Le docteur Abdelhak Lamiri à la Radio : faute d’avoir vite agi, il sera difficile à l’Algérie de mettre la main sur ses fonds détournés frauduleusement

L’Algérie a-t-elle la possibilité de récupérer les sommes d’argent astronomiques détournées, tel que l'affirment, entre autres promesses, les cinq candidats à la présidentielle du 12 décembre prochain ?

Pour Abdelhak Lamiri, docteur en économie, qui évalue globalement les détournements financiers opérés au cours des dix dernières années à quelque 500 milliards de dollars, il ne pourra être possible d’en récupérer qu’une infime partie, en raison, souligne-t-il, des grands retards déjà accusés pour agir.

Intervenant, mardi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci rappelle que des Etats confrontés à des situations similaires ont réussi leur démarche, parce que, dit-il, ils ont agi « très vite ».

M. Lamiri cite l’exemple de l’Egypte où, immédiatement après la chute du président Moubarak, des notes ont été adressées aux banques étrangères pour bloquer ses comptes et ceux de son entourage politique et familial, permettant ainsi de récupérer « plus de 90% des ressources détournées ».

Il cite également l’exemple de la Tunisie laquelle, en réagissant rapidement, a réussi à mettre la main sur « l’argent de la corruption » déposé à l’étranger, constatant qu’en ce qui concerne l’Algérie, « il n’y pas eu d’actions dans cette direction ».

L'invité prévient que plus on attend, plus les sommes détournées vont être dirigées vers des paradis fiscaux, « d’où il sera extrêmement difficile de les récupérer (...) Nous avons, constate-t-il, perdu beaucoup de temps que nous risquons de payer cher ».

Pour réussir cependant ce pari, il conseille d’utiliser le canal diplomatique et, d'autre part, en appeler à la coopération de l’organisme multi-gouvernemental agissant sous l’égide de l’ONU, « qui aide les pays placés dans la même situation,à récupérer leurs dus ».  

M. Abdelhak Lamiri ne peut cependant s’empêcher de s’interroger sur ce qu’il adviendra par la suite des ressources qu'il aurait été possible de récupérer,        « si l’on continue d’avoir à faire au même système économique ».

Pour lui, « les ressources risqueraient alors d'être de nouveau dilapidées faute, relève-t-il, d’avoir des institutions capables de créer de la richesse » à la place des appareils administratif et économique actuels, « qui détruisent la richesse ».   

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