Ali Aarrass raconte le calvaire des prisons marocaines

C’est la fin du cauchemar pour Ali Aarrass. Ce quinquagénaire, natif de Melilla et détenteur de la double nationalité maroco-belge, est enfin de retour en Belgique, après avoir subi les pires sévices, 12 années durant, dans les geôles marocaines.

La mésaventure d’Ali Aarrass commence en 2004, lorsqu’il décide de quitter la Belgique, où il résidait depuis 29 ans, pour un retour aux origines, vers sa ville natale, Melilla, cette enclave espagnole proche de la ville marocaine de Nador. Le 1er avril 2008, il est arrêté par les autorités espagnoles. « Les agents de la Guardia Civil m’ont abordé dans la rue, prétextant une infraction au code de la route. Après coup, j’ai compris qu’ils me suivaient depuis longtemps », raconte Ali Aarrass, dans une interview accordée à Maghreb Online. Le soir même, il est présenté devant un juge qui ordonne son transfert vers Madrid, où il sera placé en isolement.  

C’est le célèbre magistrat Baltasar Garzon qui est chargé de statuer sur le sort d’Ali Aarrass, soupçonné de terrorisme. Mais la justice espagnole ne trouve rien de concluant et n’engage aucune poursuite judiciaire contre lui. Pour autant, Ali Aarrass n’est pas libéré et, à la demande des autorités marocaines, il est extradé vers le Maroc en 2009, malgré de nombreuses grèves de la faim et la mobilisation d’Amnety International.  

A Rabat débute le cauchemar

« Qui êtes-vous ? Combien de frères et de sœurs avez-vous ? Où sont cachées les armes ? » Les questions pleuvent tout comme les coups. Pendant ce qu’il lui a semblé être quatre jours, Ali Aarrass subi cet interrogatoire ponctué des pires sévices et humiliations. « La tête plongée dans un seau d’eau, chocs électriques, viols par introduction d’objets… Je ne pouvais plus supporter la douleur. Alors j’ai inventé une histoire. » Malheureusement pour Ali Aarrass, il ne pouvait pas y avoir d’armes au lieu indiqué. Les tortures se sont poursuivies jusqu’à lui arracher une histoire qui ressemble assez à « des aveux », pour permettre aux autorités marocaines de le condamner à 12 ans de prison ferme.

Mais Ali Aarrass continue de clamer son innocence. Avec l’aide de codétenus libérés avant lui, il fait sortir de sa prison, des dessins qui témoignent des tortures qu’il continuait de subir, notamment dans la prison de Salé. Des représailles à cause de la mobilisation internationale menée par sa sœur, depuis la Belgique. Après avoir purgé la totalité de sa peine, Ali Aarrass est finalement libéré alors que le monde est plongé dans la pandémie de Covid 19. A cause de la suspension du trafic aérien, il lui faudra attendre encore 3 mois au Maroc, avant de pouvoir retrouver ses proches et sa vie d’homme libre en Belgique.

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