Finance islamique : les autorités disposées à encourager les transactions financières hors usure ou "riba"

Le président du Haut conseil islamique (HCI), Bouabdallah Ghoulamallah, a affirmé mardi à Tipasa la disponibilité des autorités publiques à encourager les transactions financières hors usure ou "riba", estimant que la loi de finances 2018 a introduit des "ouvertures" dans ce sens.

"Nous avons effectivement ressenti une disponibilité, tant auprès du Gouvernement que des banques, pour l'encouragement du produit national et la réduction de l'importation", a souligné M. Ghoulamallah, dans son intervention lors de la Conférence internationale sur la finance islamique, abritée par le Centre universitaire de Tipasa, sous le signe " La conversion vers la finance islamique en Algérie.. fondements et mécanismes".

Cette disponibilité s'est traduite" par l'investissement dans la masse monétaire se trouvant hors banques", à cause du "rejet", par certains operateurs des "transactions englobant des taux d'usure (riba)", a-t-il poursuivi.

Le Haut conseil islamique, qui a travaillé sur ce dossier depuis son installation, a "proposé un projet pour l'amendement de certaines lois, aux fins de les adapter aux règles de l'économie islamique", a ajouté le président du HCI, assurant que les autorités publiques se sont montrées "intéressées par le projet" et partant pour l'ouverture du champ aux transactions financières "sans taux d'usure".

Pour sa part, le président de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers, Boualem Djebbar, a souligné l'impératif de l'"extension et de l'élargissement de la finance islamique en Algérie", et ce conformément, a-t-il dit, " à une stratégie visant la couverture des besoins du marché et les exigences des clients", notant que deux (2) banques en Algérie appliquent actuellement les principes de la finance islamique, soit la Banque Al Baraka (opérationnelle depuis 25 ans) et Al Salam Bank (depuis neuf ans).

M. Djebbar, également directeur général de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) ou Badr Banque, a ainsi relevé que les établissements bancaires en Algérie, au nombre de 30, sont appelés à "ouvrir le champ au mode de financement islamique, à moyen terme, avec un encadrement assuré par la Banque centrale ".

Cette nouvelle orientation a pour objectif, a-t-il poursuivi, d'inciter les citoyens à "déposer leur argent dans les banques", signalant la décision prise, en concertation avec la Banque centrale, d'"assurer de nouvelles offres et prestations bancaires adaptées à la Chariaà islamique, parallèlement aux autres produits classiques déjà disponibles".

Dans le même sillage, le responsable a fait cas d'un montant de 90 milliards de dollars de crédits, au niveau d'une vingtaine de banques en Algérie, soit l'équivalant de 930 milliards de dinars, dont un taux de 75% est destiné aux crédits.

Un taux de 3% de la masse des crédits, soit 300 milliards de da, est destiné aux banques islamiques, contre un taux de 13% pour les banques privées, au moment où les banques publiques, au nombre de six (6), consomment un taux de 87 % de la masse des crédits, équivalant à 90 milliards de da.

M. Djebbar a signalé, à l'occasion, l'ouverture de guichets, dédiés à la finance islamique, au niveau des banques publiques, au titre de la démarche initiée par la Banque centrale pour développer ce mode de financement.

Pour mener à bien l'opération, des sessions de formation ont été lancées au profit des employés préposés à ces guichets, destinés notamment à la prise en charge des prestations de "dépôts, épargne et financements, selon le mode islamique ", a-t-il informé, faisant état d'une extension progressive des agences comptant des guichets proposant des produits islamiques "de 40 actuellement à prés de 200 dans un avenir proche ". APS

 

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