Message du président de la République à l'occasion de la journée internationale de la femme

Le président de la République Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message à l'occasion de la célébration de la journée internationale de la femme. En voici le texte intégral:

  "Mesdames,

Les peuples du monde entier fêtent tous les ans la Journée mondiale de la femme comme un événement saillant. Cette année, le peuple algérien la célèbre dans le contexte des grandes mutations que connaît notre pays et auxquelles la femme a apporté son concours à tous les niveaux avec un effort matériel et moral remarquable.

  J'ai veillé au cours des précédentes années à partager cette fête, celle de tout le peuple algérien, par égard pour la femme algérienne qui a eu le mérite de contribuer au recouvrement de la liberté et de la souveraineté de notre pays, mais aussi par souci d'œuvrer sans relâche à l'élimination progressive des conséquences fâcheuses du colonialisme inique et obscurantiste qui n'ont pas épargné les femmes et leurs droits.

Il n'est pas aisé de venir à bout de ces accumulations et de changer les mentalités et les comportements qui ont retardé le développement de la société en occultant la complémentarité entre l'homme et la femme et en consacrant la différenciation entre les deux. C'est pourquoi nous nous employons sereinement, depuis des années, à corriger cette situation  et à éliminer les déséquilibres au sein de la société afin de lui permettre de s'émanciper avec toutes ses composantes sans aucune distinction entre l'homme et la femme hormis celles établies sur la base de la compétence et de nos références spirituelles.

Il va sans dire que, du point de vue religieux, l'islam, dans sa lettre comme dans son esprit, dans la doctrine comme dans la jurisprudence, garantit la dignité de l'être humain, homme et femme et veille à son émancipation et à la consécration de ses droits matériels et moraux. 

Certes, plus d'une loi positive ainsi que d'autres efforts de jurisprudence ont évolué à travers l'histoire dans le sens de la mise place d'un système de valeurs intégré pour éliminer la discrimination en faveur du progrès, ce qui a rétabli la femme dans certains de ses droits et l'a dotée des moyens d'accomplir sa mission aux cotés de l'homme. Toutefois, ce n'est pas exagérer que de dire que dans notre religion, dans la tradition de notre prophète et dans la conduite de nos prédécesseurs et de nos érudits ulémas, des perspectives plus vastes sont offertes à la femme dont les droits sont consacrés dans leur plénitude.

Par conséquent, il serait vain de tenter, comme le font certains,  d'attribuer à nos référents spirituels et à notre civilisation, les dérives et les retards enregistrés dans bon nombre de sociétés, y compris la nôtre hélas. Il s'agit de thèses contraires à nos références religieuses et à nos principes constitutionnels et les battre en brèche s'impose aujourd'hui comme un impératif. 

J'ai toujours veillé, depuis que j'ai pris mes responsabilités à la tête du pays, à reconsidérer la place de la femme au sein de notre société sur les plans législatif, exécutif, judiciaire et professionnel et bien d'autres.

Ainsi, la femme s'est distinguée, dans les villes et dans les campagnes et aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, grâce à la volonté de Dieu et à la prise de conscience de la société, comme un acteur efficient et incontournable sur tous les plans, au même titre que l'homme.

A la faveur de cette démarche, la femme occupe, aujourd'hui, la place qui lui revient dans les secteurs de l'éducation, de l'enseignement, de la justice et dans l'administration ainsi qu'au sein des instances élues et diplomatiques et dans le gouvernement.

Cependant des entraves objectives, ont fait que nous n'avons pas encore réalisé tous les objectifs que nous nous sommes assignés. 

Mesdames, 

Les grandes réformes que nous avons engagées dans des secteurs sensibles, parallèlement à notre démarche pour la construction d'une économie productive tout en assurant les besoins essentiels de la population, et en poursuivant la réalisation des infrastructures de base nécessaires, ont pris forme malgré des faiblesses et des carences, et sous-tendent aujourd'hui nos efforts visant à faire face à la crise économique mondiale. 

Convaincus que l'œuvre de relance et de renouveau ne pouvait reposer sur un seul élément, nous avons mené graduellement ces réformes, à travers une série de mesures décisives pour consolider l'Etat de droit, au profit de toutes les franges de notre société, et pour éliminer les obstacles qui entravaient, jusqu'à un passé récent, la marche de notre société vers la modernité et le développement.

Dans le cadre de cette approche prospective que doit adopter l'Algérie pour répondre aux attentes des générations successives, l'Etat a proposé une révision de la Constitution, en impliquant toutes les catégories de la société à travers des larges consultations et une critique constructive pour constituer une référence, pour tout un chacun, dans le traitement de toutes les questions, y compris celles inhérentes aux relations entre les différentes catégories de la société, à la gouvernance, à la répartition des responsabilités, à la séparation des pouvoirs outre les différents autres aspects qui fondent l'Etat.

Nous sommes convaincus que notre constitution amendée offre à tous, pouvoir et opposition, hommes et femmes, un socle solide pour un projet de gouvernance dans le cadre de l'Etat de droit qui garantit les libertés fondamentales, détermine les responsabilités, les droits et les devoirs, et où la loi s'applique en toute transparence au sein d'un système social aux contours et objectifs bien définis.

Nul doute que la révision constitutionnelle consacre un nouveau saut qualitatif en faveur de la femme en matière d'emploi et d'accès aux postes de responsabilité, un progrès qu'il convient de traduire dans les faits pour parachever le renouveau de la Nation.

Mesdames,

A l'occasion de la 5ème assemblée générale africaine sur le rôle des organes de sécurité pour mettre fin aux violence faites aux femmes et aux filles qu'abrite l'Algérie, je lance un appel franc et direct aux instances qualifiées pour les inviter à reconsidérer les réserves de l'Algérie concernant certains articles de la Convention internationale de lutte contre toute forme de discrimination à l'égard des femmes, par rapport aux acquis que nous avons réalisés pour la promotion et la protection des droits de la femme et ce dans le respect de notre référence religieuse.

Nous sommes fiers de la contribution de notre pays au plan d'action exécutif sur la "femme, la sécurité et la paix" dans le cadre de la Ligue des Etats arabes en collaboration avec l'Organisation des Nations unies.

Chères sœurs,

 Avant de conclure, je voudrais évoquer avec vous la situation dans pays et ce, pour vous dire combien votre rôle est important dans son histoire et son avenir.

En effet, la femme algérienne a été aux premières lignes dans le combat pour le recouvrement de la liberté et l'indépendance. Elle a été aussi pendant longtemps à l'avant garde de l'édification de l'Algérie indépendante et nul ne pourra nier sa résistance héroïque durant la tragédie nationale afin que l'Algérie reste forte et digne.

Nous ne pouvons que nous enorgueillir du travail accompli depuis plus d'une décennie en faveur de la consécration de la place de la femme non seulement à travers les textes de loi mais aussi au sein de notre société à tous les plans, depuis l'école aux plus hauts niveaux de la responsabilité dans les rouages de l'Etat. Ceci m'amène à interpeller les Algériennes en ces moments où notre pays est confronté à des défis majeurs dont je ne citerai que trois. 

Le premier défi qui interpelle le peuple algérien tout entier et nos mères en premier lieu, est celui de protéger, par l'éducation et l'instruction, les générations montantes qui cristallisent toutes nos espérances et que nous devons prémunir des fléaux sociaux et le dénuement moral pour qu'elles soient le pilier de l'Algérie de demain".

En second lieu, la femme doit continuer à jouer son rôle dans la sensibilisation de la société et à s'impliquer dans la sauvegarde de la sécurité de l'Algérie face aux crises qui secouent notre région et des dangers qui la menacent chaque jour davantage.

Dans ce contexte, nous rendons hommage à l'Armée nationale populaire, digne héritière de l'Armée de libération nationale, et aux divers corps de sécurité de notre pays qui veillent à la sécurité du territoire national par leur déploiement aux frontières. Mais il va sans dire que le peuple avec ses différentes composantes doit prendre conscience de la complexité du moment et redoubler de vigilance pour la défense de la patrie et de sa liberté. 

Le troisième défi dont je dois vous parler chères soeurs, concerne la la poursuite du processus de développement économique et la sauvegarde de nos choix en termes de justice sociale et de solidarité nationale dans ce contexte marqué par une situation difficile des revenus du pays consécutive à une chute fulgurante des prix du pétrole sur le marché mondial.

Les Algériens, hommes et femmes sont appelés à relever ce défi et à redoubler d'efforts pour mettre à profit toutes les capacités nationales afin que le pays dépasse, sans dommages, cette crise conjoncturelle et créer un retournement de situation propice à l'édification d'une économie plus compétitive et apte à mener l'inévitable bataille de la mondialisation.