Tunisie : grève générale pour réclamer une augmentation des salaires

Une grève générale inédite touchant tous les services publics était observée jeudi en Tunisie à l'appel de la puissante centrale syndicale de l'union générale tunisienne du travail (UGTT) qui réclame une augmentation des salaires, une demande rejetée par le gouvernement en raison de l'état des finances publiques insuffisant, a rapporté l'agence de presse TAP.

A travers le pays, les écoles publiques étaient fermées, les transports en commun paralysés et les vols de la compagnie aérienne nationale TunisAir perturbés.

Les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques, représentant près d'un quart de la population active, étaient appelés à se rassembler devant leurs bureaux à travers le pays. Un rassemblement est prévu dans la matinée devant le siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) à Tunis.

Les enseignants ont commencé, tôt le matin, à affluer vers le local de l’Union régionale du travail à partir duquel une marche devra prendre le départ pour protester contre "l’échec programmé des négociations sociales avec le gouvernement ".

Des renforts policiers sont déployés aux environs de l'Union régionale du travail et tout au long de l’artère principale de la ville, selon la même source.

Le syndicat réclame des augmentations de salaires plus importantes que les 70 dinars (20 euros) pour 2019 et 110 dinars (30 euros) pour 2020 proposés par le gouvernement, soulignant la baisse du pouvoir d'achat due à l'inflation, qui a atteint 7,5% en 2018.

Le salaire brut moyen d'un fonctionnaire est de 1.580 dinars (500 euros), selon le dernier rapport officiel pour 2016.

Suite à l'échec des négociations entre l'UGTT et le gouvernement sur l'augmentation des salaires des fonctionnaires, la centrale syndicale a décidé de maintenir la grève générale fixée au jeudi 17 janvier.

"La réunion, qui s'est poursuivie mardi de 11 heures à 19 heures, a vu l'UGTT faire une concession en acceptant les deux tiers de ce qu'avait été accordé aux employés du secteur public, soit une renonciation des augmentations d'un an, comme il accepté de renoncer au versement des augmentations à partir de mai 2018 et d'accepter la date d'octobre 2018", a déclaré le secrétaire général adjoint du syndicat du travail tunisien, Hefaidh Hefaidh cité par l'agence TAP.

Insuffisance budgétaire, l'Etat incapable de satisfaire les demandes

Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a assuré dans un discours télévisé mercredi soir que l'état des finances publiques ne permettait pas d'accepter les demandes de l'UGTT, ajoutant que le dialogue se poursuivrait après cette grève de 24 heures. Mais selon le dirigeant de la centrale syndicale, le gouvernement "n'est pas maître de sa décision et son recours pour un versement des augmentations comme privilège fiscal au lieu de les verser de la masse salariale n'est qu'un engagement pour les conditions imposées par le FMI".

En outre, le gouvernement a exigé dans un décret publié in extremis mercredi que certaines organisations publiques dont des compagnies de transport, d'eau et d'électricité, assurent un service minimum.

Une grève concernant la fonction publique avait été très suivie en novembre dernier, la première mobilisation de cette ampleur depuis deux grèves générales en 2013 en réaction aux assassinats de deux opposants.

La grève de jeudi est la première de ce type, touchant à la fois la fonction publique et les entreprises publiques, selon l'UGTT et des historiens.

Elle intervient alors que le débat politique s'est crispé ces derniers mois à l'approche des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019.

L'inflation, alimentée notamment par la chute du dinar, et le chômage persistant au-dessus de 15%, alimentent un mécontentement qui se traduit par des heurts ponctuels notamment en janvier, et une série de mobilisations sociales.

Les bailleurs de fonds qui maintiennent la Tunisie à flot appellent à ralentir l'endettement de l'Etat et à diminuer le poids de la fonction public dans le PIB, qui atteint 14%, l'un des taux les plus élevés de la région.

Le pays a obtenu en 2016 du Fonds monétaire international (FMI) un prêt de 2,4 milliards d'euros sur quatre ans, en promettant de mener de vastes réformes.

Au terme de sa réunion du 24 novembre 2018, la commission administrative nationale de l'UGTT avait lancé un mot d'ordre de grève générale dans la fonction publique et les établissements publics pour le 17 janvier 2019, en cas d'échec des négociations sur l'augmentation des salaires des fonctionnaires.

 

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