Fusion des genres prolifique à Alger entre la chanson andalouse et le flamenco

"Musique andalouse", une fusion des genres prolifique, qui a mêlé la chanson andalouse au flamenco, a été présentée mercredi soir à Alger par l’interprète de la chanson andalouse Lila Borsali et le chanteur-guitariste espagnol Suhaïl Serghini, dans des atmosphères empreintes de convivialité.

Le public, relativement nombreux, de la salle Ibn-Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (Oref) a apprécié un brassage des styles qui a réuni, 80 mn durant, la chanson andalouse, par la voix pure et étoffée de Lila Borsali, avec le flamenco, genre musical espagnol du XVIIIe siècle, à caractère expressif, rendu par Suhaïl Serghini.

Sept instrumentistes de l’orchestre de Lila Borsali, dirigés par Leila El Kébir, ont accompagné la chanteuse andalouse et le "cantaor" (chanteur de flamenco) espagnol d’origine marocaine, Suhaïl Serghini, dans un répertoire qui a restitué le patrimoine musical commun entre l’Espagne et l’Algérie.

Dans des atmosphères de convivialité créées par un éclairage feutré, une vingtaine de pièces libres ont été entonnées par les deux interprètes qui ont d’abord choisi de rendre hommage à Carlos Cano (1946-2000), un des plus  grands poètes et chanteurs espagnols originaire de Grenade, qui a sauvé de l’oubli plusieurs styles de musiques andalouses en les rassemblant, comme la "copla andaluza" et le "paso doble".

Le duo a, ensuite, embarqué l’assistance dans une croisière méditerranéenne, enchaînant entre autres pièces, chantées dans les langues, arabe et espagnole "Lamma bada yatathanna", "Koulou el Yamna", "Ya bent  bladi", "Wahd el ghoziyel", "Hbib el qalb", "Mahalli ezzine", "Djabaka el gheïthou","Ness rom tahmouni", "Selli houmoumek" et "Djibouli h’bibi",  auxquelles le public, battant la mesure avec les mains, a joyeusement adhéré.

La voix rauque et le jeu particulier à la guitare de Suhaïl Serghini ont apporté au concert la coloration flamenco, chef d’úuvre du patrimoine immatériel de l’humanité classé depuis 2010 par l`Organisation des Nations Unies pour l`Education, la Science et la Culture (Unesco).

Un des moments forts de la soirée durant lequel l’ambiance est montée en intensité, aura été l’hommage rendu à la Palestine, à travers les pièces, "Rouhi maâk" et "Allahou akbar", soumises à l’harmonisation des descentes  espagnoles dans le mode sika, que le public a repris en chúurs avec les deux chanteurs.

La virtuosité des musiciens, loin de passer inaperçue, a également été plusieurs fois saluée par les spectateurs, notamment lors des istikhbars  (introductions musicales libres, exécutées par un soliste), à l’instar de Leila El Kébir et Rafiq Benhamed aux violons altos, des frères Mahdi et  Ryad Guelmaoui, au oud et à la mandoline, ainsi que Djihad Larbi au qanun, qui avec les autres membres de l’orchestre, étaient soumis, aux cadences, à la rigueur du métronome, du percussionniste à la derbouka, Ghouti Hadjila.

Conçu dans un esprit festif célébrant la fusion des genres, le choix cohérent des pièces a donné lieu à un travail d’arrangement judicieux, qui, empreint de créativité, a permis des variations modales agréables à  l’écoute et des rythmes, en partie ternaires, ascendants, aux cadences composées.

En présence des ambassadeurs d’Espagne, Santiago Cabanas Ansorena et du Mexique, Juan José Gonzalez Mijares, le public a savouré tous les moments de la prestation dans l’allégresse et la volupté.

A l’issue de la prestation, Lila Borsali et Suhaïl Serghini, rappelés par les youyous nourris et les applaudissements répétés des spectateurs, ont  entonné, "Allahoma salli aâla El Moustapha" et "Khoudou min hali", deux pièces dans le genre m’dih.

Chanteur, compositeur et musicien multi-instrumentiste, Suhaïl Serghini, établi à Grenade a fondé et dirigé les groupes "Suhaïl Ensemble" et "Ziryab  Calo", constitués de remarquables musiciens, avec lesquels il fera  plusieurs tournées et participera à plusieurs festivals à travers le monde.

Lila Borsali a jusque là sorti cinq albums "Fraq Lahbab" (2010), "Nouba Rasd Eddil" (2012), "Nouba Ghrib" (2013), "Nouba Hosn Es-Selim" (2015) et  "Pour l’espoir" (2018) dont la chanson éponyme a été tourné en court  métrage-clip, réalisé par Belkacem Hadjadj sur un scénario de Tahar Boukella.

Le concert "Musique andalouse" de Lila Borsali et Suhaïl Serghini, a été présenté dans le cadre de la programmation, "Les nuits du  Ramadhan"(27-31mai), organisé par l’Institut Cervantès d’Alger, en collaboration avec le ministère de la Culture et l’Oref.

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