Pr Zitouni: 70% du Plan national de lutte contre le cancer atteint

Le Plan national de lutte contre le cancer a été réalisé à hauteur de 70%, a indiqué le Professeur Messaoud Zitouni, chargé du suivi et de l'évaluation du plan national de lutte contre le cancer  2015/2019 initiée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.

le Pr Zitouni a fait savoir que « le plan national de lutte contre le cancer a été réalisé à hauteur de 70% », précisant qu'une véritable évaluation de ce programme ne peut se faire qu'après parachèvement de toutes les étapes et expiration du délai restant qui s'étalera jusqu'à fin 2019 ou début 2020 ».

Comprenant huit principaux axes, ce plan a mis en exergue quatre types de cancer qui représentent, à eux seuls, 50% du nombre global des types les plus répandus en Algérie, estimés selon le registre national du cancer à 50.000 nouveaux cas/an, a-t-il fait savoir.

Pour réduire la moyenne d'atteinte de ces quatre types, l'expert a rappelé les campagnes de dépistage précoce du cancer  lancé par le ministère de la Santé dans le cadre de ce plan dans sept wilayas pilotes: Biskra, Laghouat, Tipasa, Constantine, Jijel, Boumerdes, Tlemcen et dans trois wilayas pilotes : Annaba, Batna et Bejaïa.

Les recherches scientifiques n'ont pas traité, par le passé, les véritables causes de cette maladie, selon l'expert qui a révélé l'installation, à Oran, d'une haute commission chargée de cette mission et indiqué que certaines thèses universitaires ayant traité ce thème révèleront, dans les prochaines années, les véritables causes de la propagation de cette pathologie chez les jeunes

Il a mis l'accent sur l'impératif de « la prise de nouvelles mesures organisationnelles pour relancer le système de santé,  appelant à l'organisation de campagnes de diagnostic précoce du cancer, et ce sur des bases scientifiques fructueuses ».

Concernant le suivi du malade, le Pr Zitouni a mis en avant le progrès enregistré en matière de chimiothérapie, indiquant qu'une centaine de services assurent le traitement par chimiothérapie à travers le territoire national. Il a appelé, dans ce sens, « à mobiliser les professionnels de la santé pour un bon suivi et une coordination à même d'assurer le contrôle de ce traitement coûteux, allant de son importation auprès des laboratoires étrangers jusqu'à son administration au malade ».

En ce qui concerne la radiothérapie qui connait encore « un grand déficit » en termes de rendez-vous, l’expert a indiqué que ce problème « sera définitivement réglé, avec la réception et l’équipement de tous les Centres anti cancer », saluant, par ailleurs, « le rôle, les prestations et le soutien des neuf centres relevant du secteur privé, dont deux se trouvant au niveau de la wilaya d’Alger, et un dans les autres wilayas d’Oran, Tizi Ouzou, Blida et Constantine, dotés « des meilleures techniques internationales et des compétences nationales ».

Sur ce sujet, l'expert a relevé la nécessité de « revoir les tarifs des soins pratiqués dans le secteur privé, qui ne sont pas abordables pour le patient », et ce à travers l'application du système de contractualisation et la mise à jour de la nomenclature des métiers médicaux, appelant à cet égard, à l'impératif coordination entre les secteurs, public et privé, pour  « éviter tout dysfonctionnement qui pourrait survenir après l'augmentation du nombre de nouveaux centres au cours des prochaines années ».

Le responsable a déploré l’existence « d'obstacles bureaucratiques » qui entravent la mise en œuvre du plan, des obstacles dus à l'absence d’une législation et de réglementations, la prise en charge psychologique du patient, en sus de l’inexistence des services et hôpitaux qui prennent en charge le cancer des enfants, ajoutant qu’en dépit du taux faible de moins de 5 % du total des cancers répandus en Algérie, la prise en charge de cette frange « n’a pas encore atteint le niveau requis ».

S’agissant de la prévention de base, à laquelle participent environ Onze ministères, et de la lutte contre les facteurs de risque, notamment le fléau du tabagisme qui est à l’origine d’un grand nombre de cancers, M. Zitouni a exprimé son mécontentement vis-à-vis de certains comportements, individuel et collectif, ayant empêché la réalisation de l’objectif escompté, en dépit de l’arsenal juridique mis en place par le ministère de la Santé et de l’approbation par l’Algérie de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac, ainsi que la mise en place d’un plan national de lutte contre ce fléau et du lancement de campagnes de sensibilisation dans certaines régions, en sus de l’augmentation annuelle des prix.

Il a salué, en outre, la dernière instruction du ministère de l’Intérieur interdisant la vente du tabac au niveau de certains établissements, à l’instar des hôtels et des restaurants, ainsi que sa vente aux jeunes de moins de 18 ans, soulignant la nécessité de l’application effective des articles de la loi de santé de l’année 2018.

Pour ce qui est de l'enveloppe financière mobilisée par le Fonds national du cancer, estimées à 30 milliards DA, l’expert a fait état de « l’exploitation d’un taux faible de 3% seulement », imputant ce taux à la loi de finances qui n’avait pas abordé le volet relatif à la gestion de ces fonds d’une part, et au manque de compétences auxquelles a été assignée cette mission d’autre part.

Il a affirmé également que « sans l’exploitation de la partie restante au cours des 11 mois du plan, ces montants seront récupérés par le Trésor au moment où le secteur a besoin d’un soutien financier énorme pour lutter contre le cancer ».

Pr. Zitouni s’est félicité en outre de la stratégie tracée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika en matière de lutte contre le cancer en prévision de la prochaine décennie, une stratégie qui s’adapte, souligne-t-il, aux développements que connaissent la société et le monde, ce qui requiert la conjugaison des efforts et la coordination entre tous les acteurs sur le terrain ainsi que la mise en place de moyens nécessaires avec la mobilisation de la société civile en vue de réduire, durant les quelques années à venir, le taux de mortalité due à 20% des cas atteints de ce cancer.

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