Cause sahraouie 2018 : relance des négociations et victoires diplomatiques

L'année 2018 s'achève sur une percée diplomatique très significative dans le dossier du Sahara occidental, avec les négociations de Genève sous l'égide de l'Onu, marquées par l'engagement sérieux du Maroc et du Front Polisario, à relancer et à poursuivre, les pourparlers pour régler le conflit.

Rabat ayant maintenu le statu quo, se voit confronté au droit international pour l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui.

Trop longtemps restée au point mort, un vent nouveau souffle sur la question sahraouie, grâce aux efforts de l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, qui a réussi à

réunir les parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, autour de la table des négociations, en présence de l'Algérie et la Mauritanie, en tant qu'Etats voisins.

Une première, depuis les pourparlers de Manhasset 2012, et ce conformément à la résolution 2414 du Conseil de sécurité pour la relance des négociations directes sans pré-conditions.

Ce rendez-vous, est "un premier pas vers un processus renouvelé de  négociations en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui", et atteste du sérieux et de la bonne volonté du secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, pour le règlement du conflit, en faisant de ce dossier une priorité de son mandat depuis sa prise de fonction en 2017, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle rencontre début 2019.

2018, riche en victoires diplomatiques face aux manœuvres marocaines  

Au cours de l'année 2018, organisations et associations internationales se sont mobilisées pour défendre le droit du peuple sahraoui à décider de son avenir à travers un référendum d'autodétermniation, comme le stipulent les résolutions onusiennes et la légalité internationale après plus de quarante ans de lutte pour la souveraineté nationale.

Cet élan a été appuyé par les Etats d'Afrique et d'Amérique latine ainsi que les instances juridiques et politiques à travers le monde, appelant à un dialogue devant conduire à une solution qui respecte la volonté du peuple sahraoui.

Si certains gouvernements européens tentent de contourner la légalité internationale, pour des raisons d'"intérêts économiques", plusieurs députés et militants de cause sahraouie, s'étaient élevés, contre

l'attitude des pays de l'UE, notamment la France et l'Espagne quant à l'exploitation illégale des ressources naturelles, ce qui constitue un "soutien à l'occupant marocain".

Au plan onusien, l'année écoulée reste marquée par la levée du blocage dressé sur la voie du processus de règlement, et une nouvelle dynamique a été apportée par le Conseil de sécurité, qui a prolongé à deux reprises (avril et octobre 2018), pour une durée de six mois uniquement le mandat de la Mission de l'Onu pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso).

Une durée de mandat (06 mois au lieu d'une année) positivement accueillie, après des tentatives marocaines et françaises pour maintenir la durée habituelle (01 an). Une telle décision, confirme selon les observateurs, la volonté de l'Onu à accélérer le règlement du conflit à travers une solution qui pourvoit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Sur le plan juridique, le rejet de la souveraineté du Maroc sur les territoires et les eaux y adjacentes du Sahara occidental occupé a été conforté en 2018, par les décisions des tribunaux africain et européen, notamment celle de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), du 27 février 2018, portant sur l'accord de pêche (UE-Maroc), mais aussi la décision de la Haute Cour sud-africaine dans l'affaire de la cargaison du phosphate transportée par le navire NM Cherry Blossom, statuant que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est le "propriétaire" de la cargaison.

Mieux encore, l'accord aérien entre l'UE et le Maroc a également été jugé par le tribunal européen sans application au territoire du Sahara occidental et à son espace aérien, confirmant, une nouvelle fois, le statut séparé et distinct terrestre, maritime et aérien du Sahara occidental.

Durant la même année, au Sommet de l'Union africaine (UA) tenu à Nouakchott, le Maroc a appris à ses dépens l'attachement de l'UA aux droits du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, après la "décision historique" de créer un mécanisme africain pour trouver une solution au conflit entre la RASD et le Maroc, marquant ainsi un tournant dans le traitement du dossier et le début du "compte à rebours pourl'occupation marocaine".

 Le Maroc face à la lassitude internationale

Mis au pied du mur, le régime marocain a tenté à duper l'opinion publique et à "saper" les efforts visant le règlement du conflit, tombant dans des contradictions, notamment lorsque le roi Mohamed VI a souligné dans un récent discours, l'engagement de Rabat à soutenir les efforts de l'ONU, mais fixe, en contrepartie, des conditions et des références, non reconnues, comme préalable au règlement du conflit, ainsi qu'à travers sonaffirmation de l'engagement dans le cadre de l'UA alors qu'il s'oppose au retour du bureau de l'Organisation panafricaine à Laâyoune occupée pour coopérer avec la Minurso.

Par ailleurs, le Maroc, qui maintient la politique de la fuite en avant depuis plus de dix ans pour échapper au référendum, a continué à violer les droits du peuple sahraoui, en pillant les ressources naturelles, de ce

territoire, inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux.

Cependant, si Rabat a œuvré à maintenir jusqu'à maintenant le statu quo, l'Onu et les Etats-Unis ont exprimé leur lassitude, mettant en cause la raison existentielle de la Minurso qui ne parvient pas à organiser le référendum d'autodétermination, promis au peuple sahraoui, mission fondamentale pour laquelle elle a été créée en 1991.

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