La classe politique réagit à la désignation de Bensalah: entre soutien timide et dénonciation de la violation de la volonté populaire

Les réactions émanant des partis politiques ne s’étaient pas faites attendre des approbation en poste de chef d’Etat intérimaire par le parlement algérien de Abdelkader Bensalah, président du Sénat. Si quelques partis apportent un soutien quelque peu timide à Bensalah, la majorité de la classe politique se démarque et appelle au respect de la volonté populaire.  

Pour le président de l’ANR, Belkacem Sahli, « c’est un engagement constitutionnel et non pas une formalité prétendument clamée par des partis de l’opposition ». Sahli ne manquera pas d’expliquer qu’« activer cette option (article 102 de la Constitution, ndlr) est faite pour dépasser la complexité de la situation née de la démission du président de la République à travers la déclaration de vacance de la magistrature suprême » et « passer ainsi à la deuxième étape qui est celle de réaliser les attentes de la rue ».

Le Front EL Moustakbel se dit convaincu et annonce son adhésion à la démarche d’Abdelkader Bensalah. Son représentant Mustapha Hadam affirme sur les ondes de la radio Chaine 3 affirme que cette voie proposé par le chef de l’Etat est «la meilleure pour éviter à notre pays des complications». Il appelle à faire abstraction des personnes et à «travailler avec les institutions de l’Etat».  

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie dénonce un «troisième coup d’Etat contre la volonté populaire». Se prononçant sur sa page facebook, le président du RCD, Mohcine Belabbes dénonce un trafic dans le comptage du nombre d’élus. « Même dans le nombre officiel des membres du Parlement, il y a eu du trafic puisque Bensalah a parlé de 487 membres au lieu de 606», écrit-il sur sa page.

Talaï al houria de Ali Benflis estime que la désignation de Bensalah «signifie l’exclusion de l’article 7 et 8 de la constitution pour lesquels s’est engagé le commandement de l’armée nationale».

Le groupe parlementaire des indépendants joint sa voix à celle de l’opposition et rejette dans le fond et dans le forme les propositions de Bensalah. «Dans la forme on respecte la constitution, mais le contexte et l’environnement politique exige l’écoute du peuple», déclare Yamine Osmani, chef du groupe. Selon ce dernier, les indépendants suivront le verdict populaire qui sera prononcé lors des marches du vendredi prochain.

C’est un son de cloche diamétralement opposé à l'option des partis de la majorité parlementaire et leurs alliés qui tonne du coté de l’opposition à commencer par Djilali Sofiane, président et porte-voix du parti Jil Jadid qui considère que l’application de l’article 102 qui a porté Abdelkader Bensalah à assurer l’intérim de la présidence « ne fait qu’aggraver la crise », ajoutant que «le peuple voulait le changement du régime alors qu'on tente de nous imposer une continuité à travers l’article 102 de la Constitution ».

« Sans aucun doute, ajoute-t-il, il va falloir s’attendre à une réaction salvatrice pour éviter des dérapages », avant de conclure qu’il est « impossible de sortir de la crise par cette option qui prévoit une élection présidentielle dans 90 jours pour laquelle l’Algérie n’est pas prête sinon assister à une succession de présidents que les Algériens n’ont pas réclamés ».

De son coté, Ramdane Taâzibt estime qu’on assiste à « un coup de force » contre l’immense de la majorité de la population qui manifeste depuis des semaines pour le départ du système et de ses institutions. « C’est une provocation énorme contre la population car Abdelkader Bensalah est un pur produit du système » et ce qui ont décidé ainsi ne mesurent pas certainement pas la gravité de la situation.

Curieusement des voix dissonantes s’élèvent au sein même du FLN telle la voix de la députée Baya Nassima Baya qui pense que « cette personnalité, qui a fait ce qu’elle pouvait dans le système, aurait pu avoir la sagesse et le bon sens nécessaire pour présenter une solution constitutionnelle au pays et laisser la place à des personnalités capable de mener à bon port cette période de transition».

Se prévalant en harmonie avec l’écho de la vox populi algérienne, le MSP considère par la voix de son président Abderrazak Mokri, que « Abdelkader Bensalah n’est pas accepté par la population », et de ce fait son parti « appelle le chef d’Etat intérimaire tout bonnement à démissionner ».  

Maitre Mustapha Bouchachi considère que l’accession de Abdelkader Bensalah à la présidence par intérim « n’est qu’une formalité » et croit que « moralement le chef d’Etat imposé, de fait par l’article 102, de la Constitution ne pourra gérer la période de transition et pour cette raison sa démission est attendue dans les prochaines heures sinon les prochains jours ».

   

National, Politique