L'UA procèdera mercredi à Kigali au lancement officiel de la Zone de libre échange continentale

L’Union africaine procédera ce mercredi au lancement officiel de la Zone de libre échange continentale (ZLEC) lors  d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, prévu dans la capitale du Rwanda, Kigali.

Ce sommet, convoqué par le chef d’Etat rwandais, Paul Kagamé, président  exercice de l’UA, devrait aboutir à la signature par les pays membres du traité de lancement du processus de la zone de libre échange continentale.

Ce projet constitue l’un des axes prioritaires de l’Agenda 2063 de l’UA, qui avait tracé une nouvelle vision du développement du continent sur les cinq prochaines décennies en s’appuyant sur une croissance inclusive et un développement durable.

L’Agenda se fixe pour objectif notamment de bâtir "une agriculture moderne pour une production, une productivité et une valeur ajoutée plus grandes,  contribuant à la prospérité nationale et à la sécurité alimentaire  collective de l’Afrique", estimant que l’économie africaine devrait  "contribuer grandement" à la transformation et à la croissance du continent à travers la valorisation de plusieurs secteurs et domaines d’activité, de même que l’exploitation de nouvelles ressources.

D’ici 2063, les pays africains ambitionnent d’être "parmi les plus performants, en termes de mesures de la qualité de vie dans le monde grâce à des stratégies de croissance inclusive, la création d’emplois,  l’augmentation de la production agricole, des investissements dans la  science, la technologie, la recherche et l’innovation, ainsi que la fourniture de services de base".

A cet égard, la présidente du Conseil des représentants permanents de l’UA  (CRP) a indiqué, lors de la réunion de cette institution, en préparation au sommet de Kigali, que la mise en place de la zone de libre échange  constitue une "priorité essentielle" pour l’Organisation panafricaine.

Il s'agit, a-t-elle expliqué, d'un "projet phare" de l'Agenda 2063 visant à "assurer l'intégration, la paix et la prospérité" du  continent.

De son côté, le commissaire de l’UA en charge du Commerce et de l’Industrie, Albert Muchanga, a estimé que "l’industrie naissante africaine  et sa classe moyenne vont bénéficier de l’élimination progressive des droits de douane entre membres de la zone de libre échange", faisant observer que "seulement 16% du commerce des pays africains s’effectue actuellement avec d’autres pays du continent " et que "si nous enlevons les droits de douane d’ici 2022, le niveau de commerce intra-africain aura  augmenté de 60%, ce qui est très significatif".

Il a émis le souhait de voir chaque pays membre de l’Union africaine adhérer à la zone de libre-échange continentale.

Abondant dans le même sens, le vice-président de la Commission de l'UA, Quartey Kwesi, a qualifié de "fort symbolisme politique" ce sommet extraordinaire avec une Afrique qui "prend en main ses propres affaires".

Selon lui, "la voix de l'Afrique doit résonner avec la mise en oeuvre efficace de projets de dimension continentale qui contribuent au développement du continent, notamment par la consolidation de son intégration et de son unité".

Les négociations en vue d’établir une zone de libre-échange continentale ont été lancées lors du sommet de l’UA qui s’est tenu en juin 2015 à Johannesburg (Afrique du Sud), mais le calendrier des négociations est lié au fait que la mise en oeuvre du Traité d’Abuja, qui sert de base juridique pour les négociations, a pris du retard.

Le sommet de Johannesburg avait décidé que les négociations devraient englober le commerce de marchandises et celui des services, ainsi que l’investissement, les droits de propriété intellectuelle et la politique de concurrence.

Selon une étude de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, "la conclusion et la mise en £uvre fructueuses d’un accord sur la zone de libre échange, complétées par des efforts visant à améliorer les infrastructures liées au commerce et les procédures douanières, ainsi qu’à réduire les coûts de transit et autres coûts des échanges, pourraient entraîner une hausse de 52%, soit environ 35 milliards de dollars du commerce intra-africain d’ici 2022".

Toutefois, il est recommandé aux Etats africains de mettre l’accent plus particulièrement sur des "arrangements" à l’échelle continentale et d’inscrire l’ambition d’arriver à un accord sur la zone de libre échange "dans un délai ne dépassant pas les deux ans", d’autant que la faiblesse du réseau d’infrastructures sur le continent constitue "l’un des grands obstacles au développement du commerce intra-africain et aux investissements" .

Avec le lancement de la ZLEC, estiment de nombreux économistes, "les pays africains auront démontré toute leur volonté d’aller vers une intégration réussie permettant la concrétisation de projets en commun", ajoutant que la mise en place de ce projet marque "le début d’un nouveau processus qui pourrait rapprocher l’Afrique de ses objectifs de développement et de la réalisation des aspirations de l’Agenda 2063".

Outre les bénéfices qui en découleront, la mise en oeuvre d’un accord sur la zone de libre échange est considérée par ces mêmes experts en économie comme "un signal de la détermination du continent à rompre avec les récits négatifs du passé pour se tourner vers un avenir fondé sur une prospérité partagée". APS

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