La société civile sahraouie interpelle Macron sur les violations des Droits de l'homme

La Coordination des associations et Comités sahraouis (CAT) a interpelé le président français, Emmanuel Macron, sur les violations des droits de l'homme au Sahara occidental occupé, où les autorités marocaines continuent de bafouer des pactes et conventions fondamentaux dont des textes ratifiés par le Maroc. 

Dans une lettre adressée au président Macron, le CAT a tenu à rappeler au président français qu'il avait déclaré que la position de la France concernant le conflit du Sahara occidental "était connue et ne changerait pas, alors que depuis des années Paris s’oppose à ce que la 

Mission des Nations-Unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (MINURSO) soit dotée du volet de surveillance de la situation des droits humains".

"Vu l’influence de la France sur la résolution de la situation de notre pays, inscrit par l’ONU sur la liste des territoires non-autonomes, il nous semble important de vous informer sur la situation de notre peuple dans les territoires occupés depuis l’invasion marocaine en 1975", a souligné la CAT, regrettant que "les droits fondamentaux édictés par les Nations-Unies dans des pactes ratifiés par le Maroc, sont bafoués par les autorités marocaines au Sahara occidental occupé"

Dans la même missive, il est rappelé que le plan de paix adopté par l'ONU et l'OUA (Organisation de l'union africaine, actuellement UA) prévoyait la tenue d'un référendum en janvier 1992, alors que 25 années plus tard, il n’a pas vu le jour et "les manifestants pacifiques qui réclament l’application de ce droit imprescriptible et inaliénable, sont systématiquement et violemment réprimés".

 Arrestations et soupçons de tortures

La coordination a relevé également la persécution dont ont fait l'objet des centaines de citoyens sahraouis. Des activistes du droit à l’autodétermination et des droits de l’homme, journalistes, blogueurs, syndicalistes sont arrêtés, incarcérés, torturés, humiliés en public et dans les locaux des administrations policière et judiciaire.

L’Etat marocain persiste à interdire l’accès au Sahara occidental aux observateurs internationaux afin de documenter les violations des droits de l’Homme. Elle a également fait état de l’expulsion ou l’interdiction d’accès à plus de 120 observateurs internationaux de diverses nationalités depuis 2014. Le dernier cas en date était l’expulsion de deux universitaires japonais le 29 décembre 2017.

L'objectif du collectif de la société civile était également d'interpeler le chef de l'Etat français sur la question du droit à une justice équitable.

"La Justice marocaine enfreint régulièrement ses lois et les conventions internationales ratifiées par l’Etat marocain. Il en fut ainsi des procès des 25 prisonniers du groupe de Gdeim Izik qui ont été arbitrairement traduits devant le tribunal militaire de Rabat, puis devant la Cour d’appel à Salé, alors que les faits retenus contre eux se sont déroulés à proximité d’El aâyoun occupée et qu’ils auraient dû être jugés par le tribunal de cette ville en application du droit international humanitaire qui prévoit que les ressortissants d’un territoire occupé ne peuvent être jugés dans le pays qui les occupe".

C’est ce qui a conduit le Comité contre la torture de l’ONU à condamner le Maroc, suite à la plainte du militant et juriste Naâma Asfari, condamné à 30 ans de prison, rappelle encore la CAT, appelant le Maroc à libérer et à indemniser l’intéressé, qui non seulement incarcéré, mais il est depuis, l’objet d’une plainte pour diffamation.

Appel à respecter la décision de le Cour de justice européenne

 Le collectif évoque également les dépassements dont sont victimes de nombreux défenseurs des droits de l’homme "licenciés arbitrairement de leur emploi pour leurs activités politiques".

"Des centaines de diplômés-chômeurs manifestent régulièrement dans les villes sahraouies pour revendiquer leur droit au travail. Ils dénoncent la discrimination contre eux lors de l’embauche dans des secteurs d’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental (pêche, mine de phosphate et d’or, agriculture), lit-on dans la lettre. Il y a en outre les atteintes au droit au respect de la culture et l’histoire. Les programmes du système éducatif marocain ne tient pas compte du statut juridique du Sahara occidental, ni de l’histoire de ses symboles historiques. 

La CAT tente en outre d'attirer l'attention du président Macron sur le fait que l'Etat marocain persiste dans sa politique d'épuisement des ressources naturelles, en particulier le phosphate, avec une production allant jusqu'à 3 millions de tonnes par an, et attire la main-d'oeuvre marocaine en occultant les habitants Sahraouis.

Aussi, lit-on dans le texte, les stocks de poissons au large des côtes du Sahara Occidental connaissent une "surexploitation", due à des décennies de pêche intensive illégale par les flottes marocaines et étrangères, en particulier les flottes de l'Union Européenne.

C’est pour quoi, la CAT demande au président de "mettre un terme à cette anomalie et à cette injustice, en tant que chef d'Etat membre du Conseil de sécurité, et de connaître et respecter les obligations du droit international pour aider le peuple sahraoui à lui permettre de déterminer librement son sort par la garantie de son droit fondamental a l’autodétermination". 

Et aussi en tant que membre et pays fondateur de l’Union Européenne, nous vous demandons de respecter la décision de la Cour européenne de justice et d'arrêter les manoeuvres françaises impliquées dans l'épuisement des ressources naturelles de ce peuple sans son consentement ni le consentement de son légitime et unique représentant le Front Polisario. APS

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