L’ancien diplomate, Lakhdar Brahimi : le changement réclamé par les Algériens est légitime, évitons qu’il ne se fasse dans le désordre

Face aux Algériens réclamant un changement de fond du modèle de gouvernance du pays, l'ancien diplomate, Lakhdar Brahimi appelle à ne pas verser dans la précipitation et à organiser la transition d'une manière organisée et structurée.  

Accueilli, lundi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, il reconnait qu’il existe un « blocage » dont il dit espérer qu’il ne soit pas une « impasse », abondant en cela dans la nécessité de poursuivre le dialogue.

Selon lui, et quelles que soient les dispositions de la « rue », le dialogue est « indispensable et urgent », observant que ceux qui s’en disent les leaders, voire les « meneurs », devraient à son sens la diriger au lieu de la suivre.

S’il admet que la revendication de changement au sein des Algériens « est parfaitement légitime », M. Brahimi observe que le  premier pas de celui-ci « ne doit pas se faire « dans le désordre », d’où la nécessité, déclare-t-il, de « commencer à parler », d’une manière structurée et organisée.

D’après ce qu’il a entendu de la part des responsables rencontrés, M. Brahimi assure, d'autre part, que « le message est arrivé cinq sur cinq ».

Se défendant d’avoir été mandaté « pour vendre la feuille de route du président », l’ancien diplomate croit déceler une mauvaise volonté de la part de ceux qui lui posent, chaque fois, cette question. « Ni le président, ni le gouvernement, répond-il avec emportement, ne m’ont donné de mandat ».

Reprenant ses idées, il estime, une fois de plus, que le changement réclamé par les Algériens « ne peut pas se faire tout seul ». Il faut, insiste-t-il, que les Algériens s’assoient ensemble et mettent en forme un programme pour l'avènement « d'une deuxième République ».

L’invité met en garde « ceux qui se sont proposés » comme porte-parole « de la rue » et qui, note-t-il sont pour un « partez tous », rappelant en cela la situation pénible dans laquelle s’était retrouvée l’Irak.

Depuis 1962, rappelle M. Lakhdar Brahimi, l’Algérie a connu des tournants très importants, « qui n’ont jamais été négociés », ce qui, constate-t-il, « nous a chaque fois précipité dans le fossé ». Dans la crise que traverse le pays il croit cependant déceler une opportunité historique de mettre celui-ci sur les rails « durant longtemps ».