Libye : le patrimoine archéologique menacé par les combats et les pillages

Le chef du Département libyen des antiquités Mohamad al-Chakchouki a tiré mercredi la sonnette d'alarme sur la situation du patrimoine archéologique libyen affirmant qu'il est en "réel danger" en raison de la poursuite des violences et des actes de pillage. 

"Le retranchement de groupes armés à l'intérieur des sites archéologiques et les combats qui se déroulent près ou sur les sites, dont Sabratha, constituent un danger permanent", a indiqué le chef du Département libyen des antiquités, cité par des médias internationaux.

La situation est d'autant plus préoccupante que la conservation des sites antiques était autrefois confiée à des missions archéologiques  occidentales, mais les archéologues ne sont plus venus en Libye depuis quatre ans, en raison de l'insécurité, a déploré M. Chakchouki.

S'étendant sur 90 hectares, avec une partie engloutie par la mer, la cité romaine de Sabratha est l'une des trois villes de l'ancienne Tripolitaine romaine, avec Oea, l'actuelle Tripoli et Leptis Magna (ouest).

Mohamad Abou Ajela, responsable du bureau des antiquités de Sabratha, a ajouté de son côté que "la cité continue de subir les effets de l'érosion et la dégradation de la pierre, ainsi que les dégâts causés par l'homme".

Outre les violences, plusieurs sites libyens protégés sont aujourd'hui menacés par l'expansion urbaine, comme Cyrène, trésor de l'ère hellénique, dans l'est de la Libye, ont souligné les responsables du patrimoine libyen.

Les pillages constituent une autre menace, la sécurité défaillante ayant favorisé les fouilles clandestines et le trafic d'antiquités.

Plusieurs cas de vols d'objets antiques ont été répertoriés. En mars dernier, le ministère espagnol de l'Intérieur a annoncé avoir saisi "de nombreuses oeuvres d'art originaires des régions de la Cyrénaïque (est) et de la Tripolitaine (ouest), dont sept mosaïques, des sarcophages et des pièces d'origine égyptienne".

Selon Madrid, "il a été prouvé qu'elles provenaient des sites d'Apollonie et de Cyrène, deux nécropoles pillées par des groupes terroristes".

Le Département des antiquités tente de sauver ce qui peut encore l'être, en fermant les musées, notamment celui de Tripoli, ou en transférant des trésors archéologiques en lieu sûr.

A Sabratha, une mission archéologique espagnole a récemment signé un "accord pour la restauration de certains sites, notamment le théâtre", d'après M. Abou Ajela.

Inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril, l'antique cité de Sabratha, dans l'ouest libyen, porte les stigmates d'affrontements entre milices rivales, qui font craindre le pire pour le précieux héritage archéologique du pays.

Selon des habitants, des snipers étaient postés en haut de l'amphithéâtre lors des combats qui ont éclaté entre des groupes armés en septembre et octobre 2017, faisant 39 morts et 300 blessés.

L'Unesco avait déclaré en péril la cité antique de Sabratha, et quatre autres sites libyens, en juillet 2016, justifiant sa décision par "les dommages déjà survenus et les graves menaces qui pèsent sur ces sites". APS

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