Tunisie-Remaniement ministeriel : divergences entre BCE et son Premier ministre

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a estimé que le remaniement ministériel annoncé par le Premier ministre était un remaniement "fait à la hâte" et reflétait une "politique du fait accompli", a indiqué lundi soir la porte-parole de la présidence de la République, Saida Garrach.

Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed a annoncé lundi un remaniement qui vise, selon lui, à "sortir de la crise politique". Au total, treize nouveaux ministres entrent au gouvernement. Les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Intérieur restent néanmoins à leurs postes.

Mme Garrach a affirmé, dans une déclaration à l'agence TAP, qu'"il n'y a pas eu concertation avec le président de la République à propos de ce remaniement". "Le président de la République a été informé de la liste en fin de journée. Il semble qu'elle ait été changée par la suite", a-t-elle ajouté.

M. Chahed a indiqué avoir effectué ce remaniement pour former "une équipe gouvernementale solidaire et responsable qui peut assurer la stabilité dans le pays, résoudre les questions brûlantes et sortir de la crise politique".

Nommé chef d'un gouvernement d'union nationale en août 2016, M. Chahed, 43 ans, a dépassé en longévité tous ses prédécesseurs depuis la chute de Ben Ali en 2011.

Une faction de son parti Nidaa Tounès, menée par le fils de Béji Caïd Essebsi, chef de l'Etat et fondateur du parti, ainsi que la puissante centrale syndicale UGTT ont réclamé son départ pendant des mois.

Avec ce remaniement, "j'ai assumé mes responsabilités en tant que chef du gouvernement et selon les prérogatives que me donne la Constitution", a-t-il déclaré à la presse.

Prolongation jusqu'au 6 décembre de l'état d'urgence

Par ailleurs, la présidence tunisienne a annoncé mardi la prolongation jusqu'au 6 décembre de l'état d'urgence, en vigueur dans le pays depuis trois ans à la suite d'une série d'attaques terroristes.

La présidence indique que le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a pris cette décision après avoir consulté le président du Parlement mais aussi le Premier ministre Youssef Chahed.

Cette nouvelle prolongation intervient une semaine après une attaque suicide sur la principale avenue de la capitale, qui a fait 20 blessés légers.

L'état d'urgence avait été proclamé dans tout le pays le 24 novembre 2015 après un attentat terroriste contre un bus de la sécurité présidentielle en plein Tunis, qui avait fait 12 morts.

L'année 2015 avait été aussi marquée par deux autres attentats sanglants contre des touristes au musée de Bardo à Tunis et dans une zone touristique de Sousse (est) qui avaient fait au total 60 morts (59 touristes et un policier).

La dernière attaque de grande ampleur en Tunisie remonte à mars 2016, lorsque des dizaines de terroristes avaient attaqué des installations sécuritaires à Ben Guerdane (sud).

 

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