priorités du gouvernement d'union nationale tunisien, signé en juillet 2016 par les parties prenantes aux concertations, dont est issu l'executif actuel dirigé par Youssef Chahed.  

A l’ouverture de la réunion, Caïd Essebsi a indiqué que le Document de Carthage est «ouvert au débat» pour l’améliorer, tout en tenant compte de la situation que traverse, actuellement, la Tunisie. 

Après avoir reconnu une lenteur dans l’exécution de certains projets, telle la mise en place de certaines instances constitutionnelles, dont la Cour constitutionnelle, Caïd Essebsi a insisté sur la nécessité de parachever ces institutions et d’engager, réellement, les réformes socioéconomiques qui, selon lui, ont pris «beaucoup de retard».

Il a en outre déclaré que les évènements de ces derniers jours en Tunisie «ont été exagérés par la presse étrangère», estimant que certaines «sensibilités politiques recourent à cette même presse, croyant, à tort, qu’elle peut être influente (...) Mais, ceux qui nous importent vraiment ce sont les partis et les organisations nationales et nuls autres».

Selon l'agence de presse tunisienne TAP, les secrétaires généraux de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) entre autres ainsi que les dirigeants des partis Nidaa Tounes, Ennahdha, Machrou Tounes, Al-Massar, Al-Moubadara et l'Union patriotique  libre (UPL), ont pris part à la réunion.

Ces mesures du gouvernement tunisien au profit de la classe sociale interviennent alors que la Tunisie a bouclé la septième année après la «révolution» de janvier 2011, marquée par un mouvement de protestation contre le chômage et la vie chère, ayant conduit sous la pression de la rue, au départ du l'ancien président l'ancien Ben Ali le 14 janvier 2011.  

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