Envenimation scorpionique à Ouargla : une préoccupation en quête d'une meilleure prise en charge

L'envenimation engendrée par les piqures de scorpions constitue dans la wilaya d'Ouargla une préoccupation requérant, pour éviter les cas mortels, la conjugaison davantage d'efforts pour sa  prise en charge, dans le cadre du programme national de lutte contre le fléau.

Etant une des régions connues pour la prolifération de cet insecte venimeux menaçant la santé publique, la wilaya d'Ouargla déplore chaque année des victimes de piqures de scorpions, en raison de plusieurs facteurs, dont, outre la prolifération du scorpion en régions sahariennes, certains comportements négatifs du citoyen contribuant à la dégradation du milieu, à travers la propagation des déchets et des décombres ainsi que les constructions anarchiques, en dépit de l'existence d'un arsenal de mesures préventives.

Selon le chef de service de la prévention à la direction locale de la Santé et de la Population (DSP), l'implication du citoyen aux efforts des différents acteurs (Santé, Environnement, Collectivités et associations), demeure nécessaire pour faire face au phénomène d'envenimation et réduire ses séquelles sur la santé publique.

M. Djamel Mammeri a mis l'accent sur la nécessité, afin d'atténuer les dangers de cet insecte, de se conformer aux règles d'hygiène et aux mesures préventives, à travers le respect des horaires de dépôt des déchets ménagers, et dans des lieux appropriés, le nettoiement de l'environnement, ainsi que le chaulage des habitations construites à base de pierre.

Le recours à l'usage de certains prédateurs du scorpion, dont le hérisson, le chat et la poule, comme moyens de lutte contre la prolifération du scorpion a également été préconisé par le chef de service de la prévention.

Intensifier les opérations de collecte de scorpion

Des associations versées dans la protection de l'environnement ont estimé que l'intensification et l'encouragement des opérations rémunérées de collecte du scorpion sont à même de réduire les cas d'envenimation scorpionique, en plus de la sensibilisation du citoyen sur les règles préventives pour faire de ce phénomène l'affaire de tous.

Les campagnes de collecte de cet insecte avaient permis ces dernières années la collecte d'une moyenne annuelle de 25.000 scorpions, selon le président de l'association de lutte contre l'envenimation scorpionique dans la wilaya d'Ouargla, Abdelmalek Djouri.

Menées entre avril et fin septembre de chaque année, à travers les régions d'Ouargla, Touggourt, El-Hedjira et Hassi-Messaoud, ces campagnes ont donné lieu à la collecte, cette année, de 4.200 insectes, parallèlement aux campagnes de sensibilisation pour la participation aux actions de  nettoiement initiées par l'association en coordination avec d'autres acteurs.

Créée en 1997, l'association s'est depuis employée, selon son président, à impliquer d'autres acteurs et étendre son champ d'action en milieu urbain eu égard aux dangers induits par ces campagnes de chasse de l'insecte nuisible, nécessitant un certaine savoir-faire.

Le secrétaire général de l'association «Takafoul Akhdar'' (entraide verte) du quartier de Mekhadma (Ouargla), Hocine Rabie, a souligné que la dangereuse prolifération de scorpions dans les quartiers reflète la dégradation de l'environnement et requiert la prise de mesures urgentes pour remédier à la situation.

Il estime que la lutte contre l'envenimation scorpionique est avant tout tributaire de la préservation de l'environnement et de l'ancrage de la culture environnementale dans le cadre du développement durable.

M. Rabie a, à ce titre, appelé à mener plus d'initiatives d'implication des jeunes dans les opérations de collecte de scorpions à travers des travaux d'intérêt général et des chantiers du programme «Blanche-Algérie''.

Les associations sont unanimes à souligner que le changement des mentalités et le développement du civisme chez le citoyen font partie des mesures de lutte contre le scorpion, ajouté à la lutte contre le recours aux thérapies traditionnelles en vue d'épargner les complications chez les victimes, et leur transfert le plus tôt possible vers les structures de santé les plus proches.

Les efforts menés, à ce titre, ont été couronnés par un recul remarquable ces dix dernières années des cas de piqures de près de 5.000 par an, pour tomber à une prévalence moyenne de 3.000 cas depuis l'année 2010 dans la wilaya d'Ouargla, selon les données de la DSP.

Le secteur a déploré 1.729 cas d'envenimation scorpionique enregistrés entre janvier et fin aout de cette année dans la wilaya d'Ouargla, dont six cas mortels.

La DSP fait état de 2.524 de piqures de scorpion en 2017, dont sept (7) décès, contre 2.772 cas en 2016, dont sept décès.

Selon les explications du Dr. Djamel Mammeri, la prise en charge des victimes fait face à des contraintes liées notamment au retard dans leur évacuation, l'état de santé des personnes piquées, l'espèce de l'insecte et la quantité de venin inoculé.

En dépit de ce recul sensible des piqures, il demeure, toutefois, insuffisant et requiert des activités de sensibilisation continues et périodiques, en plus de la disponibilité des antidotes, en plus de l'organisation de sessions de formation au profit des personnels de la santé pour une meilleure prise en charge des victimes du scorpion.

Les membres de l'Assemblée populaire de la wilaya d'Ouargla ont recommandé, lors d'une session récente extraordinaire, la création d'une annexe de l'institut Pasteur à Ouargla pour la production du sérum anti-venin et la réalisation des différentes analyses  afférentes.

Selon les élus, la création d'une structure du type devra indubitablement contribuer au renforcement des efforts de lutte contre l'envenimation scorpionique et l'encouragement des actions de collecte du scorpion à travers un financement centralisé. APS

               

 

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