L’œuvre de Gabriel Garcia Marquez s’invite sur les planches du TNA

La pièce, "Autres démons", adaptée au théâtre d’une œuvre littéraire de Gabriel Garcia Marquez, par le metteur en scène tunisien Walid Daghsni, a été présentée samedi soir à Alger, en ouverture des Journées culturelles tunisiennes en Algérie.

Présenté devant un public nombreux au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, le spectacle est une projection sur la réalité des sociétés dans le monde, conçue, au second degré par Walid Daghsni qui a adapté "De l’amour et autres démons", chef d’úuvre littéraire paru en 1994, de Gabriel Garcia Marquez (1927-2014), prix Nobel de littérature en1982.

Mis en scène dans un mélange des genres, entre expérimental et symbolique aux formes et aux allures de psychodrame, le spectacle a laissé l’assistance, près de 70 mn durant, en suspens, à travers l’histoire poignante d’une jeune femme atteinte de rage après avoir été mordue par un chien.

L’état de démence répétée de la jeune femme à la chevelure longue, exaspère les convoitises d’un guérisseur religieux qui, convaincu qu’elle  est habitée, prétend pouvoir l’exorciser, et d’un scientifique en quête de  découverte d’un remède à la rage, voyant en la jeune femme un bon sujet d’étude qui lui permettra d’avancer dans ses recherches.

Cette situation singulière attire la curiosité d’un jeune journaliste venu à la rencontre de la jeune malade, proie des deux antagonistes, avant de  tomber amoureux d’elle... Bien adapté, le spectacle, entretenu dans la dualité et la métaphore, met à nu le monde actuel, fait de mensonges,  d’injustice et de haine, dénonçant l’Homme dans ses faiblesses, son opportunisme, ses croyances et ses rituels démesurés.

Déroulé sur une scène nue, le spectacle puise sa force de la densité du texte et du jeu des comédiens, Ameni Bellag (femme), Mounir Ammari (scientifique), Neji Kanouati (religieux) et Oussama Kochkar (journaliste)  qui ont brillamment servi la trame dans des dialogues au rythme ascendant et soutenu.

Les différentes situations ont été appuyées par des chorégraphies réglées  avec minutie qui ont donné à la violence des échanges, plus de force et permis aux spectateurs d’en saisir la pertinence.

Dans des atmosphères lugubres, le spectacle, produit par "Clandestino Prod", a redoublé d’intensité grâce à un éclairage intelligent -vertical ou latéral- conçu dans la pénombre et une bande son, faite d’extraits inspirant l’ordre établi et de bruitages évoquant le tourment ou l’emballement des évènements.

Les comédiens ont longtemps été applaudis par les spectateurs, parmi lesquels le ministre de la Culture Azeddine Mihoubi et son homologue tunisien Mohamed Zine El Abidine, ainsi que les responsables de quelques missions diplomatiques accréditées en Algérie.

Auparavant dans la matinée, une conférence sur "Les liens historiques profonds algéro-tunisiens", a été animée à la Bibliothèque nationale d’El  Hamma par le Dr. Mohamed El-Haddad.

La Semaine culturelle tunisienne en Algérie se poursuit jusqu’au 30 avril à la Cinémathèque d’Alger, où seront projetés six films tunisiens, entre documentaires, courts et longs métrages.

                 

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