Le Cnasps dénonce avec "vigueur" la domiciliation de la CAN futsal à Laâyoune occuppée

Le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps) a dénoncé "vigoureusement" dimanche l'aval donné par la confédération africaine du Football (CAF) à la décision de la Fédération royale marocaine du football (FRMF) d’organiser la CAN 2020 de futsal dans la ville de Laâyoune occupée au Sahara Occidental, déplorant "une violation caractérisée des statuts de la CAF, de la FIFA, et du Droit International".

"Les membres du Cnasps ont appris avec consternation et un grand étonnement la validation par la CAF de la décision de la FRMF d'organiser du 28 janvier au 05 Février 2020 un tournoi africain de futsal dans la ville de Laâyoune occupée au Sahara Occidental", s'indigne le Comité dans un communiqué.

"La faute du président de la CAF Ahmed Ahmed est de couvrir, sinon être complice d'une politisation outrancière des événements sportifs de son organisation panafricaine", ajoute le Cnasps, qui rappelle au passage les affinités du patron du foot africain avec le président de la FRMF, Faouzi Lakjaa.

Pour le Comité, "le président Ahmed Ahmed s'est prêté à une manœuvre politique lamentable, et s'est rendu coupable, par cette dérive gravissime d'une injustice flagrante à l'encontre du peuple sahraoui", affirmant que si la CAF "persiste dans cette décision grave" elle va se "déshonorer, et s'engouffrer dans une spirale dangereuse aux conséquences incalculables, pouvant même provoquer sa propre désintégration".

Le Cnasps appelle à corriger la décision de la CAF pour "éviter d’introduire dans les rouages de l'organisation continentale ce poison qui est la politisation, qui ne fera qu'entrainer des clivages dangereux pour l'Unité africaine".

" Est-ce le but recherché par le Maroc ? La CAF devra-t-elle l'y aider ?", s'interroge le Comité qui exige l'annulation pure et simple de cette décision, et la délocalisation du tournoi en question dans une ville réellement marocaine, ou ailleurs.

Il souligne que l'organisation de ce tournoi est "indiscutablement illégale au regard des statuts de la CAF, du Droit International, et de la Charte de l'Union africaine, qui réunit les pays membres de la CAF, et en totale contradiction avec l'éthique sportive".

"Faute de quoi, à l'instar de toutes les institutions gouvernementales et non-gouvernementales, de toutes les Ong sur tous les continents, de tous les espaces parlementaires, les membres du Cnasps s'autoriseront toutes les démarches idoines, et useront de tous les recours possibles pour corriger cette ubuesque situation, qui lèse de façon inacceptable les droits du peuple sahraoui".

Précisant que "les frontières officielles du Maroc sont celles enregistrées au niveau des Nations unies", le Cnasps rappelle "qu’aucun pays au Monde ne reconnait la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental, et que la Cour internationale de justice en 1976 déjà, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) en 2016 et 2018, et les services juridiques de l‘Union africaine ont tranché cette question en déclarant que le Maroc et le Sahara Occidental sont deux territoires distincts et clairement séparés".

Le Comité précise encore que "l’objectif politique de la manœuvre fallacieuse de la FRMF, aux ordres du Palais royal marocain et du Makhzen, est évident: Il vise à la normalisation de son occupation du Sahara occidental, et à placer la communauté internationale devant le fait accompli après l’organisation tonitruante et de villégiature des fora Crans Montana à Dakhla, adossée à de généreuses distributions de chèques, après l’ouverture à grands renforts médiatiques de consulats de la Gambie et des Comores toujours à Dakhla".

"Pourquoi faire ? y a-t-il des résidents gambiens ou comoriens en nombre au Sahara occidental dont la présence nécessiterait une couverture consulaire. Voila aujourd'hui la décision de déroulement d'un événement sportif international à Laâyoune occupée", s'interroge encore le Comité précisant que "le Maroc, par une politique de faits et d'événements successifs, cherche à avaliser et à banaliser sa présence de colonisateur au Sahara occidental, foulant aux pieds les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unis".

L'aval donné par la CAF au Maroc a suscité une vague d'indignation et une vive opposition en Afrique. La Fédération sud-africaine de football (SAFA) a annoncé le retrait de son équipe nationale de ce rendez-vous continental.

"la SAFA a décidé de déclarer forfait (...) car le Maroc persiste à organiser le tournoi à Laâyoune, qui se situe dans le Sahara occidental occupé", indique un communiqué de la Fédération sud africaine. De son côté, l'Algérie, à travers sa fédération de football (FAF), a dénoncé cette domiciliation auprès de la CAF, exprimant également son entière "opposition".

La FAF a appelé la CAF à reconsidérer la domiciliation de cet événement dans cette ville occupée par le Maroc, et à suivre la voie de la légalité internationale, qui lève toute équivoque sur la nature du conflit au Sahara Occidental dont le dossier est traité par les organes de l’ONU comme "une question de décolonisation".

APS