Le Pape François : la béatification des 19 religieux catholiques est «un grand signe de fraternité de l'Algérie à destination du monde entier»

Ph.DR

La béatification des 19 religieux catholiques, morts en Algérie durant la décennie noire, ce samedi à Oran est «un grand signe de fraternité de l'Algérie à destination du monde entier», a estimé le Pape François.

«C’est un événement inédit dans d’autres pays qui dessinera un grand signe de fraternité dans le ciel algérien, à destination du monde entier», a souligné le souverain pontife dans un message, lu samedi par un membre de la délégation du Vatican, lors de la cérémonie de béatification de l’ancien évêque d’Oran Pierre Claverie et de ses 18 autres compagnons de foi chrétienne.

Le Pape François a également fait part de sa reconnaissance au Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, d’avoir facilité l’organisation de cette cérémonie en terre Algérienne.

Il a également exprimé son «affection pour le peuple algérien qui a connu de grandes souffrances durant la crise dont il a été victime durant la dernière décennie du siècle passé.

«Que cette célébration aide à panser les blessures du passé et crée une dynamique nouvelle de la rencontre et du vivre ensemble», a ajouté le Pape François, dans son message.

La cérémonie de béatification a été ouverte par une courte allocution de bienvenue de l’évêque d’Oran, Jean Pierre Vesco, qui a évoqué feu Mohamed Bouchkhi, chauffeur de l’ancien évêque Pierre Claverie, mort avec ce dernier dans l’attentat qui l’avait visé à Oran.

Une minute de silence a été observée à la mémoire de toutes les victimes de la décennie noire.

L'office religieux de cette célébration a été marqué par la présence de l'envoyé du Pape François, le cardinal Giovanni Angelo Becciu, Préfet de la Congrégation des causes des saints.

Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, ainsi que plusieurs ambassadeurs accrédités en Algérie et autres personnalités étrangères ont assisté à la cérémonie de béatification.

La France est «reconnaissante» à l'Algérie
La France est «reconnaissante» à l'Algérie pour avoir accueilli cette cérémonie de béatification des 19 religieux de l'Eglise catholique d'Algérie victimes du terrorisme, a indiqué le Quai d'Orsay.

«La France est reconnaissante à l'Algérie d'accueillir cette cérémonie de béatification qui sera l'occasion de célébrer le message de paix, de fraternité et de tolérance que continuent de nous inspirer l'engagement et le sacrifice de ces hommes et de ces femmes», a précisé vendredi la porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, Agnès von der Muhll.

La France, poursuit la porte-parole, «rend hommage à la nation algérienne qui a su s'engager sur le chemin de la paix et de la réconciliation nationale, soulignant que c'est la raison pour laquelle le secrétaire d'Etat auprès du MAE, Jean-Baptiste Lemoyne, participe également ce samedi à la Grande mosquée Ibn Badis, à l'hommage qui sera rendu aux 114 imams algériens assassinés par des groupes terroristes durant la décennie noire.

Parmi les 19 religieux, quinze sont d'origine française. Tous ont été tués par des groupes terroristes de 1994 à 1996. Parmi eux figurent les sept moines de Tibherine (Médéa) assassinés par des membres du GIA, rappelle-t-on.

Des proches des victimes : c’est « un témoignage et un message de paix pour le monde d’entier »
Des membres des familles des prêtres religieux catholiques, victimes de la décennie noire, ainsi que plusieurs de leurs compagnons et amis, présents à Oran, pour prendre part à la cérémonie de béatification, ont estimé, samedi, que « l’événement est un témoignage et un message de paix pour le monde entier».

«C’est un événement important en tout point de vue et un témoignage de paix pour le monde entier», rapporte l’APS citant Bradel Philipe, ancien prêtre à Chlef et ami de plusieurs religieux béatifiés.

Pour lui, «l’événement est important car, il intervient dans le sens de la réconciliation, instaurée en Algérie, après les événements tragiques de la décennie noire».

«Cette rencontre est un message fort de paix et de cohabitation pour le monde entier. C’est un appel pour dialoguer, s’écouter et se connaitre pour construire ensemble l’avenir ensemble au lieu de se juger et de se condamner», a-t-il ajouté.

Pour sa part, Nicole Dieulangard, sœur d’un père blanc, tué en 1994 à Tizi Ouzou, a considéré que «l’événement est un véritable hommage consolidant la volonté partagée entre musulmans et catholiques du vivre ensemble dans l’amitié et l’amour d’autruiet les valeurs du sacrifice».

De son côté, le prêtre Bouyer Vianni, proche de l’une des 19 victimes catholiques béatifiées, a estimé que '«l'office religieux est pour les martyrs un témoignage de l’amitié et du sens du sacrifice'. Il a également mis en exergue l’engagement et la détermination de ces religieux qui ont préféré rester en Algérie malgré les menaces et les dangers auxquels ils étaient exposés.

Bernadette Chevillare, nièce d’un prêtre assassiné en 1994 à Tizi Ouzou, a qualifié de «magnifique» cette cérémonie et a estimé que «l’Algérie est une terre de paix et de fraternité où toutes les communautés peuvent vivre en ensemble».

APS

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